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Plan de relance du Gouvernement : Le puéril jeune !

Après l’annonce du plan de relance de l’économie et du plan « 1 jeune, 1 solution », je ne peux que déplorer et dénoncer l’absence de réponse à l’urgence sociale dans laquelle les jeunes surnagent depuis le début de l’épidémie.

Je prendrai un exemple de mon quotidien professionnel pour l’illustrer. H., 21 ans, est titulaire d’un Bac Pro dans le domaine de l’accueil et de la relation client, mais, ne trouvant pas de travail, elle a fini par accepter, en janvier 2020, un emploi d’auxiliaire de vie sociale chez les particuliers. Durant le confinement, elle est contrainte de continuer à gagner sa vie. Comme elle travaille à temps partiel, la Garantie Jeunes (dispositif de la mission locale) lui verse une allocation en complément. Mais la situation se dégrade : elle fait des kilomètres en bus chaque jour pour aller d’un bénéficiaire à un autre, sans temps de pause bien souvent et elle achète ses propres masques car son employeur ne lui en fournit pas. En juin dernier, elle craque et démissionne de son travail tout en cherchant un autre emploi plus valorisant. Elle finit par décrocher une mission de service civique, ce qui lui assure un maigre salaire mais la maintient dans la précarité.

Des jeunes dans une telle situation, il y en a des milliers : les journaux les appellent les « oubliés de la Covid 19 ». Etudiants contraints à la galère pour se nourrir et se loger, jeunes diplômés en Licence qui sont préparateurs de commandes dans la grande distribution, intérimaires sans missions, jeunes sans qualification prêts à accepter n’importe quoi, quand ils ne cèdent pas à la tentation des réseaux et des trafics. La jeunesse s’ensauvage, disent-ils à droite et au gouvernement ? Mais le monde qu’on leur propose est lui-même sauvage, mesquin, cynique, précaire. Rien ne justifie les violences et la délinquance, d’où qu’elles viennent et quelles qu’en soient les victimes. On peut cependant tenter d’en comprendre certaines raisons.

Un plan de 6,5 milliards d’euros prétend favoriser l’insertion et l’emploi pour l’insertion de750 000 jeunes. Si le soutien à la formation professionnelle, à l’apprentissage et à l’embauche constitue, sans aucun doute, une série de bons leviers, en revanche, depuis le CICE, le Mouvement des Progressistes demande que l’Etat s’assure des contreparties réalisées par les entreprises qui reçoivent ces aides, surtout les plus grandes. Le temps de la mise en œuvre de cet énième plan et du renforcement des moyens de l’insertion, rien ne sera réglé sur l’urgence sociale, qui frappe durement les jeunes (et les familles, les personnes âgées ou en situation de handicap). La mise en place d’un revenu minimum, quel que soit son nom, nous revient comme un boomerang. Enfin, il est urgent de sanctuariser le service public de l’insertion et de l’emploi (Pôle Emploi, missions locales, plans locaux pour l’insertion et l’emploi…) afin de lui donner des moyens financiers et humains et de décloisonner tous les dispositifs qui se chevauchent entre eux et qui, pour des raisons de financements multiples, ne sont pas compatibles entre eux.

Ostensiblement, le gouvernement choisit de ne pas prendre ce chemin-là.

Nicolas Céléguègne
Délégué national du MDP à l’emploi et à la formation professionnelle

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