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La gauche face à ses responsabilités

hue_snatch_itw_illus A moins d’un an de l’élection présidentielle, voici la gauche devant ses responsabilités. La gauche toute entière, avec chacune de ses composantes, grandes ou petites. Qui ne voit en effet que ce rassemblement sans exclusive est nécessaire pour gagner la bataille, au premier comme au second tour ?

Le paysage politique change sous nos yeux, et à grande vitesse. Les secousses successives qui ont émaillé l’actualité modifient profondément les grandes tendances de l’opinion publique, et changent le décor général. Le rejet de l’élite politique est patent, que vient encore renforcer les dégâts provoqués par l’affaire Strauss-Kahn. Mais il était déjà apparu de façon flagrante dans l’abstention massive aux cantonales. Les signes avant coureurs d’une crise des institutions se  multiplient sous nos yeux, quand la présidentialisation et la personnalisation du régime détruisent les fondements même de notre démocratie. Parallèlement le système économique est à bout de souffle, quand le profit-roi fait exploser les inégalités sociales. Comme toujours, la jeunesse est au premier rang de la protestation, comme en témoignent déjà les manifestations des « indignés » en Espagne. Sachons l’observer.

Il est malheureusement facile de décrire la situation dans laquelle le système actuel a plongé notre  pays, comme les autres. Il appartient aux forces progressistes, ici comme ailleurs, de réagir. L’occasion leur en est donnée en France avec l’élection présidentielle. L’échéance est décisive. Si 2012 ne débouche pas sur une alternative politique réelle, le risque est immense. Risque pour le pays, qui s’enfoncerait dans une crise majeure. Risque pour la gauche, qui perdrait pour longtemps sa crédibilité.

Le dire est simple. Le faire l’est moins. L’antisarkozysme ne peut pas tenir lieu de politique, ni suffire à la forte mobilisation indispensable. Il s’agit de construire, en totale conformité avec les grands principes de la gauche progressiste, un socle de propositions claires et concrètes.

C’est dans ce dessein que le Mouvement unitaire progressiste (Mup), qui avait déjà, il y a deux ans, proposé un Pacte unitaire, lance aujourd’hui trois idées fortes, correspondant à trois mesures phares, qui peuvent être prises sitôt l’élection gagnée.

La première consiste en l’application réelle, dans les trois premières années du mandat, de l’égalité salariale homme-femme. Voilà trente ans qu’on nous la promet, sous les gouvernements successifs, que l’on multiplie les  textes. En vain. Elle est devenue l’injustice la plus flagrante de notre organisation sociale. Naturellement, un programme complètement élaboré comprendra d’autres décisions de cet ordre. Mais celle-là peut d’emblée contribuer efficacement à crédibiliser le discours de la gauche, car elle est juste socialement et justifiée économiquement : le manque à gagner des salaires féminins est estimé à plus de 120 milliards d’euros par an, en matière de pouvoir d’achat, et à des dizaines de milliards d’euros de cotisations sociales.

La deuxième mesure touche à l’éthique même de la République. Il s’agit de revenir à des pratiques simplement normales des institutions : un président qui préside, garant des grandes orientations, mais un gouvernement qui gouverne, conformément à l’esprit de la Constitution. Parallèlement, le rôle du Parlement sera renforcé, et une dose de proportionnelle lui donnera une plus juste représentation de la communauté nationale.

La troisième correspond à notre volonté d’inscrire la France dans le combat pour la paix dans le monde. Il s’agit de donner l’exemple aux autres grandes nations industrielles, en réduisant unilatéralement et de manière significative – de l’ordre de 15 à 20 % – les dépenses militaires. Cette réduction permettrait de développer de nouvelles solidarités.

Telles sont les trois mesures bien concrètes que nous souhaitons soumettre à  nos partenaires de la gauche rassemblée. Elles sont de nature à démontrer à l’opinion, aujourd’hui déboussolée, que nous savons où aller, et que nous voulons y aller vite. Afin de réussir le changement qui s’impose chaque jour davantage.

Pour l’heure, j’appelle, sans plus attendre, à ouvrir des discussions larges qui fonderont le rassemblement appelé de ses vœux par le peuple de gauche. C’est une condition sine qua non pour battre la droite et l’extrême droite ! A l’heure où le jeu des ambitions et tactiques personnelles risque de reléguer au second plan le débat politique, où les candidatures et les oppositions se multiplient dans la totalité des partis, chacun doit prendre ses responsabilités. La mienne est entière quand j’invite tous les militants et dirigeants des forces de gauche et républicaines, des progressistes, des écologistes à débattre, proposer, se rassembler pour gagner ! Avec moi, le Mup est déterminé à y parvenir, dès le premier tour avec ceux qui le souhaitent, et assumera tous les choix politiques et électoraux qui le permettront.

Déclaration de Robert Hue publiée sur Liberation.fr le 6 juin 2011.

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