Jerome EMERIAU 2014 - www.jemeriau.com

Notre système de santé est malade !

Jerome EMERIAU 2014 - www.jemeriau.comSi notre système de santé était, il y a peu encore, décrit comme l’un des meilleurs au monde, une réalité bien différente est apparue depuis quelques années.

Que nous soyons riches ou pauvres, nous ne sommes hélas plus égaux devant l’accès aux soins. Car, ne nous voilons pas la face, force est de constater que de plus en plus de Français renoncent aujourd’hui aux soins, dentaires, optiques, et même de premiers recours, pour des raisons financières, les catégories les plus touchées étant les étudiants, les familles à faibles ressources mais supérieures au barème de l’attribution de la CMU, les seniors. C’est ainsi toute une catégorie de personnes à la limite de la précarité qui n’a plus accès à certains soins.

Si la plupart peuvent bénéficier de la CMU, certains se voient parfois refuser l’accès aux soins dans  des cabinets médicaux libéraux dont la pratique s’oppose non seulement à la loi mais aussi au serment d’Hippocrate, cela en toute hypocrisie (fixation de rendez-vous a plusieurs semaines, orientation vers un autre praticien…etc.).

Les difficultés et les renoncements aux soins sont encore amplifiés par l’impossibilité financière d’accéder à une assurance ou mutuelle complémentaire. Lorsque cela s’avère quasi indispensable, certains n’hésitent pas à se tourner vers des crédits, souvent renouvelables à des taux usuriers, ou à solliciter l’attribution d’aides d’urgence à leur mairie, leur CCAS.

Autre problème : la désertification médicale. Celle-ci existe non seulement en province mais aussi dans la région parisienne, en Seine st Denis, dans l’Oise, en Seine Marne par exemple. Même sur ma ville d’Alfortville, sur tout un quartier, ne restent plus que trois médecins pour une population d’environ 18 000 habitants ! Les communes essaient parfois de palier à ce manque soit en se tournant vers le recrutement de médecins étrangers, soit en aidant à l’implantation de médecins, soit en aidant à la création de maisons médicales ou encore en créant des centre municipaux de santé. Des centres municipaux de santé qui sont les premiers remparts pour un accès aux soins de qualités pour tous.

Mais quel parcours du combattant entre les demandes de financement et de subvention auprès des ARS qui bien répondent bien souvent qu’elles sont consciente du problème mais qu’elles ne peuvent pas grand-chose en insistant tout de même sur la nécessité de monter un dossier.

Sur un autre plan, que dire de la ruine des hôpitaux publics ?

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy, à travers Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, avait fait voter la loi HPST et installer le régime de tarification, la T2A, aux hôpitaux publics avec les mêmes tarifs que ceux des cliniques privées.

Mais la mission de l’hôpital public n’est-elle pas d’accueillir toutes les populations, précaires ou non, de soigner toutes les pathologies, même les plus lourdes, alors que les établissements privés sélectionnent souvent les activités lucratives ?

Cherchez l’erreur…D’où une situation exsangue des hôpitaux, des services d’urgences qui débordent, manque de personnels, fermetures de lits…Au nom de quoi, de la rentabilité ! Mais de quelle rentabilité s’agit-il ? Le domaine de la santé ne peut être rentable, tout le monde le sait. Que les hôpitaux soient peut être mieux gérés, soit, mais pas dans ces conditions ni sous les dictats des ARS.

Le projet de la ministre de la Santé Marisol Touraine, de la future Loi de Santé Publique, semble s’orienter vers une loi Bachelot bis puisqu’il n’y a eu concertation ni avec les parlementaires, ni avec les acteurs du monde de la santé, pas même ceux des hôpitaux. Cette loi ne fera surement qu’accroitre les difficultés de l’hôpital public.

Et ne parlons pas de la politique de prévention. Un seul exemple : la quasi suppression de la prévention buccodentaire à l’école (opération M T dent qui avait pour but de déceler les caries chez les enfants scolarisés à partir de 6 ans et de permettre la prise en charge totale d’une visite chez le dentiste) pour trois ans dès cette année. Seules quelques classes ZEP – 10 environ par département – pourraient encore bénéficier de cette action. Et la liste à la Prévert pourrait continuer…

Apres l’élection de François Hollande, nous aurions pu penser à une abrogation de la loi HPST ainsi qu’à une organisation d’états généraux de la santé débouchant sur une nouvelle loi de Santé Publique. Hélas, non, il n’en est rien.

En conclusion, nous devons être force de propositions d’autres moyens de financement pour accroitre les recettes de la SS et défendre à tout prix notre système de santé et de protection sociale égalitaire pour tous.

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Commentaires

2 réponses

  1. j’approuve totalement ce que vous écrivez sur le système de santé; la protection de note système social devrait être au coeur des propositions du MdP, car c’est bien une menace qui pèse sur ce système tout entier, qui est rogné peu à peu, « sans en avoir l’air »;
    Voudrait-on « normaliser » les systèmes en Europe, en nivelant par le bas, la protection des citoyens?
    C’est pourtant notre système social qui représente un vrai progrès social qui devrait servir d’exemple aux autres pays d’Europe et non l’inverse.

  2. Je souscris à vos propos. La santé , la défense de la santé doit faire partie des combats majeurs actuels et futures. Si l’on est pas vigilant le patient disparaiterait et cederait la place au client de la santé, totalement inadmissible!

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