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Intervention d’Ivan Renar, Président de l’orchestre national de Lille, Sénateur honoraire et chargé des questions culturelles au MUP.

irenarLe 9 janvier dernier eu lieu l’inauguration du nouvel auditorium de l’Orchestre national de Lille.

Voici l’intervention prononcée par Ivan RENAR, président de l’orchestre national de Lille, sénateur honoraire et chargé des questions culturelles au MUP.

(Extraits)

Notre Orchestre, Votre Orchestre, entend ces mutations et entend y répondre dans tous les domaines.

La première préoccupation reste celle de la relation avec les publics, ceux qui sont acquis et ceux qui restent à conquérir.

L’Orchestre participe aussi à la vitalité de la région. Il n’est pas que dépense, il est source de richesse culturelle, mais aussi économique.

A notre époque, unir dans le même souci le culturel, l’économique et le social, n’est-ce pas là une bonne façon de considérer l’être humain dans toute sa dimension ?

Et pourquoi chacun des habitants d’une région comme la nôtre n’aurait-il pas le droit au meilleur de ce qu’est capable de créer l’Homme : dans le domaine des arts, de l’industrie, comme dans celui des sciences ou de la médecine par exemple ?

Le mot-clé, c’est le partage, sous ses formes les plus multiples. C’est pourquoi, je pense qu’il n’y aura jamais trop de musiciens, trop de formations musicales dans notre pays, en Europe, dans le monde.

Comme il n’y aura jamais trop de sentinelles sur les lignes de front de l’obscurantisme et de la barbarie : « ouvrons des lieux de culture, nous délivrerons des ghettos ». La tragédie des violences urbaines et autres d’aujourd’hui apporte une lumière crue à ce qu’affirmait Victor HUGO il y a plus d’un siècle.

Relisons dans « l’Année Terrible » un extrait de son poème « A qui la faute »

Le vieil homme s’adresse à l’enfant :

« – Tu viens d’incendier la bibliothèque ?

– Oui, j’ai mis le feu là

– Mais c’est un crime inouï ! Crime commis par toi-même contre toi-même : infâme !

Le livre est ta richesse à toi – C’est le savoir, le droit, la vérité, la vertu, le devoir, le progrès, la raison dissipant tout délire – et tu détruis cela, toi !

– Je ne sais pas lire »

Eh oui, le partage de la culture et du savoir, en particulier de la musique, constitue un formidable et indispensable barrage contre l’exclusion, mais aussi contre la déliaison du lien social et son cortège de discrimination, de souffrance, de solitude.

Et ça commence à l’école. Nous avons à lutter contre tous les analphabétismes.

Apprendre l’Art comme on apprend à lire et à compter. L’Art n’a pas à être optionnel. C’est une condition pour n’en éloigner personne. De là, l’importance de l’Art et des artistes à l’école dès le plus jeune âge.

Comme disait André MALRAUX « les enfants, là est la clé du trésor ».

Le non-partage de l’Art, c’est comme une bombe à fragmentation, ça fait des mutilations terribles.

On n’investira jamais trop dans tous les domaines de la culture et des arts, c’est-à-dire l’humain, ses potentialités, l’intelligence agissante.

On n’imagine pas la musique sans Bach, Mozart, Beethoven, Berlioz, Chostakovitch, les arts plastiques sans Michel Ange, Delacroix ou Picasso, la littérature sans Shakespeare, Balzac ou Hugo et tous les autres naturellement.

Qui ne voit pas que c’est l’humanité elle-même sans ces artistes incomparables, à la fois universels et singuliers, qui ne saurait pas ce qu’elle est ? Parce qu’elle serait moins belle, moins cultivée, moins heureuse ? Certes mais pas seulement : parce qu’elle serait moins vraie, moins humaine.

Si j’avais un message à délivrer ce soir, ça serait : « n’ayons pas peur de la création, du neuf, de l’invention, de l’imagination – attention à la rouille historique, les artistes travaillent avec des mains d’avenir ». Ils nous posent souvent la seule question qui vaille : dans quel monde voulons-nous vivre demain ?

Comme le disait le poète René CHAR : « c’est dans l’obscurité qu’il fait bon de croire à la lumière ».

Et pour faire bonne mesure, ce que disait Charles PEGUY : « je n’aime pas les gens qui réclament la victoire et qui ne font rien pour l’obtenir, je les trouve impolis ».

En ce qui me concerne, je salue la politesse de votre assemblée et, si vous me permettez, un souhait : ayez des excès de courtoisie…

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