Par Laurent Dumond, Conseiller régional (MUP) d’Ile de France, Vice-président de la Communauté d’Agglomération de Cergy-Pontoise.
Depuis quelques jours, transparence et moralisation dominent les discours politiques et le propos présidentiel. Il est légitime que grandes soient l’émotion et la colère face aux révélations et aux affaires qui se succèdent.
L’électrochoc était nécessaire et…il le reste et le restera si d’autres pistes ne sont pas engagées. Pouvait-on espérer combler une rupture déjà largement consommée entre la représentation politique et les citoyens en réagissant sous le coup de l’émotion ? Ce qui était vrai il y a peu, sur le danger à légiférer et gouverner sous le feu de l’actualité, demeure vrai aujourd’hui.
Il ne s’agit nullement en écrivant cela de sous-estimer la gravité des faits, leur caractère insupportable mais au contraire de mesurer la hauteur et la diversité des réponses à apporter pour vraiment engager l’urgente et profonde rénovation de la vie politique dont notre République a besoin.
Dès sa prise de fonction, le Président de la République confiait à Lionel Jospin les destinées d’une commission portant sur la rénovation et la déontologie de la vie publique. Cette décision rapide révélait combien le Président percevait l’ampleur du mal. Elle renforce d’autant aujourd’hui notre insatisfaction devant une réaction gouvernementale axée sur des réponses partielles, reposant plus sur une stratégie de communication que sur la prise en compte de la réalité du diagnostic et la diversité des réponses obligées.
Même justes, les premières initiatives gouvernementales demeurent en deçà des exigences qu’impose le dépassement de la crise politique que nous traversons. Cette crise politique est d’une extrême gravité et aucun républicain n’est en mesure d’en imaginer les conséquences futures et ne doit espérer en tirer un quelconque profit politique.
En sortir obligera à s’émanciper d’une conception élitiste de l’engagement politique et électif.
C’est pourquoi, notre inquiétude s’accroit quand, durant ces jours, rien n’est dit sur le fait que des catégories sociales entières soient exclues du champ politique et électif, ne sont plus présentes sur les bancs de la représentation nationale. Quand pas un mot n’est dit sur la mise en place d’un véritable statut de l’élu, seul outil permettant l’investissement citoyen préalable à la rénovation de l’action publique. Quand le choix de ne pas évoquer cette question décrédibilise celle d’un non cumul des mandats à destination des seuls parlementaires et un débat certes nécessaire sur des conflits d’intérêts et une transparence concernant au final un monde politique dramatiquement toujours plus professionnalisé.
Il est des ruptures nécessaires, notre République a mal et elle aurait besoin que l’on ne se trompe pas de priorités. Celle de favoriser et permettre un engagement citoyen plus important ne peut plus être considérée comme une charge ou un coût supplémentaire mais comme un investissement. Il y a urgence.