Inégalités de revenus : un défi pour la gauche !

LOGO-MUP Régulièrement, un scandale financier ou la révélation de la rémunération exorbitante d’un dirigeant d’entreprise met en lumière l’accroissement inquiétant des inégalités sociales dans notre pays.

La semaine dernière, c’est la publication d’un rapport de l’INSEE sur l’évolution des très hauts revenus entre 2004 et 2007 qui a fait grand bruit. Le principal enseignement de cette étude réside dans l’augmentation de 70 % du nombre de personnes gagnant plus de 500000 euros par an.

Sur la période, le 0,01 % le plus riche de la population a vu ses revenus patrimoniaux augmenter de 46 % grâce à la spéculation immobilière, ses revenus exceptionnels[1] (plus-values, levées de stock-options) de 55 %, et ses revenus totaux de 40 % ! Cette tendance confirme l’adoption d’une politique économique favorisant très nettement la rente au détriment de l’activité professionnelle. Ainsi, grâce aux multiples réductions d’impôt et autres niches fiscales, les très hauts revenus ne payent en moyenne que 20 % d’impôt.

Sur un tel sujet, les réactions du personnel politique sont très polarisées :  Tandis que la droite s’en félicite, y voyant le signe de l’attractivité de la France et la juste récompense du risque entrepreneurial, la gauche dénonce l’abîme grandissant entre riches et pauvres ; une injustice social. Les prises de position en faveur d’une augmentation des impôts des contribuables les plus aisés se succèdent, même à droite. Va-t-on en rester là, comme d’habitude, jusqu’au scandale suivant ? Les citoyens attendent des engagements forts et concrets. Et sur ce point comme sur d’autre, ils attendent la gauche.

La gauche a souvent été timorée en matière de programme fiscal, parce qu’elle s’est trop laissée intimider par le chantage des classes dominantes, qui brandissent la menace de leur départ à la moindre évocation d’une hausse de leur contribution au fonctionnement de la République. Elle peut et doit agir en priorité contre les inégalités si elle ambitionne de réaliser une quelconque transformation sociale. Il lui est ensuite indispensable de faire éclater les concentrations de capital et de patrimoine aux mains de quelques happy few pour introduire un minimum de justice sociale et retirer à la rente sa mainmise sur l’économie.

L’inefficacité économique d’une faible imposition des très hauts revenus n’est en effet plus à démontrer. Le bouclier fiscal n’a en rien ralenti l’exil du même nom, ses bénéficiaires n’ont pas davantage investi dans l’économie réelle qu’avant son instauration, et la suppression des droits de succession, qui ne bénéficie là encore qu’à une poignée de familles riches, n’a servi qu’à préserver des patrimoines déjà très conséquents de toute contribution au budget de la collectivité.

La gauche n’a donc pas d’autre choix que de faire preuve de courage et proposer au corps électoral une réforme fiscale de très grande ampleur et qui se donne les moyens de ses ambitions. Elle pourrait par exemple proposer de supprimer les impôts indirects, les niches fiscales, réaffirmer la progressivité de l’impôt en créant de nouvelles tranches, et surtout, en appliquant des taux (jusqu’à 90 %) qui permettent d’amorcer une certaine redistribution des richesses.

Cette réforme devra enfin se donner les moyens de ses ambitions. La collecte de cet impôt plus transparent, à l’assiette élargie et qui limiterait les patrimoines, ne se fera pas sans un minimum de coercition. Pour que la nation bénéficie à plein de ce levier, l’administration fiscale aura certainement à se montrer aussi intraitable qu’avec les contribuables les plus modestes et opérer des réquisitions, des confiscations de biens, et des gels de comptes bancaires. La sortie des diverses crises que nous connaissons passe par là.

[1] Il est à noter que l’étude souligne que ces revenus « exceptionnels » sont bien souvent perçus chaque année par les ménages concernés !

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