Dans une situation aussi dégradée, grandes sont les responsabilités des progressistes.

laurentdumond Le président Sarkozy et son gouvernement sont, à bien des égards, légitimement condamnés et décriés. Les critiques dépassent les clivages politiques traditionnels et un immense sentiment d’échec domine le pays. Réformes impopulaires aussi injustes qu’inefficaces, politiques économiques contre productives et succession d’affaires ponctuent et caractérisent la gouvernance Sarkozy. Pour autant, cette réalité ne suffit pas et ne suffira pas, à elle seule, à donner du sens à une véritable alternative.

Je demeure persuadé que si les forces progressistes, dans leur diversité, ne font pas d’efforts sur elles-mêmes et ne s’affranchissent pas de fonctionnements égoïstes, elles ne pourront offrir les changements attendus et espérés.

D’autres que moi l’ont déjà dit et écrit : de multiples initiatives individuelles et collectives touchant à tous les aspects de nos sociétés modernes sont ignorées par les organisations politiques traditionnelles et ne sont pas prises en compte du fait, entre autres choses, d’une bipolarisation politique croissante. De plus en plus de citoyens le ressentent : le déploiement d’alternatives crédibles pour une société plus juste, plus humaine et plus saine n’émergera pas seulement des partis politiques et de leurs appareils trop souvent sclérosants.

J’ai le sentiment que l’antisarkozysme ambiant et les ambitions électorales que procure le désaveu de plus en plus massif ne comblent en rien « l’éloignement citoyen » d’avec l’engagement politique. Le « doute citoyen » vis-à-vis de cet engagement-là persiste. Il est légitime.

La perspective d’une présidentielle qui accapare déjà toutes les attentions et pollue le débat politique nous rappelle les faiblesses de la gauche française. Le rassemblement face à cette droite impopulaire et arrogante est essentiel mais laisse entières les questions de rapports de force qui ont dominé de tout temps l’évolution de la gauche et de son combat contre la droite.

Là encore, l’antisarkozysme ne suffit pas et ne suffira pas à combler les raisons toujours prégnantes de l’échec de 2007 et à oublier le syndrome du 21 avril 2002 et nous ne pouvons oublier que le renouvellement des Conseils généraux et du Sénat précèderont l’échéance présidentielle. En ce sens, l’exigence d’un débat transcendant la pluralité et la diversité de la gauche sociale et politique doit supplanter la seule recherche du « candidat divin » capable de battre le président sortant mais qui contraint toutes les sensibilités, faute d’une autre alternative, à se présenter pour exister.

Les responsabilités des progressistes sont donc grandes. Elles supposent de notre part d’appréhender les échéances électorales à venir en dépassant la notion de « ralliement » et de faire émerger un véritable débat portant sur les axes et les moyens d’une nouvelle politique et d’une nouvelle gouvernance auxquelles les citoyens auront pu contribuer et sur lesquelles ils pourront continuer à peser.

L’engagement unitaire se heurte au poids des habitudes, à la persistance de manières de faire, à la défense de pré carrés et à des tentations hégémoniques dépassées… mais contribuer à la victoire d’une gauche utile parce que rassemblée, porteuse de valeurs de solidarité, écologiques, sociales, pédagogiques et respectueuse des engagements qu’elle aura pris renforce la vocation de notre mouvement.

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