Par Pierre Cazenave, délégué régional du MUP Aquitaine
J’avais eu l’occasion de faire des commentaires sur Facebook à propos de l’effroyable tragédie de l’effondrement d’un immeuble à Dacca, au Bangladesh, sur notre part de responsabilité collective de consommateurs avides de trouver des textiles au meilleur prix possible, sans trop nous soucier des conditions de fabrication indignes. Les démarches bio et équitables pour l’alimentaire ont bien commencé à être intégrées. Il est grand temps qu’elles s’étendent, avec un volet social, pour tout ce qui touche à l’habillement en général. Les grandes marques soucieuses de leur image ont réagi, en jurant, promis, craché, qu’elles n’étaient pas fautives, qu’elles avaient intégré une dimension humaine à leur politique d’achat et de sous-traitance : quelques nez ont dû s’allonger dans quelques sièges de multinationales très soucieuses surtout de bien conserver leur part de gâteau !
Je suis heureux de voir que le Nouvel Observateur de cette semaine, sous la plume de son directeur général de la rédaction, Laurent Joffrin, revient sur ce grave sujet avec le titre éclairant : Les nouveaux canuts . « Chère à la classe dirigeante, la mondialisation heureuse continue de répandre ses bienfaits. Elle vient d’envoyer au paradis un bon millier d’ouvriers et d’ouvrières bangladais écrasés par le béton d’un immeuble vétuste de Dacca où se dispensait le bonheur du libre-échange sans entraves. Sous l’influence de donneurs d’ordre occidentaux à la recherche du moindre prix, les propriétaires avaient entassé les travailleurs dans ce gigantesque sweat shop sans respecter aucune règle de sécurité…Devant l’expansion du machinisme et du libre-échange, les ouvriers d’Europe s’étaient insurgés en leur temps contre la cruauté du capitalisme naissant. La révolte la plus célèbre fut celle des canuts de Lyon, en 1831… A rebours d’un certain libéralisme, c’est la lutte ouvrière et l’intervention de l’Etat démocratique, à l’aide de lois sociales, qui peuvent améliorer la condition terrible des canuts d’Asie…Des syndicats et des lois sociales : les vieux remèdes sont parfois les plus sûrs. » ( Laurent Joffrin 30 Mai 2013).
Au Mouvement Unitaire Progressiste (MUP), nous avons pris en compte cette nécessité de bien intégrer notre Histoire pour qu’ensemble, avec d’autres forces de gauche progressistes, la République ne soit plus détournée au profit d’une minorité mais qu’elle offre les conditions d’une vie digne et les possibilités d’un plein épanouissement à chacun de ses citoyens.
Le Mouvement Unitaire Progressiste n’est pas un parti politique au sens classique du terme. C’est une force nouvelle, à gauche, qui oeuvre à l’avènement d’une société libre où chacun puisse vivre, en toute indépendance, des fruits de son activité.
La Révolution française a initié un processus historique d’émancipation humaine qui reste à achever. Prétendant le mener à bien, les différents communismes d’Etat du siècle dernier et le modèle social-démocrate ont en fait donné raison aux plus grands penseurs socialistes. La société égalitaire portée par les mouvements révolutionnaires de 1789, 1848 et 1871 ne sera réellement débarrassée des rapports d’exploitation et de domination que si elle est l’émanation directe du peuple lui-même dans un mouvement collectif d’auto-administration. Le MUP cherche à favoriser son émergence. La République a le devoir d’assurer santé, éducation et logement à tous. Elle doit également viser l’égalité des chances et faciliter la mobilité sociale, notamment grace à une politique de plein emploi. Or, la tyrannie économique est loin d’avoir pris fin avec la tyrannie politique pour atteindre aujourd’hui son poids le plus oppressant sous l’ère du capitalisme financier.
À Dacca, comme en Europe, c’est ce même objectif social progressiste que nous devons avoir en ligne de mire.