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Loi Mobilité – Une loi sans grande ambition

Intervention de Sébastien NADOT

C’est vrai, on part de très loin mais que de lacunes et d’occasions manquées.

Ce texte est minimaliste, témoigne d’un manque d’ambition, d’un manque de confiance dans les territoires, et ne permettra pas d’atteindre ses propres objectifs, ceux fixés par la feuille de route en conseil des ministres du 26 novembre 2018.

Pour mémoire le premier objectif était de répondre au :

« manque de solutions dans de nombreux territoires, qui entretient un sentiment d’assignation à résidence »

Je viens d’une circonscription péri-urbaine et rurale du sud toulousain.
La fracture territoriale est là.

Qu’y a-t-il dans ce texte pour les petites gens sur ces territoires, gilets jaunes ou pas, qui facilitera leur mobilité ? Rien. Ou pas grand chose à part peut être sur le co-voiturage.

Le prix du carburant, les embouteillages resteront leur quotidien.

Les nouvelles Autorités Organisatrices de Mobilités auront beau veiller à l’existence de services d’information multimodale sur les transports, si ces transports n’existent pas ou sont mal organisés, qu’est ce qui se passe ? Qui organise ? C’est toujours flou !

Le deuxième objectif se rapportait, je cite, à :

« l’urgence environnementale et climatique, qui appelle à changer nos comportements »

Et là, de deux choses l’une, soit il y a urgence et il faut changer de comportement, soit cet objectif est pur affichage.

S’il y a urgence : le Forfait mobilité pour les entreprises doit être obligatoire.
Incitative cette mesure est positive – et c’est une très bonne chose que cette mesure concerne aussi bien le secteur privé que la fonction publique
Mais le changement culturel requiert que tout le monde s’y mette !

La réponse à l’urgence climatique est systémique, et ne pas contraindre les acteurs économiques à jouer le jeu, risque en conséquence de paralyser les bonnes réponses du système !

J’en veux pour preuve également cette frilosité à envisager que moins d’avions volent quand le train peut s’y substituer raisonnablement.

Le troisième objectif consistait à dépasser :

« les impasses d’une politique d’infrastructures tournée vers les grands projets et non financée depuis des décennies »

Je suis bien placé pour en parler. Voilà 30 ans de promesses non tenues pour relier Paris à Toulouse en TGV.

Comment ne pas répondre à cet aménagement indispensable du territoire de la France métropolitaine ? Bon sang, regardez une carte !!!

Le géographe Jean-François Gravier publiait en 1947 un ouvrage intitulé Paris et le désert français qui regardait la macrocéphalie parisienne nuire à tout le reste. 70 ans plus tard, nous en sommes toujours là !

Tout au plus cette loi d’orientation accepte du bout des lèvres que l’Occitanie se débrouille pour trouver les financements nécessaire à ses nouvelles lignes. Vous êtes grands seigneurs ! Et que de temps perdu encore…

Et voici le dernier objectifs que vous vous étiez promis d’atteindre :

« une révolution de l’innovation et des pratiques, qui constitue une formidable opportunité ».

Et là, les bras m’en tombent. Le véhicule autonome, enfin celui sans chauffeur, serait la solution miracle. Mais on s’en moque que les véhicules soient autonomes ! Ce sont les gens qui ont besoin de l’être dans leurs transports.

Et pour ça : vous vous apprêtez à rater 3 marches :

– la solution individuelle, le vélo.
Les promesses budgétaires du plan vélo seront-elles tenues ? Rien de clair dans cette loi, rendez vous pour les projets de loi de finances des 7 prochaines années !

– La solution collective la meilleur : le train. Où est le plan train ?
Train de nuit, train qui prend les vélos, trains pour les petits villages, train qui va vite, train en bon état, train à l’heure, train plutôt qu’avion, train qui met les camions sur les rails plutôt que sur les routes… et si vous êtes toujours accroc à l’innovation, train hyper loop qui fait Paris Toulouse en 50 minutes : pourquoi ne pas repenser une filière industrielle du train !

– Enfin, je voudrais terminer par l’essentiel.
Cette mobilité du quotidien peut assigner à résidence, vous en êtes conscients, le manque d’ambition concernant la mobilité des personnes avec handicap est symptomatique de ce texte.

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