yannick maurice

Quelques réflexions sur les rythmes scolaires.

yannickmauricePar Yannick Maurice, Maire-adjointe d’Eragny-sur-Oise, membre de l’exécutif national du MUP.

La semaine de 4 jours et demi, que les enseignants ont toujours reconnue comme nécessaire pour un meilleur étalement des temps d’apprentissage des enfants, est aujourd’hui l’objet d’une fronde qui s’est levée alors même que les représentants de la profession, toutes tendances confondues, l’avaient préconisée, validée et soutenue dans le cadre, notamment, de la préparation de la campagne des élections présidentielles du candidat François Hollande et de la priorité à la jeunesse et en particulier dans l’élaboration des mesures concernant l’école primaire.

Certes, il est nécessaire de réaffirmer aussi que la réorganisation de la semaine scolaire n’est pas la refondation de l’école, nous en sommes bien d’accord, mais focaliser le débat sur ce point bloque, à ce jour, toute démarche de réflexion, de redéfinition des cohérences et des articulations à trouver dans l’action des différents acteurs qui interviennent sur la totalité du champ éducatif, de revoir à travers les projets d’école déjà existants leur inscription dans des projets territoriaux.

Je regrette profondément d’entendre ici et là toute sorte de gens s’autorisant à déclarer que rien ne changera pour les élèves qui continueront à fréquenter l’école de 8h30 à 16h30 avec une demi-journée supplémentaire, imposant, de prime abord, l’affirmation que la fréquentation de l’école n’est que contrainte et fatigue.

Rappelons juste que l’accueil de 27 heures dans ce lieu « école » ne représente que 16% du temps de vie totale d’un enfant par semaine et, à peine, 30% de son temps d’éveil.

Dans le même temps, on ne pose jamais la question de la fatigue des activités extrascolaires qui sont parfois tout aussi, sinon plus, consommatrices d’énergie, d’attention et de concentration (certains sports, apprentissage de la musique…), du trop de temps passé devant les écrans télé, consoles et ordinateurs… là on ne les évoque qu’en terme de bien être et de plaisir!

Or, voilà ce qui doit être l’ambition d’une refondation de l’école : refaire de ce lieu et de ce temps un lieu de plaisir d’apprendre, un temps de bien être.

Si on persiste à mettre en avant cette idée que le temps d’école est un temps pénible pour les enfants, et si la qualité de ce temps d’accueil à l’école n’est pas mise au centre des préoccupations de tous les acteurs, enseignants, parents, collectivités et acteurs éducatifs, pour le bien-être de tous les enfants, il sera alors fortement illusoire de croire que les autres éléments de la refondation contenus dans le projet de loi auront une quelconque utilité.

Le si mauvais accueil du décret sur les rythmes scolaires montre, s’il en était besoin, l’urgence de redéfinir les missions de l’école publique, le rôle des enseignants (tant dévalorisé ces dernières années), la nécessité de travailler en concertation entre tous les acteurs de l’éducation, dans l’intérêt de tous les enfants.

Certes, le calendrier est contraint, mais la co-élaboration d’un projet prend du temps et de l’énergie et la confrontation des points de vue n’est pas toujours facile. C’est bien là l’intérêt de démarrer de suite partout où cela est possible.

Certes, les collectivités n’ont pas toutes la volonté ou la possibilité de faire le maximum au bénéfice des enfants et des inégalités existeront, mais n’est-ce pas déjà le cas? Restauration, activités périscolaires ne sont pas organisées partout et leurs coûts pour les familles ont toujours été à la discrétion des communes.

Certes, l’inégalité des territoires dont les collectivités ont la libre administration doit être combattue mais elle ne peut être mise en avant ni comme raison suffisante pour refuser des avancées partout où elles sont possibles, ni comme excuse à l’immobilisme.

Je suis intimement persuadée que reporter à 2014 n’est aucunement la garantie qu’une construction de projets partagés pourra un jour exister. Le calendrier des élections municipales d’octobre 2013 à début mai 2014 (campagne et remise en marche des communes) ne laisse aucun temps supplémentaire à cette construction.

Reculer ne sera pas pour mieux sauter mais compliquera singulièrement l’avancée des projets.

Alors, dans les communes où enseignants, parents, associations, et tous acteurs éducatifs sont sollicités pour réinventer leur école, ne laissons pas échapper cette possibilité, et choisissons de tout faire, dès maintenant, pour améliorer l’accueil des enfants et la réussite de tous les élèves.

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