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Le tiers payant généralisé, oui, mais pour tous !

imagesDepuis plusieurs semaines, les débats sont nourris sur la question de savoir s’il est opportun ou non de généraliser le tiers payant. En apparence du moins.

Personne ne peut contester aujourd’hui le fait que la généralisation du tiers payant pour la médecine de ville, soit un levier fort dans la lutte contre les renoncements aux soins, notamment financiers. Dispenser les patients de l’avance de frais contribue à rendre naturellement plus accessible les médecins généralistes et sans doute participer au désengorgement des services d’urgences qui accueillent trop souvent des pathologies pouvant être traitées en cabinet de ville. Cette mesure peut donc contribuer à générer des économies pour nos comptes sociaux et à favoriser l’efficience d’un système de soins par ailleurs trop «hopsitalo-centré ».

Pour autant, cette mesure n’a de sens qu’à la condition que la généralisation du tiers payant ne soit pas l’objet d’une application sectorielle. Il en va des politiques de santé comme des politiques d’emploi, elles souffrent de la tentation que peuvent avoir les pouvoirs publics, principalement pour des raisons économiques, de les segmenter en les réservant à une minorité, souvent la plus fragile économiquement. Pour être clair, réduire la généralisation du tiers-payant intégral en médecine de ville aux seuls bénéficiaires de l’ACS ou d’autres prestations serait une erreur.

Tout d’abord parce qu’il s’agirait d’un traitement social d’une question en réalité sanitaire. La généralisation du tiers payant est certes un vecteur fort pour favoriser l’accès aux soins. Mais c’est aussi, et peut être même surtout, une mesure qui placerait enfin le médecin généraliste dans le rôle qui doit être le sien : celui de médecin de premier recours, de première ligne.

Erreur encore dans la mesure où cette limitation aurait pour effet l’application des fameux effets de seuils qui exclus du bénéfice d’un dispositif celles et ceux qui dépassent, parfois de quelques euros, les plafonds de ressources. Or ces plafonds ignorent la réalité de la vie des gens. On peut dépasser les plafonds mais être dans une situation sociale, sanitaire, familiale ou financière (surendettement par exemple), qui laissent les personnes avec moins de reste à vivre que d’autres pourtant éligibles au dispositif.

Erreur enfin car ces mesures tendent à opposer les concitoyens entre eux et à fragiliser notre pacte social.

D’un point de vue sanitaire, social et collectif, le Tiers-payant généralisé en médecine de ville n’a de sens, qu’à la condition qu’il soit universel.

Mais afin de gagner les médecins les plus réticents, le mécanisme proposé doit être simple et de nature à garantir le paiement des consultations aux médecins. Certains d’entre eux avancent une proposition reposant sur le système bancaire.

Cette association, de la finance et de la santé n’est évidemment pas souhaitable. Elle doit reposer sur la sécurité sociale et les assureurs complémentaires ce que refusent les médecins mobilisés. La réalité, c’est qu’ils refusent de reconnaitre que actuellement, la quasi-totalité de leurs rémunérations sont directement ou indirectement socialisées et mutualisées ce qui porte atteinte au mythe d’une profession libérale. Profession qui peinerait à attirer les vocations sans les 174 milliards d’euros socialisés mobilisés chaque année.

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