Eric Ciotti, le nouveau chef de LR, refuse un relèvement brutal de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. La députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet, proche d’Emmanuel Macron, a commenté ce refus : « je pense que la proposition de M. Ciotti est très responsable, c’est à dire d’être sur 64 ans avec, pourquoi pas, un panachage aussi sur l’accélération de la réforme Touraine (initialisée sous le quinquennat Hollande) qui augmente les annuités tous les 3 ans d’un trimestre ».
« C’est une très bonne méthode », a-t-elle insisté, soucieuse que la réforme puisse aboutir à une « acceptabilité sociale » dans un contexte de crise énergétique, de guerre et d’inflation, après 2 ans d’épidémie de Covid-19. Eric Ciotti a voulu rappeler que le groupe LR avait « la clé » à l’Assemblée nationale où la majorité présidentielle n’a pas la majorité absolue. « La réforme oui (mais) discutons le rythme et le calendrier de cette réforme », a expliqué M. Ciotti, affirmant que son groupe ne l’accepterait pas « à n’importe quel prix ».
Mme Panosyan-Bouvet a rappelé dans les débats que la France détenait le record en Europe des accidents mortels du travail : « On a plus d’accidents du travail qu’en Allemagne, alors qu’on a moins de métiers industriels ». Elle a évoqué « un vrai impensé autour des sujets de pénibilité et des conditions de travail en France ».
De leur côté le Ministère du Travail et les syndicats travaillent sur l’élargissement du compte prévisionnel de prévention (le C2P), c’est à dire sur le relèvement du nombre de points qu’un salarié exposé à plusieurs risques (travail de nuit, bruit, températures extrêmes…). qu’il peut acquérir pour partir jusqu’à deux ans plus tôt à la retraite.
Quant au Medef, M. De Bézieux son président, propose « un examen médical qui peut avoir lieu à 50 ans puis à 55 ans pour voir l’usure au travail (…) et à partir de là il y a trois solutions: soit la personne est encore physiquement capable de faire le métier et veut continuer ; soit elle peut travailler mais pas dans ce métier-là et on la forme pour changer de métier ; soit elle est usée physiquement et elle part plus tôt ». Concernant le vocable de la « retraite à points », le Conseil d’Etat a rendu un avis où il préfère parler d’un « système universel de retraite par points composé de régimes différenciés ». A l’international, le système de retraite français est plus favorable envers les retraités que les autres pays de l’OCDE. Toutefois, les réformes successives tendent à rapprocher ses caractéristiques de la moyenne de ces pays.
Selon un sondage IPSOS réalisé les 6 et 7 janvier 2020, 45% des Français estiment que le projet de réforme permettra d’aboutir à un système plus juste qu’actuellement, mais seuls 9% pensent qu’ils seront personnellement gagnants. Le concept d’âge d’équilibre est rejeté par 65% tandis que 74% estiment que la réforme ne prend pas suffisamment en compte la question de la pénibilité.
Le Mouvement des Progressistes, pour sa part, rejette une réforme des retraites qu’il juge injuste et inutile. Une réforme qui ne fera qu’amplifier aigreur et amertume dans un monde du travail hélas déjà bien éprouvé.
