Robert Hue au JDD : « La gauche vit dans une bulle ».

Robert-Hue_pics_390 Robert Hue est inquiet. Dans une tribune publiée mardi dans Libération, l’ancien secrétaire national du PCF pointe le risque d’une défaite de la gauche en 2012 si celle-ci ne se présente pas rassemblée devant les électeurs. Radicalement opposé à la stratégie du Front de gauche, celui qui, à la tête du Mouvement unitaire progressiste (MUP), attend davantage de considération de la part du PS, a dit, jeudi, ne pas exclure vouloir se présenter une troisième fois à la magistrature suprême. Pour leJDD.fr, le sénateur du Val-d’Oise précise sa pensée.

Pourquoi exprimer maintenant vos doutes quant à la victoire de la gauche en 2012?
Parce que j’estime que nous sommes à un moment assez crucial. J’ai l’impression que la gauche, portée par un certain nombre d’idées reçus et des sondages qui lui sont favorables, vit actuellement dans une bulle qui ne correspond pas à la réalité. Certes, Nicolas Sarkozy et la droite n’ont jamais été autant affaiblis, mais rien n’est plus dangereux que de penser que la victoire en 2012 est d’ores et déjà acquise. Avec le risque d’une multitude de candidatures, la gauche est confrontée au risque de la division et la division conduira inévitablement à l’échec. Et ce, quel que soit le candidat socialiste.

C’est donc pour cela que vous appelez à une candidature unique à gauche…
Pas unique, mais commune. Je plaide pour une candidature qui doit réunir, dès le premier tour, tous ceux qui peuvent se reconnaitre sur une base de grands principes nécessaires au changement, dans le cadre d’un accord politique cohérent en vue des législatives. Or, là, les primaires au PS vont faire émerger un candidat socialiste « pur sucre », sans prise en compte des aspirations des autres formations de gauche. Dans le même temps, on voit se constituer, avec le Front de gauche, un pôle de radicalité diviseur et non rassembleur. Cette bipolarisation me parait très dangereuse, alors que nous avons encore le temps de bâtir une gauche constructive, animée par une démarche commune.

La « campagne de différenciation brutale » du Front de gauche

Qu’est-ce qui vous gêne dans la démarche du Front de gauche?
Cette démarche, qui n’est pas unitaire, est à mon avis dangereuse. La campagne du Front de gauche sera une campagne de différenciation brutale avec le reste de la gauche, et surtout avec le Parti socialiste. Je suis très respectueux des hommes, et notamment de Jean-Luc Mélenchon, mais je suis en désaccord profond sur beaucoup de choses avec lui. Il se réclame par exemple d’une campagne de bruit, de fureur, de castagne. Moi, c’est le contraire: je suis sur une ligne unitaire et constructive. Je trouve que c’est plus efficace.

Avez-vous envie de lui lancer un appel au calme?
Non, je n’ai pas à m’immiscer dans la campagne que sont en train de construire Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste. Malgré tout, je persiste à penser que les orientations prises comportent énormément d’inconvénients par rapport à ce qui est l’objectif essentiel: battre la droite et Sarkozy.

Jeudi, sur France 3, vous n’avez pas exclu de vous présenter en 2012. Vous confirmez?
Je tiens à préciser ma pensée: s’il n’y a pas la recherche d’une candidature commune dès le premier tour – avec une responsabilité importante du Parti socialiste -, un certain nombre de responsables de formations politiques, certes plus modestes, pourraient être tentés de se présenter. Jean-Pierre Chevènement (président du Mouvement républicain et citoyen, ndlr) l’a déjà suggéré et le Parti radical n’est pas satisfait de sa relation avec le PS. Quant à moi, si je n’obtiens pas cette candidature commune – pour laquelle je me bats de toutes mes forces – je n’exclus pas de me présenter, effectivement, au nom du Mouvement unitaire progressiste (MUP), que je préside. Mais, pour l’heure, ça n’est pas à l’ordre du jour.

A vous entendre, tout dépend, finalement, de l’attitude du PS…
Absolument. La situation peut devenir difficile si le Parti socialiste ne tend pas la main à ses partenaires ou s’il le fait avec trop de parcimonie.

Nicolas Moscovici – leJDD.fr – vendredi 04 février 2011

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