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Claude Pinon :  » L’outil PCF, c’est fini ! »

Retrouvez chaque semaine les meilleurs moments du Rendez-vous politique France Bleu Bourgogne – La Gazette – Voo TV. Lundi, à 18 h 45, Arnaud Bousquet recevait l’ancien conseiller régional communiste Claude Pinon, aujourd’hui représentant bourguignon du MUP, le Mouvement unitaire progressiste.

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ARNAUD BOUSQUET : Un parti en mouvement, un parti unitaire, un parti progressiste. Trois caractéristiques bien ambitieuses et on va essayer de savoir si le MUP a les moyens de ses ambitions. D’abord, sur l’échiquier politique qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite, où se trouve le MUP ?
Claude Pinon : Nous sommes ailleurs. Voilà. Nous voulons dépasser les partis politiques. Les partis sont dans une impasse et singulièrement ceux de gauche. Au-delà des intentions de vote, 2/3 des interrogés ne font pas confiance au PS pour changer les choses. En ce qui concerne le PC, le Parti de gauche et le NPA, c’est de 82 à 88% ! Donc il y a bien une carence d’avenir et de perspectives. Ce que nous voulons, c’est dépasser les partis. Pas contre eux mais refonder une gauche et dépasser ce clivage entre une gauche dite réformiste et une gauche dite révolutionnaire. Pour l’instant, le MUP ne présente pas de candidats mais les questions que nous posons aujourd’hui vont être d’actualité dans peu de temps. Si le PS perd la présidentielle une nouvelle fois, il implose. S’il la gagne, c’est par défaut. Les gens seront déçus. Quant au Parti communiste, on est sur le déclin. 1,97% en 2007. Il faut quand même se poser des questions de fond. Depuis trente ans, nous ne cessons de reculer. Il faut dépasser tout ça, donner du souffle à la gauche et du contenu.

Votre dernier mandat, celui au conseil régional, vous l’avez obtenu en 2004 sous l’étiquette communiste. Alors aujourd’hui, fin 2010, avez-vous toujours votre carte d’adhérent au PCF ? Peut-on, statutairement, être à la fois au PC et au MUP ?
J’ai ma carte au PCF et dans les statuts du MUP, on peut avoir la double appartenance. Dans le MUP, il y a des socialistes, il y a des Verts. Moi, je suis toujours marxiste et communiste, je n’ai pas changé. Le MUP a vocation à avoir des élus à tous les échelons mais nous n’en sommes pas là. Nous travaillons sur le fond. Nous, nous choisissons nos alliances en fonction du contenu du programme. Par exemple, en 2008 à Dijon, nous n’avons pas dit que nous étions heureux qu’il y ait le MoDem sur la liste, mais le programme de François Rebsamen pour sa deuxième mandature était un bon programme. Voilà pourquoi nous y sommes allés.

Et vous ne pouviez pas faire la même chose aux régionales en 2010 avec François Patriat ?
Ah… aux régionales, c’était plus compliqué. Madame Aubry a serré les boulons. Elle n’a pas voulu d’une ouverture en dehors des contacts parti à parti. Et elle continue pour la présidentielle et les législatives.

Le président du MUP, c’est Robert Hue. Une des dernières fois qu’on l’a vu, c’était à l’été 2009 sur une scène, avec la vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez. Est-ce que ça n’a pas, un tantinet, désorienté votre électorat, cette image symbolique très forte ?
Sans doute que ça interroge à la fois dans notre électorat et chez les militants communistes. C’est normal et c’est fait pour ça. On ne peut pas rester à constater que le PS n’a pas de construction d’avenir et que le Parti communiste est sur le déclin. Sinon, ça veut dire qu’on laisse le champ libre à toutes les droites, y compris l’extrême.

Donc aujourd’hui, décembre 2010, vous dites « ce sont nous les progressistes, et les communistes purs, durs et traditionalistes sont sur le déclin… Le PCF dont on vient de fêter les 90 ans est politiquement mort… »
L’outil PCF, c’est fini. Je respecte les militants communistes y compris les purs et durs. Souvent, quand on est faible, on a tendance au repli. Mais ça n’est pas la solution. Être gardien du temple, c’est fini. Il n’y a plus de temple. Moi j’attends depuis trente ans que ça rebondisse, et ça ne rebondit pas…

Et alors localement, ça donne quoi, Claude Pinon ? Candidatures aux cantonales ? Tickets avec le PS, avec le MoDem, avec le PCF ?
Pour l’instant, on essaie de voir si on peut présenter quelques candidats, sans parachutage. Si nous n’y arrivons pas, nous soutiendrons les candidats de gauche sortants dès le premier tour et au cas par cas ceux qui peuvent l’emporter car le conseil général peut, et je l’espère, basculer.

Que pensez-vous de Jean-Luc Mélenchon ? Parce qu’au fond il est comme vous, il aspire à être une sorte de trait d’union entre les communistes et les socialistes, il est sur le même marché, le même créneau électoral, non ?
Il fait le coucou, notre ami Mélenchon. Il fait son nid avec le Parti communiste pour avoir sa propre structure après 2012. Il faut savoir que Mélenchon est un admirateur inconsidéré de Mitterrand quand même.

Jean-Luc Mélenchon est devenu un redoutable expert des mécanismes de la communication. Il sait ce qu’il faut dire pour passer souvent à la télé. Est-ce que vous êtes d’accord avec un certain nombre de responsables socialistes, comme Manuel Valls, qui préviennent : « Attention ! Arrêtons de dire : Jean-Luc, on le connaît, il est comme ça ! Non ! Ça n’est pas que du folklore. Et ses provocations, sa démagogie, son outrance, c’est aussi dangereux que le Front national »…
Oui, c’est une forme de populisme. Mais il ne faut pas non plus le comparer au Front national, ça n’est pas la même chose. Mais c’est une fuite en avant. Une surenchère à gauche. C’est un front de radicalité contre l’autre gauche qui est le PS. Tout ça pour se faire une place, mais ça ne marche pas. Le Parti communiste a tenté pendant des années de faire ça, s’opposer systématiquement à tout ce que disait le PS. Ça ne lui a pas rapporté un fifrelin cette affaire !

Un article publié dans la Gazette de Côte d’Or du 21 décembre 2010.

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