La crise est réelle, elle est celle d’un échec.

laurentdumond Elle appelle à des mesures nouvelles mais surtout pas celles proposées.Il y a deux décennies à peine, les régimes socialistes s’écroulaient et, avec eux, un modèle économique. C’était, disait-on, la fin de l’histoire et la victoire d’un système économique, celui du capitalisme rebaptisé par pudeur « libéralisme » malgré une arrogance de plus en plus débridée.

Face à cette domination économique et idéologique sans partage, une pensée uniforme s’est peu à peu installée. Des relations internationales, militaires, économiques et institutionnelles issues de cette réalité politique se sont imposées. Trop peu souvent a été envisagée l’idée que l’échec patent du « communisme réel » ne validait pas pour autant le bien-fondé d’un modèle basé sur la compétition, la loi du plus fort, de l’argent-roi et de la financiarisation, en lieu et place du respect de la planète et de ses habitants et des nouvelles coopérations nécessaires à une mondialisation harmonieuse.

Les trop rares réflexions alternatives proposant un nouveau type de développement sont rejetées par des milieux économiques conservateurs craignant la perte de leur domination sans partage. Ce ressort  amène aujourd’hui le gouvernement à promouvoir des mesures n’ayant pas vocation à sortir d’une crise systémique. Une fois de plus les pyromanes crient au feu.

L’évolution de cette crise, son ampleur, ses secousses successives devraient amener à s’interroger sur le bien-fondé des diagnostics et remèdes employés jusqu’alors pour la soigner. C’est  l’inverse qui est préconisé. Les gouvernements en viennent aujourd’hui à engager des plans d’austérité drastiques pour « rassurer » les marchés et des opérateurs financiers joliment appelés « investisseurs ».

Les recettes sont connues : on les subit déjà sans que les résultats soient au rendez-vous. Des dogmes érigés en règles économiques sont imposés et deviennent la condition de l’obtention du brevet du bon gestionnaire et du bon élève de la scène internationale. Tels des andouillettes, les pays sont notés par des experts acquis à ces dogmes. Quelques grandes fortunes font mine d’accepter de mettre la main à la poche pour mieux faire oublier une fiscalité toute acquise à leurs profits faramineux et à la création de déficits toujours plus grands. Déficits que les populations auront à combler au nom de l’équité. Derrière le « on ne peut plus dépenser plus que l’on a », on « sur-aide » les marchés en s’enfonçant dans la spirale de la récession et de l’austérité.

Le jeu de dupes est d’autant plus insupportable qu’il ne vise pas à combattre la crise mais à un positionnement électoral. C’est une règle en forme de « verge d’or » qui est proposée,  malsaine parce que basée sur des rapports de soumission. Face à elle les progressistes se doivent d’ériger bien haut non pas les attributs de l’arrogance des marchés mais celles de solutions alternatives.

On peut parler de réduction des déficits publics, de dette, de niveau de la dépense publique, du respect de certains critères, mais le faire à partir de budgets nationaux et communautaires malsains, de fiscalités iniques et partisanes, relève du débat tronqué. N’est-il pas révélateur que des lois sociales puissent êtres désacralisées au nom de la crise et qu’à l’inverse des lois économiques gravées dans le marbre en un autre temps et dans une toute autre situation soient, elles, immuables ?

Face à cela les progressistes ont des responsabilités. La gauche ne peut s’en tenir à la seule  protestation ni au seul témoignage. Une gauche gouvernementale se doit aussi de dépasser la posture en responsabilité pré-électorale et travailler sur elle-même quitte à procéder à certaines émancipations et ruptures. Elle doit également travailler à faire partager des alternatives économiques et sociales traduisant positivement la nécessaire mais insuffisante alternance politique.

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