bernard frederick 12 2012

Nationalisme ou capitalisme ?

bernard frederick 12 2012 On a entendu ces derniers jours un déluge de reproches faits aux Allemands, dans des termes qui, le plus souvent, rappellent le vocabulaire qu’on employait couramment  à la veille de 14-18 et dans l’entre deux guerres.

Le pays de Mme Merkel n’est certainement pas peuplé de doux agneaux francophiles et nourrit une ambition pour l’Europe qui est d’abord une ambition pour l’Allemagne, redevenue centrale sur le vieux continent depuis la chute du Mur comme elle fut tout au long des 18ème et 19ème siècles et dans la première partie du 20ème.

Est-ce à dire que les différents franco-allemands proviendraient du nationalisme d’outre- Rhin, la France se drapant, elle, dans un bel universalisme ? On peut en douter, primo parce que le nationalisme français n’est pas moins actif, à droite et malheureusement dans une partie non négligeable de la gauche et parce que, secundo, le fond du problème n’est pas là.

Or c’est ce fond qu’on s’évertue à cacher par calcul, par facilité et par ignorance.  Le différent et la différence entre la France et l’Allemagne sont le résultat du développement inégal du capitalisme, lequel est entièrement responsable de la crise actuelle – c’est SA crise – et de la fuite en avant qui préside aux politiques dites de « sortie » de cette crise.

Dans ces conditions le problème principal n’est pas que Mme Merkel jouerait les « Bismarck » et Nicolas Sarkozy les « Daladier ». Mais qu’est-ce qui donne cette puissance à la chancelière ? Et qu’est-ce qui rend si inconfortable la position du président ?

En Allemagne, huit millions de personnes, soit 33 % de la population active, travaillent dans l’industrie. Moitié moins en France où plus de deux millions d’emplois ont été détruits depuis 1978. La RFA est, aujourd’hui, la plus grande puissance européenne et le troisième exportateur mondial, notamment en produits manufacturés. L’industrie est le premier poste pour l’Allemagne quand c’est le tourisme pour notre pays.

Tandis que la France d’après guerre, moins ruinée que sa voisine d’outre –Rhin, peinait à se reconstruire, la RFA, poste avancé des Occidentaux à la frontière du « camp » socialiste, bénéficiait des plus grandes largesses, notamment de la par des États-Unis, grâce aux quelles son PNB a triplé de 1950 à 1967. L’industrie allemande a ainsi très vite retrouvé son niveau d’avant-guerre, dans l’automobile, la chimie, l’industrie mécanique et électronique, etc. A la fin des années cinquante, elle était la seconde économie industrielle mondiale. C’est ce qu’on appela le Wirtschaftswunder – le « miracle allemand », enfant du Plan Marshal et du Pacte atlantique.

Tout cela ne signifie pas que la domination du capitalisme rhénan est inscrite dans le marbre et que le gouvernement français n’a d’autres choix que de capituler. Ce n’est pas au nom de la Nation que Sarkozy, en effet, s’incline devant Mme Merkel mais au nom des intérêts des Marchés qui ont, aujourd’hui, bien moins de patries que es prolétaires. Les nationalismes n’on rien à voir là-dedans sinon, hélas !, servir de béquilles aux plus démunis, aux plus fragiles, à ceux qui n’ont plus aucun espoir et à qui on désigne l’Autre, l’étranger, comme cause de leurs maux.

La gauche se tromperait et tromperait lourdement le peuple si elle sacrifiait à la démagogie un peu facile mais infiniment dangereuse du nationalisme plutôt que se consacrer à dénoncer ls vraies responsabilités économiques et politiques du capitalisme et de ses serviteurs, toujours solidaires quand il s’agit de faire payer aux peuples la faillite de leur système.

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