La droite est au pouvoir depuis 2002. Presque 10 ans qu’elle est en charge des finances de notre pays. Les mesures d’austérité présentées par le Premier ministre sont donc avant tout un aveu d’échec : la droite est contrainte de combler un déficit abyssal qu’elle a elle-même creusé.
François Fillon a également répété à de nombreuses reprises que cette austérité s’imposait afin de « retrouver la confiance des marchés ». Les Français seront heureux d’apprendre que pour le Premier ministre les marchés comptent plus que leurs propres conditions de vie. Il ne sert à rien au gouvernement d’user de la méthode Coué. Ce n’est pas en répétant à tort et à travers que les « efforts sont équitablement répartis » qu’ils le sont pour autant. Bien au contraire.
La fameuse taxe de 3% sur les méga-revenus est une vaste fumisterie. D’abord parce qu’elle est temporaire. Ensuite, parce que les ultra-riches bénéficieront encore du bouclier fiscal jusqu’en 2013 et qu’ils en ont largement bénéficié ces dernières années. Sans compter que cette taxe temporaire rapportera 200 millions d’euros, une goutte d’eau comparé à la réduction de 2 milliards d’euros de l’impôt sur la fortune. Le gouvernement reprend d’une main un dixième de ce qu’il leur offre de l’autre. C’est une véritable insulte aux couches moyennes et modeste.
Par ailleurs, regardons de plus près pourquoi cette taxe rapportera aussi peu. Le prélèvement de 3 % ne s’appliquera qu’à la part des revenus excédant le seuil de 500 000 euros. Ainsi, une personne gagnant 700 000 euros par an (soit 58 000 euros par mois !) devra payer 3 % d’impôts supplémentaires sur les 200 000 euros excédant le seuil de 500 000 euros. 3 % de 200 000 = 6000 euros par an (soit 500 euros par mois). Cette taxe n’augmentera donc que de 500 euros l’imposition d’un contribuable gagnant 700 000 euros par an. Est-ce cela que Madame Pécresse appelle les « efforts équitablement répartis » ?
La même Madame Pécresse (décidément en forme), jeudi 25 août sur France Inter, est allée jusqu’à reconnaître ce que tout le monde sait depuis des années : la défiscalisation des heures supplémentaires n’a produit qu’un effet d’aubaine et n’a eu aucune conséquence positive sur l’emploi. En effet, des heures sup’ jusque-là effectuées mais non déclarées comme telles l’ont été pour bénéficier de ce cadeau fiscal. Madame Pécresse le découvre… Un rapport parlementaire des députés Jean Mallot (PS) et Jean-Pierre Gorges (UMP) l’a pourtant déjà souligné.
A côté de ces annonces cyniques, qui permettent aux ultra-riches de continuer à rire et à s’enrichir sur le dos du plus grand nombre, d’autres ne feront pas du tout rire. Toujours dans l’optique de « répartir équitablement les efforts », la droite a décidé de taper dans le porte-monnaie des plus modestes et des classes moyennes.
COMPLEMENTAIRES SANTE
Le taux de la taxe sur les conventions d’assurance applicables aux contrats solidaires et responsables passera de 3,5 à 7%. Le taux applicable aux autres contrats de complémentaires santé passera de 7 à 9 %. Les assurances n’étant pas philanthropes, ces hausses seront bien sûr répercutées sur les assurés : 1,2 milliard de hausse pour ces derniers ! (Au passage : 6 fois plus de recettes que la taxe sur les ultra-riches !) Mais bon, puisqu’il faut « répartir équitablement les efforts »…
LOISIRS
Le taux de TVA applicable aux entrées dans les parcs d’attraction passera de 5,5 à 19,6 %.
TABAC
Le prix du tabac augmentera de 6% en 2011 et 2012. A noter que la raison invoquée – souci de santé publique – est « fumeuse ». En effet, les spécialistes en tabacologie affirment que pour être dissuasif, le prix du tabac devrait augmenter bien plus. L’objectif ici est donc loin de toute considération sanitaire. Il s’agit surtout d’aller chercher quelques millions d’euros dans les poches du plus grand nombre.
BOISSONS
Les alcools forts titrant 40° connaitront une augmentation de 90 centimes par litre. La TVA sur les boissons sucrées passera de 5,5 à 19,6%. Ainsi les enfants (souvent consommateurs de ce type de boissons) sont également mis à contribution. Mamie Bettencourt peut dormir tranquille, les enfants paieront ce qu’elle ne veut pas payer (ou ce qu’elle préfère voler à la communauté nationale avec ses placements financiers à l’étranger).
En revanche, pas un mot sur la lutte contre la fraude fiscale qui représente pourtant 40 milliards d’euros par an. Pas un mot sur les niches fiscales coûteuses comme la niche Copé (20 milliards d’euros pour un taux réduit sur les plus-values de cession de titres des entreprises) ! Pas un mot sur les niches permettant de défiscaliser les bijoux, les œuvres d’art, les chevaux de course… Pas un mot sur l’écart entre la taxation du travail et du capital. Pas un mot sur les écarts mirobolants de salaires…
NON ! Le seul maître mot, selon Fillon, c’est le « marché ». Ainsi, il sacrifie l’avenir du pays sur l’autel des marchés financiers. Si pour François Fillon « le seuil de tolérance à l’endettement est dépassé», pour les salariés, le seuil de tolérance à la politique sarkozyste l’est aussi.