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La Grèce victime de l’Europe du chacun pour soi

A l’heure des grands discours sur la régulation financière, il faut bien reconnaître que les marchés ont toujours largement la main et que rien n’a été tenté pour qu’il en fût autrement. Le peuple grec est en première ligne pour en subir les conséquences.
Après des années de gestion aujourd’hui critiquée, la Grèce frôle les 13% de déficit – alors que le pacte de stabilité communautaire le limite à 3% – et les 115% de dette publique.

Les agences de notation, qui font la pluie et le mauvais temps – et qui se

moquent éperdument des conséquences économiques et sociales – ont décidé de donner la Grèce en pâture aux marchés financiers.
Ayant perdu la confiance des investisseurs, la Grèce doit par conséquent entrer dans un processus de séduction pour que ces derniers reviennen
t.
Pour cela, les Grecs devront non seulement se serrer la ceinture, mais y rajouter des trous !
Les mesures d’austérité, insoutenables pour les salariés et l’immense majorité du peuple grec, n’ont pourtant pas d’effet sur l’obtention d’aides.
Après maintes propositions d’aides au niveau européen qui n’ont pas vu le jour, et par crainte de la contagion, les membres de la zone euro sont donc proposé un nouveau plan le 11 avril dernier.

I
l s’agit d’un programme d’aide à la Grèce de 30 milliards d’euros qui doit couvrir une période de trois ans, au taux de 5%, pour la première année. Cette aide devrait être combinée à un apport du FMI, d’un montant de 10 à 15 milliards d’euros. En « bons européens »,les ministres des finances de la zone euro font appel à une institution internationale, refusant ainsi toute solidarité européenne.

Le premier ministre grec a indiqué, ce vendredi 16 avril, que le Gouvernement faisait « toutes les actions préparatoires » pour accepter le l’aide UE-FMI.
 Si la Grèce fait appel à ce plan, le FMI imposera ses vues sur les choix budgétaires grecs. Cela fait froid dans le dos. En effet, alors que le plan d’austérité budgétaire a imposé une baisse des salaires des fonctionnaires et des retraites de tous les Grecs, qu’un nouvel impôtva être créé pour financer la sécurité sociale, que la TVA a augmenté, la main directive du FMI n’aura pour conséquence que de consolider cet état de fait voire de l’intensifier notamment par les privatisations de nombreuses entreprises publiques. Mais cette sévérité financière a, selon le Président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Junker, une vertu pédagogique, pour éviter tout laxisme de la Grèce dans sa chasse aux déficits publics pour ainsi retrouver la confiance des investisseurs.

Si la Grèce fait appel aux marchés, elle devra s’en remettre à la bonne volonté des banques. (Notons d’ailleurs que la moitié de la dette grecque est détenue par des banques françaises et allemandes). La philanthropie des banques n’étant pas leur qualité première, il est probable que les taux d’intérêts soient particulièrement élevés. Et le cercle vicieux s’est enclenché : plus la Grèce s’enfonce dans l’abîme, plus l’argent emprunté lui coûte cher et plus l’argent prêté coûte cher, plus la Grèce creuse son propre trou.

Et pourtant, une solution politique pouvait voir le jour. En effet, la Banque Centrale Européenne prête aux banques des sommes mirobolantes au taux défiant toute concurrence de 1% ! Les États membres auraient donc pu appliquer cette règle pour aider les États dans le besoin. Malheureusement, les traités européens en vigueur interdisent d’accorder des prêts aux États membres ! Il faut donc revoir les traités. Ces mêmes États, qui étaient accourus au chevet des banques à l’automne 2008 ont décidément des priorités abjectes.

Finalement, il s’avère que le FMI est un meilleur allié pour la Grèce que les autres États membres.La solidarité communautaire, malgré les envolées lyriques de nombre de dirigeants européens n’existe pas. Le peuple grec en fait l’expérience, et au prix fort !

 

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