Les partis politiques sont-ils condamnés ?

fize 2 Où en est la démocratie française avec ses partis politiques ? A en croire la dernière étude livrée par le CEVIPOF, les Français sont plus que jamais dans la défiance à leur égard. Seuls 13 % de nos concitoyens leur accordent désormais crédit. Faut-il s’en étonner ? Le discrédit s’amplifie depuis des années, se traduisant par de fortes désertions des consultations nationales. Rappelons qu’aux dernières élections régionales de mars 2010, le taux d’abstention atteignait 54 % au 1er tour et près de 50 % au second.

De tous côtés, les partis sont désormais critiqués – y compris par les « chefs partisans » eux-mêmes, de gauche comme de droite, des écologistes aux centristes. Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Daniel Cohn-Bendit, et quelques autres, ont dressé, tour à tour, ces derniers mois, un constat sévère de l’impuissance des formations politiques à rassembler correctement les citoyens. Et les uns les autres d’appeler au « dépassement partisan », à la constitution de vastes rassemblements « trans-partisans ». « Il faut repenser les partis politiques », dira même Xavier Bertrand, alors « patron » de l’UMP.

Les reproches adressés aux partis politiques ne manquent pas : préoccupation excessive du pouvoir, corruption (pudiquement baptisé « conflit d’intérêt »), querelles intestines de leaders (dites « batailles d’égos »), coupure d’avec les réalités sociales… La baisse du nombre d’adhérents et la difficulté de faire des adhésions (qui concernent toutes les formations politiques) sont un indicateur fort de ce mal-être partisan. La difficulté à faire émerger des projets structurés pouvant répondre aux préoccupations des « vrais » gens en est un autre.

Comment est-on arrivé à cette situation ?

Le système partisan n’est, à coup sûr, plus adapté aux sociétés contemporaines comme il pouvait l’être dans les sociétés préindustrielles et industrielles des XVIII è et XIX è siècles. Instrument incontournable de la démocratie naissante, les partis exprimaient alors la volonté populaire. Ils servaient de cadres de réflexion aux assemblées parlementaires et aux groupes et clubs de réflexion. Ils étaient le moyen pour les citoyens de désigner les « meilleurs d’entre eux » (Jaurès, Gambetta…), en leur assignant des objectifs précis, à partir de choix simples. Tel n’est plus le cas aujourd’hui.

Les partis modernes pourront-ils survivre à pareille situation ? Nous pensons qu’ils sont condamnés, sinon à disparaître à court terme, du moins à perdre leur monopole de représentants uniques de la vie publique. Sans doute faut-il même, dans l’intérêt de la vie démocratique, hâter cette évolution et permettre à d’autres rassemblements citoyens d’entrer dans le jeu politique.

Au Mouvement unitaire progressiste, initié et animé par Robert Hue, nous appelons, depuis 2009, au « dépassement partisan », à une participation plus citoyenne, au partage des responsabilités. Nous pensons qu’il faut développer d’autres pratiques politiques, plus « participatives ». Nous appelons donc, au nom du « dé-centralisme démocratique », à d’autres façons de « faire la politique », où chaque citoyen puisse réellement exprimer ses capacités et ses talents, pour le seul profit légitime du développement de la justice sociale, du progrès humain et de la solidarité économique.

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