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Robert Hue : « Je reste profondément attaché aux valeurs communistes »

Ancien secrétaire national puis président du Parti communiste, Robert Hue a quitté le groupe éponyme au Sénat pour rejoindre le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Le sénateur du Val-d’Oise, président du Mouvement unitaire progressiste (MUP), explique son choix et s’attarde longuement sur l’actualité.

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LA GAZETTE : Vous avez décidé de quitter le groupe communiste au Sénat, pour rejoindre le RDSE. Est-ce un choix mûrement réfléchi ?
ROBERT HUE : Bien sûr. J’appartenais à un groupe que je respecte, mais à qui je reproche d’être totalement engagé dans une stratégie que je ne partage pas, celle du Front de gauche. Une stratégie d’opposition au gouvernement et au président de la République. Comme j’avais décidé de soutenir François Hollande lors de la campagne présidentielle, et aujourd’hui, dans la majorité, j’ai fait un choix cohérent.

Êtes-vous toujours communiste ?
Je reste profondément attaché à mes valeurs communistes ! Mais le Parti communiste, pas plus que le Front de gauche, ne peuvent avoir le monopole de l’idée que l’on peut se faire en France du communisme. Je ne suis pas devenu socialiste. Au RDSE, il y a des gens de différentes sensibilités : des radicaux de gauche comme Jean-Michel Baylet (PRG), il y a également Jean-Pierre Chevènement (MRC)… Je ne me situe pas à la gauche de la gauche, comme le fait le Front de gauche. Je suis progressiste, de culture communiste, ouvert au rassemblement à gauche.

Jean-Luc Mélenchon est-il selon vous trop virulent, trop critique ?
Un récent sondage effectué par Le Figaro a montré qu’une majorité de Français considère que Jean-Luc Mélenchon est le premier opposant de François Hollande, devant l’UMP et le Front national. Jean-Luc Mélenchon a un talent oratoire évident. Mais la politique n’est pas seulement une affaire de personne, et vous aurez remarqué qu’il n’a pas un ego microscopique. Le Parti communiste l’a choisi pour être candidat à l’élection présidentielle. Je n’étais pas favorable à cette option. J’aurais préféré une candidature commune à gauche, ou alors un candidat vraiment issu de la famille communiste. Or, depuis le premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ne cesse de rappeler – à juste titre d’ailleurs – qu’il a obtenu 11 % des voix et a fédéré sur son nom des millions d’électeurs. Depuis, il a choisi une démarche d’opposition quasi systématique et virulente à l’encontre de François Hollande.

Est-ce aujourd’hui le vrai leader communiste ?
Non. Mais Il apparaît désormais comme le leader « naturel » du Front de gauche. Son registre est rarement celui de la nuance et trop souvent celui de l’exaltation. Le Front de gauche ne me paraît pas très stable. Ce regroupement est un mélange de contradictions. Des  adhérents du Nouveau parti anticapitaliste arrivent… Il y a beaucoup de sensibilités différentes. Encore une fois, je ne me retrouve pas dans leur philosophie. Je suis dans une démarche constructive, pas figé dans un front du refus. Mais cela ne fait pas pour autant de moi un social-démocrate. Et je ne souhaite pas le devenir. Le Mouvement progressiste (MUP) que j’anime est lui dans une posture fédératrice. Ni repli à la gauche de la gauche, ni immersion dans la gauche social-démocrate.

Le gouvernement envisage de taxer les retraités les plus aisés, à partir de 2014. C’est une option qui fait beaucoup réagir…
Comme vous l’avez dit, il s’agirait de taxer les retraités les plus aisés. Il n’a jamais été question de taxation aveugle. Dans la masse des retraités, beaucoup ont des retraites modestes, voire très modestes. Et il ne serait pas question de les mettre davantage à contribution. Par contre, pour ceux qui disposent de retraites très élevées, je ne pense pas qu’un petit effort supplémentaire les mettrait « sur la paille ».

La taxation supplémentaire des revenus supérieurs à 1 million d’euros annuels sera vraisemblablement mise en pratique. Mais n’est-elle pas davantage symbolique que vraiment efficace, surtout si les plus aisés s’en vont ?
Il est exact que cette mesure ne rapportera pas des milliards aux finances publiques. On peut dire qu’elle est symbolique, mais elle s’inscrit surtout dans une volonté de justice fiscale et sociale souhaitée et appliquée par François Hollande. Et puisque nous parlons de symboles, les démarches effectuées par M. Bernard Arnault pour obtenir la nationalité belge ne sont-elles pas elles aussi symboliques de ces personnes qui donnent des leçons de morale à la terre entière, mais qui refusent toute forme de justice fiscale ? Je vois dans cette attitude un manque de patriotisme. Et pour moi, c’est inacceptable. Il veut partir pour échapper à cette justice fiscale, alors que ce sont les plus riches d’abord qui doivent contribuer au redressement financier du pays.

Vous n’empêcherez pas les gens de dire que la gauche est très portée sur les impôts…
Je rappelle au passage qu’en dix ans de pouvoir, la droite n’a pas vraiment fait baisser les impôts. Et qu’elle s’apprêtait à mettre en place la TVA sociale, une taxe parfaitement injuste que la gauche vient d’abroger.

Le coût du travail est-il trop élevé en France ?
Cela fait des décennies qu’on parle de cela. La droite comme certains à gauche semblent obnubilée par l’idée de le faire baisser. Je pense que l’essentiel, c’est que le capital et le travail doivent être traités de la même façon, surtout dans la situation actuelle. Le Medef a également un objectif, celui de la flexibilité du travail. Les négociations sociales doivent être plus claires sur cette question. Un débat est nécessaire. Les grands patrons pleurent tout le temps, mais ce sont eux qui ferment les usines, qui n’augmentent pas les salaires. Alors, si des règles d’assouplissement – qui existent déjà – doivent être appliquées, cela ne doit pas être au détriment des salariés.

Avez-vous le sentiment qu’en matière de sécurité, la gauche ait rompu avec l’angélisme, dont elle est souvent taxée ?
Avec Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur, puis président de la République, le nombre de policiers et de gendarmes a beaucoup baissé. J’ai été maire d’une commune sensible (Montigny-lès-Cormeilles, Val-d’Oise) et année après année, je voyais fondre les effectifs. Le gouvernement s’attaque à ce problème. Et la gauche veut rétablir la sécurité républicaine. Elle va donner plus de moyens à la police, à la gendarmerie, et à la justice.

Après le film anti islam produit aux États-Unis, une manifestation non autorisée a eu lieu le 15 septembre à Paris, organisée par la mouvance salafiste. Avez-vous été choqué ?
Oui, car je condamne fermement toutes les manifestations orchestrées par des mouvements extrémistes.

La question du droit de vote des étrangers semble diviser le gouvernement. Y êtes-vous favorable ?
François Hollande, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, avait affirmé sa volonté de tenir cet engagement. Je suis persuadé qu’il le fera, dans des délais raisonnables. Il a parlé de 2013. Il faut le faire avant la prochaine échéance électorale, c’est-à-dire les élections territoriales de 2014. Mais à titre personnel, j’y suis favorable .

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