Pour l’instant il n’y parvient pas. Est-ce seulement sa volonté ? Devant des résultats électoraux perçus comme une droitisation de notre société et les difficultés du gouvernement à répondre aux besoins sociaux et notamment au défi de l’emploi, il se pose en garant de l’unité nationale. Pas sur que cela suffise à convaincre.
Les initiatives du Président de la République répondent à une volonté personnelle mais touchent à la vie collective. Quand les stratégies d’un homme supplantent l’efficacité et l’utilité de la fonction, on aggrave des ruptures déjà béantes entre le citoyen et le politique. Confondre stratégie politicienne et utilité politique est un coup porté au débat de fond dont a besoin notre pays.
L’utilité politique consiste-t-elle à travailler à être celui qui affrontera le Front national au second tour de l’élection présidentielle en éliminant le 3e larron de la course ou plutôt à prendre les mesures susceptibles d’empêcher le FN de prospérer sur le terreau d’une Ve République à bout de souffle et d’une Europe inefficace. Se soustraire à la prise des mesures institutionnelles, sociales et anti précarité dont notre pays a besoin revient à jouer un jeu dangereux. Agir sur le terrain des deux adversaires que l’on combat l’est tout autant.
La situation exceptionnelle que traverse notre pays impose autre chose que des réponses circonstancielles basées sur l’émotion et des propositions qui, vis-à-vis de nos partenaires européens et internationaux confrontés comme nous au terrorisme, relèveraient de l’égoïsme.
Les urgences sociales imposent que les progressistes apportent des réponses sortant de sentiers déjà usités. Le courage n’est pas de se fondre dans le moule du politiquement et de l’économiquement correct mais d’être à l’initiative de démarches novatrices. En positionnant l’homme et la planète au dessus de toutes autres contingences. 2017 ne saurait empêcher ce débat nécessaire. C’est pourquoi 2016 devra être le moment d’un rassemblement portant plus sur les perspectives que sur tel ou tel homme.
Tôt ou tard par cela passera par nous affranchir d’une vie institutionnelle et politique axée sur l’élection présidentielle et sur la sacralisation d’une fonction dénaturant la vie démocratique de tout un pays.
Laurent Dumond, Membre de l’exécutif national du mouvement des Progressistes