Grève du foot : un symbole de la résistance au changement juste d’un argent-roi qui gangrène les valeurs.

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L’élite des dirigeants des grands clubs de football ont annoncé une grève. Motif ? L’annonce par les députés d’une taxe à 75% pour les très hautes rémunérations, dans le cadre du Budget 2014, et dans un souci d’égalité : contrairement à ce qui est dit, les ménages ne sont donc pas les seuls concernés par l’effort contributif. Or, un club de foot, c’est aujourd’hui une entreprise comme une autre. Et chacun sait que le foot est devenu un lieu où l’on brasse beaucoup d’argent. Ils sont donc justement concernés.  Quelques éléments d’analyse.

L’argent ? Parfois même l’argent sale. Il gangrène tout. Même le sport. Le Football en est un exemple. Il n’est pas le seul. En réalité, l’argent s’intéresse à toutes les disciplines qui attirent le grand public. D’où vient l’argent ? En théorie, de cinq sources principales : la vente de billet pour chaque match, des abonnements pour toute une saison, des droits de télévision pour la diffusion des rencontres, des revenus commerciaux issus des sponsorings, de la vente de produit et marchandises liés au nom du club et de l’utilisation du nom du club et ceux des joueurs pour les campagnes publicitaires. Et aussi de la vente des joueurs eux-mêmes.

L’argent et ces recettes somme toute classiques ne sont pas des phénomènes nouveaux. Le neuf, c’est le sens de l’argent. Il ne s’agit plus de dépenser pour obtenir la gloire ou le plaisir des spectateurs. Le foot est devenue une activité économique comme une autre, avec ses exigences de rentabilité financière et les mêmes règles que celles qui régissent la financiarisation, la spéculation, le caractère irréel de la valeur économique et, par voie de conséquence, engendre les crises. Le football est devenu un business rentable : on est au-delà d’une situation constatée depuis des années faite d’une touche de paternalisme, d’une dose de mécénat, assorties de quelques tricheries ou corruptions. Aujourd’hui, les clubs ont recruté des spécialistes juridiques, des diplômés de la finance internationale, des professionnels du management. Exit les dirigeants bénévoles. Ceux-ci ne subsistent que chez les petits clubs locaux non professionnels. Et encore. Le but est de faire de la rentabilité avec le spectacle. Alors, on investit dans des événements, on monte des équipes en vue  d’attirer des spectateurs mais surtout des téléspectateurs et des sponsors. Le football, c’est aussi désormais la mobilisation de ressources boursières depuis la cotation des grands clubs.

Il y a aussi la tentation des grands clubs, à l’instar des entreprises du CAC 40, de s’organiser entre eux pour garantir leurs ressources. On le voit avec le G 14. L’objectif est d’obtenir des droits particuliers – notamment pour la retransmission télé – en garantissant le maintien au sein d’une élite exemptée des risques ouverts par la nécessité de se qualifier, de rétrograder ou d’élimination prématurée. Une des conséquences est la modification du lien entre le club et son territoire à travers la société anonyme. Transformation aussi des liens entre les joueurs et le collectif. Il existe une industrie des joueurs : former un produit vendable sur le marché. Une équipe ne devient un collectif qu’à la suite d’un processus visant à rassembler des individus en fonction de leurs intérêts négociés. Transformateur aussi du spectateur qui devient consommateur de spectacle. Les lois du marché s’imposent.

Il faut repolitiser le foot. Pas au sens de l’étatisation, ni à celui d’un parti pris idéologique. Mais au sens où il prend en charge les questions de société et leurs évolutions. Pas vers le pire mais vers un souhaitable progressisme porteurs de valeurs humaines. La grève du foot est à la fois un symbole de l’argent roi et de ce qu’il convient de modifier pour le plus grand bonheur des amoureux de ce sport et pour les pratiquants. Notamment les plus jeunes.

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