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Réflexions sur l’écologie sociale et progressiste.

laurentChavanette_Copier Par Laurent Chavanette, Délégué du MUP Aude.

Nous entendons de plus en plus, du fait de la crise qui frappe le monde actuel, parler d’épuisement du système néo-libéral. Aux vues de l’ampleur du phénomène et de son caractère international, on est en droit de penser qu’il s’agit non seulement d’une crise mais bel et bien de l’effondrement d’un système. Face à la complexité et à l’ampleur de ce qu’il faudrait faire nous pourrions nous laisser aller au découragement.

Mais une autre perspective peut tout de même jaillir ! Et ne serait-ce pas alors l’occasion formidable d’imaginer de nouvelles solutions ? C’est là que, sur les bases de l’idée du collectif, des idéaux de gauche et de l’écologie politique, peuvent, avec de l’imagination, émerger des solutions.

La crise sociale et la crise environementale, nous pouvons le constater, ne sont que les deux faces d’une même médaille. Elles se répondent l’une à l’autre, s’influencent mutuellement et s’aggravent corrélativement. L’oligarchie prédatrice des couches dominantes et le système capitaliste sont les agents principaux de cette double crise. Nous arrivons au bout d’un système productiviste auquel succède nécessairement la saturation des marchés et la décomposition sociale. La crise mondiale n’est pas seulement financière et sociale, c’est d’abord une crise de surexploitation et de gaspillage effrené basée sur la seule spéculation sans prise en compte des capacités de la planète et des hommes.

Depuis le milieu du XIXè siècle, de la révolution industrielle, les atteintes à l’environnement ont pris une ampleur devenue aujourd’hui intolérable et seront bientôt invivables.

Nous pouvons aller jusqu’à dire que le développement « à l’occidentale » qui est imité par les pays émergents, comme la Chine par exemple, sera bientôt du sous-développement car il draine derrière lui les maux de la société thermo-industrielle, urbanisation non contrôlée, travail forcé, épuisement des ressources non renouvelables, empoisonnements, prolifération des gaz à effet de serre…

Nous devons non plus voir ces deux crises comme deux poblèmes distincts à régler, l’un puis l’autre, mais comme les conséquences liées à un système ultra libéral global. La pauvreté s’acroit et nos modes de développement et de consomations puisent plus de ressources dans l’année que ce que la planète en produit : ce système étouffe les plus défavorisés, étouffe la nature.

Il ne faut pas pour cela céder au fatalisme de genre « il y aura toujours des pauvres » ou « quand la nature n’en pourra plus on ne sera plus là » mais, au contraire, analyser la situation et, avec imagination et optimisme, chercher de nouvelles solutions qui puissent régler en même temps ces deux crises.

Les nouvelles priorités et les axes de reflexion sont très nombreux ; les pouvoirs publics doivent mettre à l’ordre du jour ces questions :

–      Vision à long terme sur les questions de développement,

–      Préparer une reconvertion industrielle, l’éco-efficacité à tous les stades de la production et de la consommation doit devenir une réalité, il s’agit de mettre sur le marché des produits écologiques à des prix abordables, de développer les filières écologiques dans le cadre d’une réelle politique industrielle,

–      Diminution des gaz à effets de serre,

–    Diminution de la consommation d’énergie et surtout réfléchir à la société de l’après pétrole, énergie fossile non-renouvelable, car la civilisation industrielle s’appuie sur la consommation de ressources énergétiques qui sont intrinsèquement limitées en quantité et sur le point de devenir rares,

–      Promouvoir et soutenir par tout les moyens les politiques de développement durable,

–      Privilégier, démocratiser et donner l’accés à tous aux technologies propres (par exemple l’énergie solaire),

–      Favoriser, développer et rendre accessibles à tous les transports en communs,

–      Favoriser les politiques « éco-sociales » a tous les échelons (local, régional, national et européen),

–      Stopper le pillage des ressources du Tiers Monde créant dépendance politique et économique,

–      Aller vers l’Europe sociale et faire d’elle le leader de la lutte contre le changement climatique,

–      Réfléchir à un statut de réfugié climatique qui n’existe pas aujourd’hui dans le droit international,

–      Faire avancer l’agro-écologie et s’attaquer aux problèmes de spéculation sur les matières premières,

–    Repenser le terme de « croissance » qui ne tient pas compte des ressources non renouvelables et de la capacité de la planète à supporter les dégradations que lui infligent nos modes de développement,

–      Opérer au changement le plus difficile : la représentation de notre vie.

Certes, on ne pourra pas changer les choses d’un seul coup mais, petit à petit, nous pouvons avancer.

Les solutions écologiques (chauffage solaire, produits bio, voiture écologique…) ne sont pas accessibles à tous. L’efficacité de l’écologie sociale ne sera effective que quand elle sera populaire. Elles sont aujourd’hui essentiellement utilisées par les couches favorisées de la société car le pouvoir d’achat des couches populaires ne leur permet pas d’acceder à ces pratiques. De ce fait, les solutions écologiques actuellement promues continuent à être considérées comme du luxe.

Une méconnaissance par manque de pédagogie de la consommation bio en général est aussi un élément de cette problématique. Dès l’école, un apprentissage à consommer responsable à partir d’une éthique pourrait être envisagé …

Des solutions existent au niveau local, les rechercher et les populariser est possible, avec de la volonté politique bien sûr ! Le precepte de « Penser global, Agir local » prend ici toute sa pertinence. Dites très simplement, les solutions doivent être en même temps bonnes pour la nature et bonnes pour les petits portes-monnaie ! Par exemple, une TVA à 5.5 % sur les produits issus de l’agriculture biologique et plus généralement sur ce qui est produit dans le respect de l’environement pourrait exister, ce qui inciterait les consommateurs à se tourner vers ces produits, comme l’a récemment proposé le gouvernement avec une aide pour l’isolation des logements (principale cause de consommation d’énergie) qui doit être renforcée. Dans le même esprit, la baisse de la TVA pour la construction de logements sociaux est une bonne chose.

Quelques exemples d’initiatives locales :

–      Des maisons écologiques à 100 000 Euros ont vu le jour en Seine Saint Denis,

–      Le stade de St Etienne, équipé de panneaux solaires pour son éclairage, revend son surplus à EDF qui peut le revendre au consommateur à bas prix,

–      A Mérignac, en Gironde, la municipalité offre à ses administrés un Pack écologique (aide financière aux habitants pour l’achat d’économiseurs d’eau, de récupérateurs d’eau de pluie, de composteurs). Aux habitants des logements sociaux, la municipalité livre deux appareils : un aérateur et un réducteur de pression de douche (ce qui fait économiser 20% de consommation d’eau).

–      Le guide du réemploi à Rennes incite ses habitants à réparer, louer, vendre ou échanger leurs objets, 90 pages qui recenssent 600 professionnels de la réparation et de l’occasion. Rennes métropole a mis en place une recyclerie en partenariat avec Emmaus pour valoriser les objets assurés par des personnels en réinsertion, Il faudrait développer nationalement des bourses d’échanges d’objets pour sortir du « je jette et j’achète ».

–      A Nantes : Lancement d’un dispositif de tri par reconnaissance optique des sacs de déchets,

–      A Montpellier, en Juin 2008, les habitants ont vu arriver une nouvelle poubelle orange pour récolter les bio-déchets (restes de blanquette, épluchures, fleurs fanées par exemple …). Un service spécial les collecte une fois par semaine pour les transférer vers une nouvelle usine de méthanisation, Ametyst. Soumis à l’action de bactéries dans un « digesteur », les déchets produisent du compost, revendu aux agriculteurs, ou du biogaz, que Montpellier envisage de commercialiser à EDF une fois les tarifs négociés.

–      A Dunkerque, a été créé un lieu dédié au développement durable. L’objectif : expliquer les grands enjeux et les gestes à accomplir au quotidien pour préserver l’environnement à l’aide de murs d’images et de bornes interactives pour expliquer de quelle manière réduire sa consommation d’énergie ou produire moins de déchets. La Maison 3D invite les habitants à découvrir les sites et équipements de la ville dédiés au développement durable : la nouvelle station d’épuration, les bus à hydrogène ou le parc zoologique.

–      A Honfleur, a été créée une crêche écologique où l’on mange bio (fruits et légumes achetés sur la marché local le mercredi), les enfants portent des couches lavables (lessive écologique). La peinture des murs ne contient pas de solvant, le sol est en caoutchouc naturel, l’eau est chauffée avec l’énergie solaire, l’eau de pluie est récupérée pour l’arrosage des pelouses. L’ hiver, la crêche se chauffe au moyen d’une chaudière à bois biomasse, autrement dit avec du bois recyclé. Pour limiter sa consommation d’energie, l’espace de 400 M2 privilégie la lumière naturelle grâce à de grandes baies vitrées et une orientation plein sud. Une école devrait s’ouvrir sur ce modèle. Le maire explique que tout cela a un coût mais que cela ne coûte pas plus cher que les établissements traditionnels grâce aux économies d’énergie réalisées.

Et ainsi de suite … la liste pourrait être longue …

Imaginons que toutes ces initiatives locales soit popularisées et mises en oeuvre au plan national ! Les choses changeraient dans le bon sens et de façon très significative !

D’autres solutions existent et d’autres restent à imaginer, notamment par rapport aux problèmes de santé publique, de transports, d’agriculture, d’industrie …

Le développement de filières écologiques devrait être mis en oeuvre, celles-ci seraient créatrices d’emplois et feraient fonctionner l’ économie réelle.

CONCLUSION

Ce modèle consummériste dans lequel nous vivons, le « consommer toujours plus », sans trop être regardant, est la règle même si les mentalités commencent à évoluer.

Le rôle du politique aujourd’hui doit être de proposer des solutions dans cet esprit, dans cette nouvelle façon d’aborder notre monde moderne. Il doit être à l’avant garde car il vaut mieux anticiper les problèmes et les solutionner démocratiquement que de se voir imposer des mesures d’urgence brutalement quand il sera trop tard.

Nous devons, dans notre logiciel de pensée et dans nos priorités, intégrer l’écologie comme étant une question centrale et transversale car, tout simplement et à tous les niveaux, ce sont les plus défavorisés qui prennent en premier, et pour longtemps, en pleine face les conséquences néfastes d’un mode de développement qui s’avère être obsolète au XXIème siècle.

Un nouveau socialisme, celui du XXIème siècle est à inventer : il doit être courageux, autocritique, volontaire, et écologique. Pour cela, la prise de conscience du monde dans lequel nous vivons est un préalable absolu. Certains écologistes ou spécialistes pensent que le socialisme d’aujourd’hui est encore fondé sur le matérialisme et l’idéologie du progrès du XIXème siècle : aillons le courage désormais de les faire mentir.

C’est parce que nous sommes de gauche, au sens général du terme, attachés à la justice, à la solidarité, au progrès, à l’émancipation de l’homme, à la défense des plus faibles que nous devons, dès aujourd’hui, avec un indispensable courage politique et la lucidité dont nous nous targuons, proposer de nouveaux modèles de développement et aller vers une société préventive, un socialisme humaniste, une écologie populaire.

Nous devons être en avance sur l’analyse du monde actuel  et être force de proposition sur ces sujets. Il ne faut pas voir cela comme une contrainte mais comme une formidable chance de proposer une lecture pragmatique du monde dans lequel nous vivons et de faire face aux défis de l’avenir.

Les actions individuelles et éparpillées ne suffiront pas, l’écologie politique doit être globale pour changer massivement les pratiques. Courage, conviction, pédagogie et volonté doivent être nos maîtres mots. Nous pouvons et devons y arriver.

Nos choix budgétaires, économiques et fiscaux doivent suivrent le sens de ces nouvelles priorités.

Le combat pour l’écologie politique et sociale est aussi le moyen de lutter contre le capitalisme et ses ravages car les notions d’exploitation, de profits immédiats et de gaspillage en sont issues.

En avant pour une social-écologie progressiste !

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