Intervention de Jean-Noël CARPENTIER, Député MUP, sur le Traité européen.

carpentier anMonsieur Le Président,

Monsieur le Ministre,

Chers collègues,

Lors de l’élection présidentielle j’ai soutenu, avec le Mouvement Unitaire Progressiste,  les propositions du candidat François Hollande. Ce soutien se prolonge aujourd’hui à l’égard du président de la République à travers l’action du groupe 2RDP auquel j’appartiens. La majorité de ses membres étant favorable à la ratification, je les remercie de m’offrir ici l’occasion d’exprimer ma position qui sera sensiblement différente.

 Mesdames, messieurs, que de travail pour le Président de la République ! Que d’obstacles aussi pour réorienter la construction européenne vers plus de solidarité.

 Il y a d’abord cette crise économique interminable et injuste, qui mine les consciences autant qu’elle contracte la croissance. Les populations de la France et de l’Europe, on le sait, souffrent et s’inquiètent.

Il y a aussi la droite parlementaire qui oublie son bilan et qui, à l’instar des ultras libéraux européens, voudrait toujours plus de rigueur et d’austérité.

Et puis, il y a aussi le terrible chantage, il faut bien le dire, qu’exercent les marchés financiers. Ils ne se résignent pas, ils ne partagent pas et peu importe pour eux que les peuples trinquent !

Voilà, le contexte est là !

Depuis son élection le Président de la République et le premier Ministre ne sont pas restés l’arme aux pieds. Ils ont, avec nous, la majorité, engagé des réformes positives en France ; ils ont aussi, fait de nouvelles propositions à nos partenaires européens.

Malheureusement la proposition d’une Europe plus sociale qui favorise l’entraide plutôt que la concurrence n’est pas encore entrée dans les mœurs ni dans les cœurs des dirigeants actuels de l’Europe : la visée ultralibérale reste prédominante.

Alors c’est vrai la réorientation de l’Europe sera difficile, lente et je le disais semée d’embuches.

Pour autant, grâce, à l’action de la France, des avancées il y en a eu, des avancées il y en a !

Certes le traité n’est pas réécrit, mais il y a le pacte de croissance, le nouveau rôle attribué à la BCE, il y a aussi la taxe sur les transactions financières. Autant de compromis utiles qui modifient si ce n’est dans son essence, du moins dans sa portée, le texte du Traité budgétaire.

Pourtant, ces compromis, de mon point de vue, restent trop largement insuffisants.

Bien sûr,  je partage l’idée de la nécessité d’agir pour la maitrise des déficits publics, mais je constate aussi que la frontière est étroite entre la responsabilité comme impératif recevable, et l’austérité comme injonction péremptoire.

En cela, je souscris toujours aux paroles de François Hollande qui voyait en la finance, et l’austérité qu’elle exige, un adversaire à l’épanouissement des hommes.

Malheureusement, le traité et la loi organique qu’on nous propose d’adopter, poussent à forcer les machines. Au risque, dans la conjoncture, de fragiliser les efforts engagés par notre majorité de gauche, en faveur du redressement du pays dans la justice.

Aussi en cohérence avec mon vote sur la ratification du traité je ne voterai pas non plus cette loi organique. Je m’abstiendrai en tenant compte du contexte que je viens d’évoquer et parce que je fonde toujours autant d’espoir dans notre majorité.

Mon positionnement sur ce texte a donc pour moi la valeur d’une balise sur la route du changement. Cette balise, modeste, rappelle la priorité à gauche.

L’histoire nous a enseigné, à nous la gauche, qu’une fois au pouvoir, il existe des virages dangereux. Ceux-là obligent au mieux à des détours périlleux ; au pire à des déviations faisant perdre de vue l’objectif visé, en l’occurrence le changement pour améliorer la vie des gens.

C’est donc pour toutes ces raisons, chers collègues, que sans voter ce texte, je maintiens ma confiance à notre majorité.

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