A quelques jours du dépôt des listes de candidatures aux élections régionales, les ponts apparaissent rompus. Vous le savez, de votre seul fait, celui du prince sans doute.
Plutôt que le dialogue vous avez choisi l’indifférence vis à vis d’un partenaire que l’on sait loyal. Aucune réponse, téléphonée, mailée… donc aucun accord n’a été paraphé.
Ainsi, malgré votre difficulté à rassembler autour de vous vos partenaires naturels, le mouvement des Progressistes, présidé par Robert Hue ne sera pas présent sur votre liste dans cette nouvelle grande région Aquitaine Limousin Poitou Charente.
Pourtant, notre mouvement qui depuis les présidentielles a toujours affirmé sa volonté de voir l’expérience gouvernementale réussir, était en discussion depuis cet été avec vos instances départementales et régionales. Nous étions, parce que c’est un des fondements de notre mouvement, dans la volonté de nous inscrire dans une démarche de construction d’un rassemblement des forces de gauche dès le premier tour, avec le souci de ne pas courir le moindre danger face à une droite revancharde affublée d’un FN fort d’une nouvelle progression de l’abstention.
A l’aune de nos forces, le mouvement des Progressistes proposait une représentation équitable et modeste avec trois places éligibles pérennes sur les 183 conseillers présents sur la liste pour l’ensemble de la région, ainsi qu’une implication effective dans l’exécutif régional.
Depuis septembre, le PS dans chaque département composant la grande région a présenté ses colistiers sans jamais prendre en compte les propositions qui vous avaient été faites et il y a maintenant un mois, sur les bords de la Garonne, vous avez bouclé votre présentation par les candidats de la Gironde parmi lesquels, bien sûr, toujours aucun représentant du mdP.
Votre refus de voir des représentants progressistes sur votre liste vous appartient mais la politesse, le savoir-être et le savoir-vivre méritaient tout au moins de les en informer officiellement, par respect de notre mouvement, de son président que vous avez rencontré et des personnes ayant eu des rendez-vous avec vos instances à Bordeaux.
Vous vous êtes moqué de nous et nous avez condamnés à regarder passer les gabares de la Loire à la Garonne en passant par la Charente et la Dordogne, nous y baladant depuis cinq mois !
Alors que le Parti Socialiste légitimement inquiet des résultats nationaux à venir vient d’initier un référendum populaire pour revendiquer le rassemblement de toute la gauche dès le premier tour, fort de votre certitude régionale vous invalidez et contredisez, de fait, la nature cette initiative nationale. Une fois de plus on contribue à écarter davantage le citoyen du politique qui fait pourtant mine de s’en étonner.
En 2015, comme en 2010, vous êtes sûr de votre fait.
C’est oublier à peu de frais que la situation politique n’est plus vraiment la même. Les réussites, les auras, les assises personnelles et collectives ne sauraient devenir des fusils à un coup servant à franchir au mieux une nouvelle échéance électorale.
Comme partout ailleurs, les citoyens de notre grande région s’interrogent sur les capacités de la gauche à être mieux utile, plus efficace et respectueuse de ses engagements et face à cette réalité les victoires personnelles comme celles d’un parti dominant ne peuvent être que ponctuelles.
Sans doute, Monsieur le Président, allez-vous prendre cette réaction comme un épiphénomène provenant d’un partenaire certes en construction et pour autant loyal ! Mais en ce moment de grande défiance populaire, votre choix relève d’une certaine suffisance, d’une hégémonie dépassée et surtout d’une sous-estimation des ruptures citoyennes en cours.
Peut-être le savez-vous, Robert Hue a dernièrement interpellé Jean Christophe Cambadelis pour l’alerter sur de tels comportements : envisager l’alliance populaire que vous appelez de vos vœux, par le dédain vis à vis des partenaires là où l’on pense l’emporter ou leur laisser la portion congrue sur les listes pour sauver le plus de meubles socialistes possibles là où la défaite est envisagée, relève plus du sauve-qui-peut que d’une nouvelle offre politique.
Ainsi, au-delà de votre liste en Aquitaine Limousin Poitou Charente, par votre choix de renfermement sur vous-mêmes, négligeant, de manière totalement méprisante, l’apport des partenaires de votre majorité présidentielle, et par le caractère national que revêtent ces élections, vous vous rendez responsable de la ruine de la gauche toute entière, voie que nous ne pouvons soutenir et dans laquelle nous ne pouvons nous inscrire tant elle est mortifère.
Cette adresse sera rendue publique et diffusée sur les réseaux sociaux.
Sentiments progressistes
Les militants du mouvement des Progressistes, candidats et responsables, du mdP régional