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Robert Hue : “Aux régionales, la démarche d’alliance du PC est dramatique”

robert12 Sénateur du Val-d’Oise, Robert Hue a dirigé le Parti communiste français huit ans, de 1994 à 2002. Il est actuellement vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées de la Haute Assemblée.

FRANCE-SOIR. Vous venez de lancer le Mouvement unitaire progressiste. N’êtes-vous plus communiste ?
ROBERT HUE.
Au Sénat, je fais partie du groupe communiste, mais je suis communiste autrement ! Je n’ai plus rien à voir avec l’appareil ! En effet je suis en désaccord total avec la stratégie que conduit Marie-George Buffet, une stratégie de repli, et qui, à travers l’apparence d’un Front de gauche, crée les conditions pour empêcher toute avancée unitaire dans ce pays ! Or les élections européennes ont montré que l’alliance avec le parti de gauche n’apportait que quelques miettes au PC et qu’elle n’est pas de nature à en faire une force « propulsive » !

Ce mouvement, n’est-ce pas un parti de gauche de plus ?
Non, ce serait inutile ! Mais c’est décourageant de voir que face à la droite, la gauche est divisée et qu’elle a du mal à construire son alternative… Il y a aujourd’hui des dizaines de milliers de gens qui ne sont plus au Parti communiste, ou au Parti socialiste, qui représentent une influence importante dans la gauche ; ils n’ont plus envie d’entrer dans un parti politique car c’est un carcan, c’est trop rigide, cela oblige à adhérer à une démarche globale. L’heure est davantage à la transversalité sur des thèmes qu’aux accords globaux, c’est une des raisons pour lesquelles les jeunes ne veulent pas entrer dans des structures fermées, ils ont envie de faire de la politique, mais autrement… Il faut rassembler, et tout mon objectif, avec le Mouvement unitaire progressiste, c’est de créer un mouvement qui participe à une dynamique unitaire car sans l’union il n’y a pas de majorité de gauche dans ce pays.

Qui accompagne votre démarche ?
D’anciens communistes comme Bernard Frédéric, ancien rédacteur en chef adjoint de L’Huma, des syndicalistes, des gens qui ont été ou sont encore au PS, parce que mon mouvement permet la double appartenance. C’est cela, l’avenir des structures en politique ; je peux aussi citer le sociologue, chercheur au CNRS, Michel Fize, Pierre Weill, le fondateur de la Sofres, Nasser Ramdam, l’ancien dirigeant de SOS Racisme, aujourd’hui maire adjoint PS de Noisy-le-Sec. Le site Internet du MUP a reçu plus de 2.000 visites depuis la création du Mouvement.
On vous a vu successivement à Marseille et à Dijon aux côtés de socialistes, de centristes et de radicaux.

Avez-vous l’intention d’aller plus loin ?
Je viens d’écrire à Martine Aubry pour la rencontrer, parce que j’estime que je représente une famille de pensée originale dans la gauche française. Je me place dans une démarche de mouvement qui n’est plus une démarche structurant la gauche à l’ancienne. Aujourd’hui, il faut prendre en compte l’existence des partis politiques mais aussi s’inscrire dans le dépassement de ces partis ; des mouvements, comme celui que je viens de créer vont permettre ce dépassement. Il faut que le PS discute avec eux…

Serez-vous présent aux régionales ? Avez-vous déjà établi des contacts ?
Oui, j’ai décidé d’appuyer totalement la démarche de Jean-Paul Huchon en Ile-de-France, où je lui propose d’avoir des candidats, et moi-même, je m’engagerai personnellement dans le Val-d’Oise. Je souhaite que le Mouvement unitaire progressiste soit présent dans toutes les régions, sur des listes unitaires, avec les équipes sortantes dès le premier tour, à l’inverse du PC. La démarche du PC (NDLR : d’alliance avec le Parti de gauche) est dramatique ; le programme du Front de gauche est plus un programme contre les responsables régionaux socialistes sortants que contre le pouvoir. Comment revendiquer ensuite de pouvoir siéger sereinement dans les exécutifs ? Comment les gens peuvent-ils comprendre qu’on a travaillé pendant six ans ensemble dans des majorités et que l’on se sépare au moment des élections ? Ce qui se passe dans les collectivités locales est gravissime ! On va vers une explosion fiscale ! Or on est au cœur des conséquences douloureuses de la crise, cela entraîne une augmentation des inégalités dans notre pays ! Les gens sont habités d’une grande colère, ils ne peuvent pas comprendre cette désunion !

Un article d’Anita Hausser publié dans France soir le jeudi 19 novembre 2009.

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