bernard frederick 12 2012

La faute

Par Bernard Frederick, Journaliste et Membre du MUP 95.

A plusieurs reprises, le groupe Communiste Républicain et Citoyen du Sénat a voté contre la majorité présidentielle avec la droite ou a facilité la tache à celle-ci en s’abstenant.

L’affaire suscite suffisamment d’émotion chez les communistes et surtout dans leur électorat, pour que le groupe CRC se soit fendu d’une « lettre ouverte » pour expliquer son choix. Ce sont, selon ces sénatrices et sénateurs « des votes responsables qui prennent appui sur la volonté de changement qui s’est majoritairement exprimée dans notre pays en mai et juin derniers ».

Il  n’est ni impossible ni choquant que, dans le cadre d’une coalition de partis, des différences, voire des divergences se fassent jour. Que les sénateurs communistes rejettent le Traité de stabilité européen, partition à quatre mains de Mme Merkel et de M. Sarkozy, dont le candidat François Hollande avait promis, sans rien en faire, de le renégocier, allait de soi. Qu’ils fassent la fine bouche devant le projet de financement de la Sécurité sociale, se comprend. Qu’ils ne votent pas la Loi de finance pour 2013 est une faute. D’autant plus grande, qu’elle prend dans les conditions particulières du Sénat et dans sa forme même, un caractère politicien et hypocrite. La gauche n’a pas la majorité dans la Haute Assemblée sans les communistes. Quand ceux-ci s’abstiennent – ce qu’ils ont fait lors du vote du Budget – ils laissent obligatoirement les mains libres à la droite.

Le vote du Budget est l’acte le plus important pour une majorité parlementaire. C’est ce qui la rend solidaire en dépit  de ses divergences. Et, c’est là qu’il y a une double hypocrisie de la part du groupe CRC. Il sait qu’en définitive le budget sera adopté, le mot de la fin revenant à l’Assemblée nationale ; par conséquent, son abstention est gratuite. À moins que ce soit un vote d’opposition assumée, position à priori respectable. Tout juste se dira-t-on qu’il est bien temps de s’apercevoir que le PS est un parti social-démocrate et que la social-démocratie moderne a plus qu’un fort penchant libéral ?

Or, les dirigeants communistes  persistent à affirmer : « Nous ne sommes pas dans l’opposition, fût-elle de gauche, car nous revendiquons haut et fort notre appartenance à cette majorité politique qui le 6 mai a permis de chasser la droite du pouvoir ». C’est là, la seconde hypocrisie. À moins qu’il s’agisse de schizophrénie. On serait tenté de le penser quand on lit ceci dans la « lettre ouverte » : « Fort de ses 4 millions de voix, soit 11% des votes, le Front de gauche est une composante essentielle de la majorité politique actuelle ».

C’est un leitmotiv depuis le 6 mai au Front de gauche. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que l’on est propriétaire une fois pour toute de ses voix ? Que c’est une sorte de prêt que l’on fait dont on exige des dividendes ?  Que les relations entre partis de la majorité autorisent des prises d’otages ?

On se demande si la direction du PCF n’a pas oublié les leçons d’un Thorez ou d’un Rochet sur l’art de faire des compromis, B-A-B-A. de la politique. Ou bien, comme il est à craindre, si elle n’est pas sous l’influence d’un gourou qui lui dicte sa loi au prix de ses voix.

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