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La révolution de Maïdan

Il ne faut pas négliger le caractère central de la révolution de Maïdan – du nom de la Place de Kiev où les rassemblements ont eu lieu – dans ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine. Cette révolution venue du peuple ukrainien a commencé en novembre 2013, lorsque le régime autoritaire en place décide de ne pas signer un accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un accord avec la Russie. Cette manifestation va être réprimée dans la violence par le régime en place, et va entrainer la fuite du président pro-russe Viktor Ianoukovytch.Pour rappel, c’est cet épisode qui sera à l’origine en 2014 de la guerre du Donbass et de l’annexion de la Crimée. Et il n’y a pas trop de doute sur le fait que si le président ukrainien pro-russe Ianoukovytch n’avait pas été destitué en 2014, la Russie n’aurait tout simplement pas agressé l’Ukraine. Cet épisode est donc central.

Et Poutine ?

Dans son discours prononcé devant les médias russes et dans lequel, au-delà de la réécriture totale de l’histoire de l’Ukraine, il évoquait justement la révolution de Maïdan. Il l’a qualifiait, je cite, « de coup d’État qui a bénéficié de l’aide directe d’états étrangers, notamment des États-Unis ».

Autrement dit, cette révolution ne serait pas un mouvement populaire spontané, mais un mouvement piloté de l’extérieur qui enlève de fait toute légitimité à l’Ukraine post-Maïdan. Et c’est cette version complotiste que la propagande russe n’a cessé de promouvoir depuis 2014. D’ailleurs le média d’état russe Sputnik-France traduisait ça en terme beaucoup plus clair juste après la révolution en parlant je cite : « de coup d’État « Made in USA » ».

Et que va devenir cette théorie après 2014 ?

Outre les médias de propagande russe, cette idée que la révolution de Maïdan est un complot de l’étranger, cette idée va être reprise dans toute la complosphère mondiale pro-russe. Aux États-Unis, on la retrouve par exemple portée par le célèbre cinéaste Oliver Stone qui va expliquer que la CIA aurait fomenté cette révolution. Mais on avait aussi le politicien complotiste américain Lyndon Larouche (dont le fils spirituel en France est Jacques Cheminade) et qui voyait derrière ce mouvement populaire la main de qui ? De Georges Soros, un grand classique complotiste. En France, on se rappelle peut-être que l’ancien conseiller de Marine Le Pen aux relations internationales Aymeric Chauprade, parlait lui aussi je cite « d’un coup d’État planifié avec une ingérence caractérisée ».

Aujourd’hui, cette lecture complotiste de la révolution de Maïdan contribue encore à la justification de l’intervention russe en Ukraine.

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