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ll ne faut pas quitter l’Europe mais la changer !

images J’échange régulièrement sur la question européenne avec mes collègues, mes camarades-militants. J’entends très souvent l’idée qu’il nous faudrait quitter l’Union européenne et/ou l’euro. Né un an avant la chute du Mur de Berlin, je suis donc, en quelque sorte, sans faire de verbiage, un « enfant de l’Europe ». Je n’ai pas de souvenir de Maastricht. Mon premier grand souvenir d’une campagne européenne est donc celui de la campagne référendaire sur la Constitution européenne en 2005. J’ai participé à cette campagne, sans pouvoir voter. J’ai savouré sans réserve la victoire du non. Ce non construit à la fois sur le refus d’une Europe ultralibérale et sur la volonté d’une véritable Europe sociale pour les citoyens et non seulement pour les capitaux.

Quitter l’Union signifierait à mes yeux l’abandon de cette victoire aux ultralibéraux et aux nationalistes. Certes, depuis, le Traité de Lisbonne est revenu sur le vote des Français et des Néerlandais. Il n’empêche que cette victoire doit continuer d’être revendiquée. D’un côté nous trouvons les ultralibéraux qui utilisent l’Union pour mettre à mal les systèmes de protection sociale et les services publics nationaux. De l’autre côté, les nationalistes de tous poils qui rejettent l’Union pour mieux proposer le repli sur soi et les thèses les plus abjectes sur les étrangers. Face à eux, les progressistes européens doivent proposer des solutions communes à tous les États membres puisque les populations européennes subissent les mêmes mauvais coups, la même austérité. Ainsi, je vois dans l’Union européenne une forme d’internationalisme.

Un mot sur l’euro. Le haut niveau de l’euro peut peut-être expliquer les mauvais chiffres de l’exportation française. En partie seulement. En effet, avec la même monnaie, l’Allemagne connait des records d’exportations. Le problème se situe donc ailleurs et notamment dans la disparition de l’industrie française. En outre, il faut reconnaître les effets mécaniques économiques d’une sortie de l’euro sur l’inflation et en particulier sur le prix des énergies fossiles, pétrole en tête.

Enfin, il m’arrive d’entendre qu’en quittant l’Union, la France, qui ne serait plus supervisée par Bruxelles, retrouverait sa liberté et entrerait dans une ère nouvelle. Cette idée est non seulement fausse mais démontre surtout une certaine méconnaissance des liens qui existent entre les pouvoirs européens et français. Il est vrai que la classe dirigeante française montre du doigt Bruxelles comme si elle était responsable de tous nos maux et qu’elle nous imposerait, seule, nos politiques internes.

Non, non et trois fois non. Ces politiques ultralibérales et de rigueur sont déterminées et acceptées par les dirigeants français. Union européenne ou non, c’est bien le contenu de ces politiques que le gouvernement français entend poursuivre. Outre le poids de la France au sein du Conseil européen qui détermine les grandes orientations politiques européennes, il faut savoir que les postes-clés communautaires sont souvent détenus par des Français. Ainsi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, est l’ancien gouverneur de la Banque de France ; Michel Barnier, ancien ministre, est Commissaire européen en charge du portefeuille le plus important, à savoir le marché intérieur et les services. Joseph Daul est le président du groupe parlementaire PPE (Parti populaire européen, où siège l’UMP française), le plus important au Parlement européen. C’est également un Français, Pierre de Boissieu, qui occupe le poste de secrétaire général du Conseil de l’Union européenne. À ce titre, il organise, planifie puis contrôle les décisions des vingt-sept chefs d’État et de gouvernement. La diplomatie européenne est également chapeautée par un Français puisque c’est Pierre Vimont qui pilote, comme secrétaire général exécutif, le Service d’action extérieure européen. Sans compter les alliances et amitiés politiques de la France avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou l’Italie… Ne pas oublier également que la Constitution européenne, revenue sous la forme du Traité de Lisbonne a largement été concoctée par Valéry Giscard d’Estaing ! Politiquement, financièrement, diplomatiquement, la France est au cœur des choix européens. Les logiques française et européenne sont indissociables.

Aussi, la question qui se pose à nous n’est pas celle de savoir s’il faut sortir de l’Europe, mais bien de réorienter les politiques européennes tant à Bruxelles que dans toutes les capitales européennes.

Quitter une organisation collective lorsque les décisions de celle-ci ne nous plaisent pas me paraît relever d’une certaine lâcheté et d’un manque criant de courage politique. En suivant cette logique, tous les opposants à Sarkozy devraient quitter la France en attendant l’arrivée au pouvoir d’un président plus proche de leurs opinions. Si les progressistes européens tenaient la barre dans l’Union et mettaient en place une véritable Europe sociale, quel discours tiendraient ces eurosceptiques primaires ?

La démocratie, c’est aussi savoir attendre son tour…

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