Monsieur le maire, chers collègues,
Il y a quelques semaines, le candidat que vous étiez aux élections municipales s’adressant aux employés municipaux écrivait, je vous cite, « Vous en avez assez des injustices, des complaisances et des incohérences dans le management quotidien, dans les promotions ou les embauches. » « Je rétablirai l’écoute et le dialogue, la justice, la paix, la sérénité, le professionnalisme dans la gestion des personnels. »
Il aura fallut quelques semaines pour que ces mots ne soient plus qu’une phrase de propagande électorale jetée au rang des promesses qui n’engageaient que ceux et celles qui y croyaient.
Nous voici donc ce soir face à des délibérations qui consacrent nos craintes en matière de personnel municipal. Depuis plusieurs semaines, une chasse aux sorcières méticuleusement organisée s’est mise en place dans l’appareil municipal et para-municipal. En effet, le personnel du CCAS n’ échappe pas aux pressions et aux convocations.
De nombreux agents de la ville sont aujourd’hui maltraités, convoqués, sommés de déguerpir, mutés arbitrairement sur des postes ne correspondant pas à leur grade.
Tous ceux qui ont manifesté une autre préférence que la votre dans l’expression de leur citoyenneté, sans que leur opinion n’ait été mise en exergue dans l’exercice de leur mission professionnelle, sont néanmoins mis sur la touche. Parallèlement, nous assistons à des promotions fulgurantes allant jusqu’à des augmentations de salaire de plus de 70%. Sans doute des talents méconnus !
Les contractuels sont dans de nombreux cas non renouvellés, sans préavis, et sans explication, après un entretien rapide pour dire que les moyens ne permettent pas la poursuite de leur contrat.
Les cadres sont bafoués dans leur rôle, mis à l’écart des décisions et des informations. Certains ancien cadres et directeurs, qui travaillaient sous votre mandature, nous ont même fait savoir qu’ils avaient été appelés pour remplacer ceux encore en place !
La méthode est bien loin des articles de la charte que vous avez signée : Là encore, je vous cite :
Article 13 :
Les élus s’engagent à ne jamais exercer une quelconque pression sur le personnel municipal et les associations en fonction de leurs options politiques, religieuses ou philosophiques.
Article 2 :
Les élus s’engagent, dans le cadre des délégations qui leur sont confiées par le Maire, à veiller à ce que les agents, fonctionnaires ou contractuels, recrutés par les services municipaux, ne le soient qu’en vertu de leurs seuls mérites et compétences professionnelles, et non en fonction de leur appartenance à un parti, à un syndicat, à une association ou sur des considérations personnelles, religieuses ou familiales.
Le personnel et les citoyens apprécieront la valeur de cette charte qui sans doute n’avait qu’une visée électoraliste, bien loin des valeurs du service public au service de tous les publics. Chacun prendra acte aussi de votre vision de la compétence.
C’est donc une collectivité désormais régie au gré des affinités politiques dont les directions de ressources humaines se situent au troisième étage et où régents et régente décident du sort des vassaux….Certes, à vol d oiseau Versailles n’est pas loin, mais Louis XVI a mal fini !
Vous ecriviez vouloir rétablir la sérénité. Outre que les argenteuillais dans leur ensemble ne vous avez pas attendu pour partager avec harmonie, travail et loisirs, la vie de notre cité, à peine en place vous créez un climat de peur, d’angoisse et de chasse aux sorcières. C’est à ce prix que vous achetez des silences dans la souffrance…Pour nombre d’entre nous, cela éveille quelques souvenirs de la période 2001/2000.
Mais outre les aspects moraux inacceptables qui consistent à dresser les uns contre les autres, il y a un caractère légal inacceptable.
Le premier point est le non respect de la légalité, pour lequel vous vous êtes fait récemment épingler par les syndicats et que nous soulignons ce soir…
Les préavis d’un mois ne sont même pas respectés pour mettre fin au contrat et informer du non renouvellement. Ce sont pourtant les textes, la législation en vigueur.Un des fondamentaux du code du travail ! Pour qualifier de tels actes, on oscille entre ignorance et mépris, à moins que ce ne fusse les deux.
Vous supprimez ce soir des postes et vous en créez de nouveau sans même avoir réuni l’instance obligatoire, le comité technique paritaire ! Comment pourrions nous accepter et cautionner d’enfreindre ainsi les règles fondamentales qui régissent les obligations de la collectivité ?
Enfin, vous parlez de coût mais avez vous dit aux argenteuillais que les fins de contrats massifs aujourd’hui organisés par vos soins, au prétexte d’économies sont extrêmement coûteux ? Leur avez vous dit que nombreux contractuels percevront de la municipalité des indemnités de perte d’emploi durant deux ans…Du reste, dès le vote du budget, vous avez anticipé votre démarche de fin de contrat massive en provisionnant 1 million d’euros, soit le double de nos dépenses.
Enfin, nous disons solennellement ce soir au argenteuillais qui pourraient se laisser séduire par de supposées économies sur le personnel :
Y a-t-il trop de service public à Argenteuil ? Pensez vous sérieusement qu’il y a trop d agents administratif à l’état civil, d’ATSEM dans les écoles, de travailleurs sociaux au CCAS, d’éducateurs sportifs, de gardiens d’école, de policiers municipaux, d’agents dans les maisons de quartier, de médecins dans les centres municipaux de santé, d’agents au service culturel, d’assistantes maternelles de crèches familiales, d’agents des services techniques ?
La vérité est que cette ville à besoin de services de proximité, de service public et qu’il n’y avait personne de trop…On ne peut pas tricher avec ça et, ce soir, ce que vous révélez dans ces délibérations, c’est votre approche, celle que nous avons déjà connue et combattue..une approche où l’on sacrifie des pans entiers de services publics municipaux en abandonnant des politiques comme vous l’aviez fait avec le service de l’habitat, comme vous l’aviez fait en rejetant à d’autres la responsabilité des SDF, en privatisant le comité des œuvres sociales…Ce soir, vous livrez un aperçu de ce que sera votre politique…Une politique de droite qui détruit peu à peu les services publics. Cette politique que vous avez soutenue durant tout le quinquennat du président Sarkozy qui a détruit des milliers de postes d’enseignants, des milliers de postes d infirmiers, fermé les bureaux de postes, les centre de sécurité sociale…
Ça n’a pas été notre choix, ce n’est toujours pas notre choix. Et nous l’assumons, que dis-je, nous le revendiquons.
Nous vous remercions de ces délibérations qui permettent de poser clairement nos divergences de conception de la société. Nous combattons fermement votre choix de réduire l’emploi public municipal, de privatiser selon toute vraisemblance une partie de cet emploi public (puisque vous l’aviez déjà fait), de sélectionner les agents de la ville sur d’autres critères que leur compétence et, bien entendu, nous voterons contre les délibérations.