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Projet de Loi El Khomri : c’est une autre réforme qu’il nous faut !

Le Gouvernement a été amené à revoir la copie de son projet de loi visant à faire évoluer le code du travail. Dont acte.

Quoi de plus normal après l’erreur commise en tentant de modifier de manière substantielle les règles de vie dans l’entreprise sans passer par le nécessaire dialogue social ?

Et que dire de la manière de passer outre les préconisations, pour certaines contestables, formulées par Robert Badinter dans son rapport sur l’avenir des relations sociales dans l’entreprise ?

En snobant les partenaires sociaux sur cette question essentielle, le Gouvernement, déjà en grande difficulté sur la déchéance de nationalité, n’a fait qu’amplifier et fédérer les incompréhensions et les colères d’une jeunesse qui se sent plus que jamais abandonnée.

Et penser avancer en divisant en deux clans les mondes du travail et de la jeunesse, l’un dit « réformiste », l’autre dit « conservateur », est contre productif. En agissant ainsi, le gouvernement omet non seulement de rappeler ses nombreuses démarches de libéralisation du marché du travail (lois Sapin, Rebsamen…) mais aussi que le patronat, non reconnaissant, continue à licencier massivement notamment dans les grandes entreprises.

Ainsi, lier de prétendus succès extérieurs au bon sens de salariés qui partout ailleurs accepteraient les réformes ne tient pas. Ce discours officiel est inquiétant quand, dans la bouche et les portefeuilles de nos élites, les réformes ne se mesurent qu’à l’aune de la compétitivité et de la compétition économique.

C’est par ailleurs travestir la réalité que d’asséner que les réformes engagées dans d’autres pays auraient été partagées par de dociles et plus intelligents partenaires sociaux. Sur ce point, les syndicats européens rappellent d’ailleurs sans cesse que, dans chaque pays, la recherche du moins disant social caractérise l’ensemble des réformes demandées.

Le 1er Ministre ainsi que la Ministre du Travail savent très bien que la possibilité de licencier plus aisément ne mène nullement à la création d’emplois pérennes et que cela favorise, au contraire, l’instauration de nouvelles précarités. Des précarités qui créent des phénomènes de société inquiétants à l’image de l’Allemagne et de l’Italie où les baisses de la natalité témoignent de la crainte de générations entières à s’engager pour l’avenir.

Tel qu’il demeure, ce projet de loi est inacceptable en ce qu’il reste non seulement empreint de choix visant à ne pas sécuriser les parcours salariaux, à amoindrir le rôle des partenaires sociaux mais qu’il entérine également le fait que ce Gouvernement se refuse à responsabiliser différemment les petites et les grandes entreprises en matière d’emploi et de parcours professionnels. 

Cela traduit indéniablement un manque de courage et peut laisser entendre que, pour le gouvernement, le résultat économique et le moral du monde des affaires primeraient sur la qualité d’un développement plus respectueux de l’activité humaine.

Il est encore temps de retirer ce texte et de préparer une autre réforme car il y a besoin d’un code du travail qui, dans la diversité des situations et des évolutions que nous vivons, responsabilise et soit utile à tous.   

Oui, il est temps de réformer mais pour dépasser une économie qui, actuellement, fait du salariat et de ses droits une variable d’ajustement et impose une concurrence antisociale toujours plus grande.

Pour le mouvement des Progressistes (mdP), le rôle du Gouvernement est d’abord et avant tout de répondre aux inquiétudes qui demeurent entières.      

Contact Presse : Laurent Dumond – 06 50 65 60 13

Paris, le 17 mars 2016

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