Ce texte est un document de travail et doit être pris comme une base de discussion au sein du MUP. Ce texte est ouvert et nous vous invitons à le commenter, l’amender et l’enrichir par vos analyses pour alimenter le débat au sein du mouvement.
Chaque citoyen, chaque groupe ou mouvement de citoyens, est en droit et en devoir de participer au débat sur la sécurité, débat tout à fait légitime au demeurant au regard de l’intensité et de la gravité des violences urbaines actuelles. C’est donc la vocation du Mouvement Unitaire Progressiste, au nom des forces de gauche et de progrès, d’apporter sa contribution au débat en question. Il le fait aujourd’hui, en sortant des schémas traditionnels de pensée. Il n’est plus temps, en effet, de se demander si le problème de l’insécurité sera résolu par la répression (c’est la position immuable de Nicolas Sarkozy) ou par la prévention (qui a souvent été le choix privilégié de la gauche). L’une et l’autre, même conjuguées, ont globalement failli, l’une, la répression, plus que l’autre, la prévention, malgré tout. Combien de temps faudra-t-il redire que la répression – qui n’est que colère, disait Nietzche – n’a jamais résolu aucun problème social ? Qu’elle ne suffit même pas toujours à calmer et rassurer l’opinion publique ? Quant à la prévention (qui est déjà une punition : ne stigmatise-t-elle pas a priori certaines catégories de population ?), même fondée sur le partenariat des élus locaux et des acteurs de terrain, sous la forme fréquente des contrats locaux de sécurité, ne montre-t-elle pas aujourd’hui toutes ses limites dans le traitement de la violence ? Utile, ce partenariat, qui devrait aussi inclure les associations de jeunes, n’est désormais plus suffisant.
Face à l’épineuse question des violences urbaines, qui concernent largement la population juvénile, il faut donc innover. Nous n’avons à cet égard que trop tarder. Alors que certains incidents de banlieue ressemblent de plus en plus à des scènes de far-west, chacun tirant désormais sur chacun, sans scrupule ni honte, nous devons d’abord obtenir un « répit social ». Sachant que le « noyau dur » du problème se situe dans de très dégradées relations entre la jeunesse et les forces de l’ordre, nous proposons d’instaurer un cessez-le-feu. Que chacun des adversaires dépose les armes, jeunes d’un côté, policiers de l’autre (ces derniers, rappelons-le, ne sont de toute façon autorisés à n’user de leurs armes qu’en cas de légitime défense ou pour se protéger). Que l’Etat s’engage avec les forces économiques à examiner le cas de chaque jeune et à lui assurer une autonomie sociale. Ensuite, il sera temps d’ouvrir un « Grenelle de la sécurité et de la tranquillité publique ».
Cette étape de réflexion est importante, elle doit permettre, sans a priori ni préjugé, d’abord de re-connaître les raisons objectives et subjectives de cette violence, qui mine profondément notre société. Un tissu social dégradé, une conjoncture économique marquée par un chômage de masse, une précarité banalisée, un mal-logement persistant, sont facteurs de violence et de souffrance (celle-ci, on l’oublie trop, générant souvent celle-là). Ces situations objectives malfaisantes doivent être combattues encore et encore, avec obstination : il y va de la paix sociale ! De la même façon, nous semble-t-il urgent de lutter résolument contre les raisons subjectives qui président aux violences dans la ville. Celles-ci s’appellent, chez les jeunes, « manque de considération sociale « , « manque de respect », sentiment d’inutilité sociale ou d’abandon personnel, « manque de citoyenneté » en somme. Il s’agit de redonner de la dignité à ces jeunes mal-aimés qui sont aussi les plus démunis, scolairement, professionnellement. Mais il faut aussi, reconnaissant, honnêtement, les difficultés des forces de l’ordre dans leur travail quotidien, reconsidérer, et cela dans le propre intérêt de ces forces, leurs missions et leurs moyens car ceux-ci sont notoirement insuffisants : 9 000 policiers et gendarmes en moins en trois ans (et ce n’est qu’un début), c’est une aberration ! C’est la porte ouverte au développement effréné des polices municipales et des polices privées ainsi que des systèmes de vidéosurveillance (dont l’inefficacité dans l’espace public est démontrée par toutes les études). Ce n’est donc pas une bonne chose. La sécurité nationale doit rester du ressort d’une police d’Etat, les autres polices n’ayant vocation qu’à être des forces d’appoint, avec missions premières de protection et de secours. S’agissant des missions de la police d’Etat, il n’est pas souhaitable qu’elles se réduisent à la répression et à l’investigation, comme le suggère M. Hortefeux. La raison d’être de cette police, comme de toute police dans un Etat de droit, démocratique de surcroît, est la protection, l’assistance et la sécurisation des citoyens. C’est la communication au quotidien, l’immersion paisible dans le tissu urbain (et rural), qui doit prévaloir pour elle. Oui, il faut réinstituer la « police de proximité » mise en place par la gauche plurielle en 1997, mais en faire davantage une « police sociale » de dialogue et de protection.Tel n’est pas le sens des Unités territoriales de Quartier, mises en place par la droite, qui ne sont qu’un quadrillage répressif, une surveillance au quotidien. Police nationale et locales de proximité d’un côté, police de maintien de l’ordre et d’investigation de l’autre. Ce sont peut-être les deux polices dont notre pays a besoin, sans confusion des genres.
Chacun aura compris que la future politique de sécurité, celle que nous préconisons et dont nous souhaitons qu’elle soit celle de la gauche revenue aux affaires, devra reposer sur les principes positifs de dialogue, de communication, de respect. C’est de médiation dont nous avons besoin aujourd’hui. Médiation : peut-être l’unique et dernier moyen de rétablir la paix sociale. C’est aussi l’espoir pour tous, et d’abord pour les jeunes exclus ou en voie de l’être, que nous devons rétablir. Mélangeant l’une (la médiation) et l’autre (l’espoir), nous concluerons en rappelant que la médiation qui porte une vision positive de l’homme, qui croit en ses capacités permanentes de changement, est une formidable posture d’espoir.