La Jeunesse a-t-elle un avenir ?

fize 2 De grands chantiers attendent demain la gauche et les forces de progrès : chantier économique et social, chantier financier, chantier européen, chantier écologique, chantier sanitaire, chantier judiciaire. Le chantier de la jeunesse est un chantier à part entière. La jeunesse : « drôle de drame », qui se rejoue chaque jour, à chaque heure, au milieu, très souvent, de l’indifférence de nos concitoyens. Je rappellerai ici, avec François Hollande, que c’est bien la jeunesse qui souffre le plus de la crise. Les jeunes sont même de plus en plus pauvres : voilà ce que nous révèle ce matin le dernier rapport du Secours catholique. On vient par ailleurs d’apprendre, ce même jour, l’ouverture de la première épicerie sociale étudiante sur le campus de l’université de Lyon. D’où l’idée que je défends, depuis fort longtemps, qu’il n’y a qu’une discrimination qui vaille pour cette génération : la discrimination positive. Il faut toujours faire plus pour ceux qui ont le moins : c’est le véritable sens de l’égalité.

Il y a donc, en France, ceux qui couchent dans de beaux draps et ceux qui sont dans de sales draps. Les jeunes – mais ils ne sont pas les seuls, loin s’en faut – appartiennent à cette seconde catégorie. « Il n’y eut jamais génération qui ait été, dès le seuil de la vie, reconduite aussi durement, aussi ingratement que la nôtre, qui ait été reçue avec un tel mépris par ses aînés ». Cette phrase n’est pas récente : elle est de Péguy et a été écrite il y a plus d’un siècle. Les jeunes méritent pourtant que l’on s’intéresse à eux, tant leur situation est préoccupante et s’est même aggravée au cours de ces vingt dernières années. Il semble d’ailleurs, repensant à la phrase de Péguy, peser comme une malédiction sur cette génération, qu’elle soit de France ou d’ailleurs. Partout, sous toutes les latitudes, dans tous les régimes, en effet, on observe qu’elle est en difficulté. Toutes les études montrent aujourd’hui que les jeunes Français vivront moins bien que leurs parents : c’est donc à une véritable « rétrogradation sociale » à laquelle nous assistons – dont la droite rejette la responsabilité sur les jeunes eux-mêmes. Mais les Français ne sont pas dupes. Interrogés par l’Ifop, en juin 2010, une grande majorité d’entre eux a clairement répondu que les responsables de cette situation étaient, dans cet ordre, les patrons et l’Education nationale. Pourtant, malgré les obstacles qui se dressent sur sa route, notre jeunesse ne manque ni de courage ni de détermination. Comme disait Alain, il y a tout juste cent ans, « elle n’a pas peur », et c’est bien ainsi.

Force est de reconnaître que la société française, pour ne parler que d’elle ce soir, est inadaptée aux besoins de cette jeunesse qui est une jeunesse plurielle comme chacun sait. La situation qui lui est faite ne peut que la désespérer chaque jour davantage. Transformer cette situation, telle est donc la vraie solution de cette question. Reprenant ici un propos de François Hollande, je dirai que « la jeunesse doit sortir du cadre privé pour devenir une priorité publique autour de laquelle toutes les générations, toutes les classes sociales sont susceptibles de se retrouver ». Pour dire les choses autrement, la jeunesse doit bel et bien, aujourd’hui, devenir une « obligation politique ». La justice, en effet, n’est pas seulement sociale, elle se doit aussi d’être générationnelle.

La jeunesse : qui est-elle ? A quoi sert-elle ? On serait tenté de répondre : à remplir les prisons et, à l’occasion, à servir de « chair à canon ». La jeunesse en réalité, on l’a souvent souligné, sert d’abord à faire peur… à ceux qui ne sont plus jeunes principalement. Alors, tombent comme des couperets les clichés, idées reçues et préjugés de toutes sortes, que l’on peut ramasser dans quelques formules-choc :

–        Un jeune au chômage est un jeune qui ne veut pas travailler

–        Un jeune des cités est un jeune dangereux, une « racaille »

–        Un jeune n’a pas d’expérience : il est donc incompétent

–        Un jeune est égoïste : il ne s’engage pas pour le bien public

Tout ceci faisait dire, au XIXe siècle, à Gobineau – célèbre aristocrate, comte de son état – que les jeunes, il fallait « en tuer le plus possible, sous un prétexte quelconque ou même sans prétexte, pour que les autres soient tenus au respect ». C’est peut-être là le fondement de toutes les politiques sécuritaires contemporaines.

Voilà pour les représentations de la jeunesse. Venons-en à sa situation qui est, je le redis, très préoccupante, et cela à tous les niveaux : école, emploi, logement, santé… – ce qui autorise certains analystes à parler, non sans raison, de « génération sacrifiée ». Outre de réussir leurs études (150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans formation ni diplôme et 20 % des étudiants quittent, de leur côté, l’université sans aucun titre), le problème majeur pour les jeunes, c’est de trouver du travail (22 % des jeunes actifs – le double dans les cités, voire davantage encore en outre-mer – n’en ont pas, soit plus du double de la moyenne nationale ; 30 % des diplômés doivent attendre en moyenne un an pour cela. Plus généralement, la durée moyenne de recherche d’un premier emploi est actuellement, dans 30 % des cas, de deux ans et demi). Le tout accompagné d’un déclassement qui traduit la différence entre le niveau d’études et le niveau d’emploi. Un seul exemple : en Ile-de-France, selon une étude récente de l’Insee, 48 % des emplois non-qualifiés sont occupés par des diplômés. Lorsque les plus chanceux sont enfin parvenus au travail, outre le fait d’être déclassés, ils se voient confrontés à un nouveau problème, celui de décrocher un emploi stable (le fait est rarissime : il faut plusieurs années, atteindre souvent l’âge de 30 ans, pour obtenir un CDI et, de toute façon, seuls 15 % y parviendront). Il faut rappeler qu’en 25 ans, le modèle de l’emploi salarié, à temps plein, sous contrat à durée indéterminée, s’est érodé, tandis que se développaient les emplois à temps partiel, précaires, sous la forme de CDD, de missions d’intérim ou de stages-bidon. Or, ces contrats fragiles, on le sait bien, ne font que différer le chômage. Comment donc encore parler, dans ces conditions, d’insertion professionnelle de la jeunesse ? Comment encore lui faire miroiter d’impossibles trajectoires sociales ascendantes ? Comment oser lui dire qu’il lui suffirait de faire preuve de volonté pour gagner la bataille de l’emploi ?

Nous sommes bien, en 2011, plus que jamais, face à une « génération précaire », une génération qui, de surcroît, en cas de crise économique (nous avons en mémoire 2008), sert toujours de première « variable d’ajustement » : comme c’est elle qui occupe les emplois les plus fragiles, c’est elle qui tombe la première sur le front économique. On ne s’étonnera donc pas que plus de 20 % (22,5 % exactement) des jeunes soient aujourd’hui en situation de pauvreté, percevant moins de 954 € brut par mois. Les conséquences sont connues : les jeunes restent de plus en plus longtemps sous le toit familial (ils en partent en moyenne à 28 ans – et même 32 ans en Espagne) et, quand ils en partent enfin, ils y reviennent souvent, faute de revenus suffisants pour vivre de façon totalement autonome (il faut savoir que près de 20 % des jeunes qui n’habitent plus chez leurs parents vivent sous le seuil de pauvreté). Etre chômeur, c’est donc être contraint, dans deux cas sur trois, de rester vivre chez ses parents. Etre travailleur précaire, c’est s’exposer au même risque : quand on n’a pas d’emploi qui offre suffisamment de garanties et de rémunération, l’autonomie est en effet impossible. Les étudiants sont-ils mieux lotis ? Non. La moitié d’entre eux vit aujourd’hui avec moins de 400 € par mois. Près d’un sur deux est même obligé de travailler pour financer ses études. Les conséquences, là encore, sont catastrophiques, en matière de santé notamment. En 2011, 34 % des étudiants ont dû renoncer à une consultation médicale et 20 % à un traitement, pour de simples raisons financières. Alors, nous devons nous poser la question. Quel projet veut-on pour la jeunesse ? Quelle place sommes-nous prêts à lui accorder ?

La jeune génération ne saurait être seulement une « priorité politique » (ce qu’au demeurant elle est loin d’être pour tous les partis politiques) : elle doit devenir une « grande cause nationale », ce qui suppose de définir pour elle un plan d’ensemble qui vise à la fois une meilleure insertion dans les domaines de l’éducation, de l’économie, de la santé, du logement, et de l’engagement public. C’est pourquoi me paraît-il souhaitable, pour la mise en œuvre d’un tel plan, de mettre en place, dès 2012, un grand ministère de la Jeunesse et de la Solidarité entre générations – décision qui, par ailleurs, serait une marque de respect envers les jeunes et un signe fort de collaboration entre les générations. Le symbolique, c’est important, aussi, en politique. Nous devons, dans tous les cas, agir pour les jeunes sans retenue ni tergiversation, sans nous refugier derrière de prétendues contraintes budgétaires qui retarderaient, une fois encore, les actions concrètes et nécessaires.

Je ne vais évidemment pas entrer dans le détail des mesures et des propositions, même si l’expérience politique montre que ce qui n’a pas été réfléchi AVANT est rarement décidé PENDANT. Notre intérêt est donc d’avoir au moins une ou deux propositions-phare dans chaque domaine de la vie des jeunes. Je vais, pour ce faire, m’appuyer à la fois sur les propositions de François Hollande et du Parti socialiste et sur les propositions du Mup auquel j’appartiens. Parfois similaires, parfois complémentaires.

Commençons par le domaine économique. Il nous faudra réduire progressivement les emplois précaires occupés par les jeunes. Les contrats à durée limitée ne pourront plus être renouvelés indéfiniment. Au terme de la deuxième ou troisième année d’activité professionnelle, tout contractant devra se voir proposer un CDI. Par ailleurs, toute action de formation professionnelle devra désormais être qualifiante. Les stages non-rémunérés enfin devront être supprimés, et ceux qui sont maintenus ne devront plus constituer des postes de travail déguisés. D’autres mesures doivent être soutenues – et personnellement je les soutiens, comme les 300 000 « emplois d’avenir » et les 200 000 « contrats de génération » proposés par François Hollande, qu’il faudra appliquer, comme promis, et à la date prévue. J’entends dire, ici ou là, que les emplois d’avenir n’appartenant pas au secteur marchand ne seraient pas de « vrais emplois » (on disait déjà cela, il y a quinze ans, des emplois-jeunes). Mais en quoi un emploi marchand souvent précaire, de très brève durée, serait-il supérieur à un emploi de longue durée (d’au moins un an) dans le secteur non-marchand ? Un « vrai » emploi, assurément, ne se juge pas seulement à son efficacité économique, il s’apprécie également à son utilité sociale, à ses apports en termes de solidarité et de service à la nation. Alors les opposants, toujours hostiles à cette idée, renchérissent en disant que l’Etat n’a pas à se faire entrepreneur. Mais, s’il ne l’était jamais, quelle abomination ! Ne serait-ce pas épouser sans réserve l’idée malsaine d’une « économie libérale totale » ? Ça n’a jamais été le choix de la gauche ni des forces de progrès. Ce n’est pas le choix du Mup. Mais il faudra veiller, cette fois, à ce que ces emplois aillent bien vers les jeunes qui en ont le plus besoin : les jeunes des milieux populaires, chômeurs, peu ou pas qualifiés (les emplois-jeunes, on s’en souvient, n’avaient profité qu’à 20 % d’entre eux, et avaient été plutôt un effet d’aubaine pour des étudiants voyant là, légitimement, un moyen d’accroître de trop maigres revenus pour vivre simplement décemment).

J’entends dire maintenant, à propos de la deuxième mesure, le « contrat de génération », que ça ne marchera pas, que les exemptions de charges sociales en échange d’emplois, ça n’a jamais été qu’un effet d’aubaine pour les entreprises, qu’elles ont toujours empoché l’argent sans jamais recruter personne. C’est largement vrai, admettons-le. Mais le « contrat de génération », c’est autre chose que, curieusement, les commentateurs n’ont jamais signalé. La différence essentielle avec les dispositifs précédents tient, outre au couplage avec le maintien en activité d’un senior, à la nature du contrat lui-même : pas un CDD, mais un CDI. L’entreprise volontaire, en effet, ne se verra dispenser de cotisations que si elle recrute un jeune sous contrat à durée indéterminée. Elle sera donc liée, au moins pour cinq ans, par son engagement, la rupture d’un CDI conduisant à des sanctions judiciaires, risque qu’elle n’est peut-être pas disposée à prendre (en tout cas, le CDI assure clairement une réelle protection au jeune salarié recruté).

Dans le domaine du logement, on pourrait, pour les étudiants, développer le parc des résidences universitaires et, pour les jeunes à bas revenus, réserver des logements dans le parc du logement social neuf. Ce sont deux pistes à explorer. Dans le domaine de la santé, l’on pourrait imaginer d’accorder les soins gratuits, au moins pour les enfants et les adolescents jusqu’à 15 ou 16 ans.

Il faudra aller plus loin naturellement. Tout citoyen de 16 à 25 ans devra pouvoir bénéficier d’une allocation d’autonomie, soit pour poursuivre sereinement ses études, soit pour s’insérer normalement sur le marché du travail.Cette allocation, comme le suggère mon ami Robert Hue, devra, à terme, être financée par une hausse des cotisations patronales, pour la connecter directement au monde professionnel. Cependant, pour éviter d’aggraver le trou de la Sécurité sociale, les premières années de son application, il sera créé un « fonds de distribution », financé par un transfert immédiat de 10 % des dépenses militaires, soit 4 milliards d’euros. Voilà bien une réforme de solidarité sociale. Par ailleurs, le RSA devra être étendu à tous les moins de 25 ans, sans autres condition que celle des ressources familiales disponibles.

Dans le domaine de l’éducation à présent, qui est essentiel, nous devrons agir sur plusieurs leviers à la fois. Sur les moyens bien sûr. Sur les missions aussi. Les moyens humains devront être accrus : 60 000 enseignants et personnels éducatifs et sanitaires supplémentaires, alors que nos classes sont surchargées et stressées, est une mesure tout à fait « normale ». On nous dit : « Mais il n’y a pas l’argent ». Et que fait-on des quatre cent-cinquante niches fiscales et sociales qui représentent 70 milliards d’euros ? Bien entendu, à l’avenir, les enseignants devront recevoir, comme autrefois, une formation digne de ce nom. Les missions de l’école devront parallèlement être redéfinies car il s’agit rien moins que de gagner, demain, le pari de la réussite scolaire généralisée. L’école, qui s’est gravement enfoncée dans l’élitisme durant ces quinze dernières années, doit être pour tous, non pour quelques-uns. La réussite ne doit plus être une possibilité mais un droit opposable. Il faudra donc changer les pédagogies, ou plutôt les « individualiser », « sécuriser » le parcours scolaire, en permettant à chaque élève d’inscrire son action et ses efforts dans la réussite et l’espoir. Il faudra encore modifier les rythmes scolaires trop lourds et générateurs de stress. L’école de demain devra à la fois transmettre des savoirs utiles, revus et corrigés, mieux articulés entre eux, dispenser les bases essentielles de culture générale, aider à la construction de l’identité de chacun et à la citoyenneté de tous. Il faudra valoriser les pratiques de collaboration des élèves et sortir progressivement du « tout compétitif », qui prépare mal les jeunes à la vie professionnelle, faite d’abord, on l’oublie souvent, de travail d’équipe. Il faudra bien sûr développer l’apprentissage, à condition  qu’il ne soit ni précoce ni précipité (de ce point de vue, l’apprentissage à 14 ou 15 ans, tandis que les volontés personnelles ne sont pas encore très assurées, ne représente qu’une régression sociale inadmissible). D’une manière générale, il faudra « personnaliser » l’orientation des élèves et la rendre toujours réversible : le droit à l’erreur d’orientation doit être reconnu à tous. Il faudra par ailleurs, à tous les échelons de l’enseignement, secondaire et supérieur, et pour tous les types d’études, aller plus loin encore dans la formation par alternance dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Comme l’indique François Hollande, la formation professionnelle devra aussi à l’avenir être une obligation dans l’entreprise, et pas simplement un droit. Il nous faudra enfin réfléchir au statut du diplôme. En France, sans lui, rien n’est réellement possible. Or, il me semble que « trop de diplôme (il en existe des centaines de différents) tue le diplôme ». Nous devrons donc réfléchir à d’autres modes d’évaluation des compétences et des talents, plus pertinents assurément.

Dans le domaine politique, que l’on ne saurait oublier, il faudra être audacieux et résolus. Puisque les jeunes sont bien des « citoyens comme les autres », comment ne souhaiterions-nous pas les introduire davantage dans la dimension politique, les associer mieux au jeu institutionnel, aux responsabilités ? Les jeunes ne demandent qu’à s’engager, et pas seulement dans les rangs des Indignés. On peut imaginer ici plusieurs façons de faire. Il serait démocratiquement sage de les faire entrer en plus grand nombre, par exemple, dans les assemblées de la République, locales et nationales, ainsi que dans les instances dirigeantes des formations politiques et syndicales où ils peinent à se faire entendre. Pour développer mieux encore le goût de la chose publique, on pourrait enfin songer à un abaissement de l’âge du droit de vote, sans modification de la majorité civile qui resterait à 18 ans. 16 ans me paraît être un âge « normal » pour prendre part aux élections locales, et pourquoi pas nationales, comme, par ailleurs, pour diriger certaines associations.

François Hollande a raison : « Quand un pays n’est pas capable de donner à la jeunesse un avenir [j’ajouterai un présent aussi], ce n’est pas elle qu’il faut accabler mais ceux qui le dirigent ». Une société, une politique, dignes de ces noms, en effet, se jugent au sort qu’elles réservent aux plus faibles et aux plus démunis : les jeunes font désormais partie de cette catégorie – catégorie au sein de laquelle les diplômés sont de plus en plus menacés (le mouvement des Indignés est là pour nous rappeler combien tous les diplômés de par le monde sont inquiets pour leur avenir ; d’où cet étrange paradoxe qu’au Portugal par exemple ce sont les jeunes diplômés qui sont plus souvent au chômage que leurs camarades non-diplômés).

La jeunesse a d’incontestables atouts à faire valoir ; elle est pétrie de qualités : dynamisme, enthousiasme, spontanéité, générosité, créativité, imagination. Et cela vaut tant pour les jeunes de banlieue. Si ces derniers n’ont pas toujours les savoirs intellectuels, ils ont souvent l’intelligence pratique et le raisonnement juste. Comment pouvons-nous sacrifier tout ce capital humain ? La jeunesse donne sens et consistance à nos existences. C’est avec elle que nous améliorerons notre présent et construirons notre avenir. Occasion pour moi de dire que je ne me suis pas, dans cet exposé, inscrit dans une logique bloc générationnel contre bloc générationnel, jeunes contre les autres, mais dans celle du partenariat entre jeunes et adultes. Le progrès humain dépend pour partie de ce partenariat. Et nous sommes tous des progressistes, n’est-ce pas ? Ce n’est donc pas seulement le dialogue social qu’il faut ré-enchanter, c’est aussi le dialogue générationnel. Car la fracture générationnelle menace toujours, soyons-en sûrs. Il faut donc aimer la jeunesse et ne plus la craindre, la considérer et ne plus la rabaisser. Il faut la valoriser, et ne pas la rabrouer sans cesse. Ayons toujours à l’esprit qu’aujourd’hui seul un jeune sur six se sent appartenir à la société et qu’un quart seulement a confiance dans l’avenir.

Avant de conclure, un mot complémentaire très bref sur les Indignés, jeunes pour beaucoup, diplômés souvent. Ce mouvement, on le sait, exprime – c’est aussi notre démarche au Mup – un autre rapport au politique, moins politicien, plus participatif. Mais attention, il ne sert à rien de vouloir se rallier ces jeunes qui, de toute façon, ne viendront pas à nous. Tout ce que nous pouvons faire – mais ce n’est pas rien – c’est leur offrir nos services, nos moyens car nous allons bien sûr dans le même sens de l’histoire, peut-être avec un peu moins d’audace il est vrai. Méfions-nous du piège de la frilosité dans lequel nous pourrions tomber à chaque instant ! Comme disait le philosophe humaniste Emmanuel Mounier : « A trop bien adhérer à l’histoire qui est, on ne fait plus l’histoire qui doit être ».

Un dernier mot si vous me le permettez. La réalisation de ce vaste plan pour la jeunesse que j’ai évoqué passe, évidemment, par la victoire de la gauche en 2012. Or, comme aurait dit M. de la Palisse, tant qu’une chose n’est pas faite, elle reste à faire.

Mais je fais confiance à notre bon président pour nous aider dans cette affaire. Après tout, Nicolas Sarkozy a déjà beaucoup fait : il a fait avocat, il a fait maire, il a fait président de conseil général, il a fait président, puis, le torse bombé, Robin des Bois dans la forêt de Bruxelles (ah ! je suis injuste pour Robin. Lui prenait l’argent aux riches pour distribuer aux pauvres. L’autre prend l’argent aux pauvres pour donner aux riches ; c’est, quand même, pas tout à fait du pareil au même !). Bon Sarkozy a joué tous ces rôles. Il est temps qu’il prenne un repos bien mérité. Alors, à notre tour, aidons-le à faire retraité de la politique. Et puis, comme disent mes amis psys, le rôle d’un jeune papa est d’être auprès de son enfant. Qu’il fasse donc son devoir et ne nous ennuie plus !

Texte de la conférence prononcée par Michel Fize à Dijon le 8 novembre 2011.

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités