Sanofi : la recherche en perte par profits.

jncPar Jean-Noël Carpentier, député du Val d’Oise (MUP) et maire de Montigny-lès-Cormeilles.

Sanofi est une puissance industrielle. C’est aussi beaucoup plus. Sanofi, c’est la recherche pharmaceutique, donc les médicaments et, au final, la santé. D’ailleurs son activité est solvabilisée par les deniers des salariés via les cotisations sociales pour la Sécurité-sociale et les mutuelles complémentaires. Paradoxe : au moment où le président de la République annonce un nouveau plan de lutte contre le cancer, on apprend que Sanofi réduit ses capacités de recherche dans ce secteur.

Le plan de restructuration présentée en juillet dernier prévoit, aux dires des organisations syndicales, la suppression de 2000 à 2400 postes. Mais Sanofi est aussi récidiviste. Un plan dit «transforming» mis en œuvre en 2009 a déjà coûté 3500 à 4000 postes.

Sanofi n’est pourtant pas une entreprise en difficulté. Avec 28 000 salariés en France et plus de 110 000  dans le monde, l’entreprise pèse pour plus de 40% dans le secteur pharmaceutique et autant dans celui de la recherche. Elle avoue quelque 9 milliards de bénéfice en 2011 (elle vient de dépasser Total au palmarès du CAC 40), dont plus de 35% sont reversés aux actionnaires (L’Oréal de Liliane Bettencourt, Total et des groupes de pensions). Lesquels ont touché lors du dernier exercice près de 4,5 milliards d’euros à ce titre. Une logique que les dirigeants de Sanofi entendent développer : ils ont publiquement pris l’engagement de porter les dividendes à hauteur de 50% du résultat net de l’entreprise quelle que soit  la situation économique du groupe.

Auditionnés par la Commission des Affaires sociales, les salariés et leurs coordinateurs syndicaux ont parlé d’une seule voix pour dénoncer le désengagement de Sanofi en matière de recherche, le directeur-général ayant décrété que «l’industrie pharmaceutique ne doit plus financer le risque de la recherche».

Pour ma part, je considère que l’Etat est légitime à intervenir sur ce dossier puisque, par le passé, l’industrie pharmaceutique a bénéficié d’’argent public lors de la période où l’Etat avait pris une participation minoritaire à Rhône Poulenc et à Roussel Uclaf, dont Sanofi est l’héritière. De plus, cette dernière, au cours des dernières années, a perçu 150 millions d’euros au titre du Crédit d’Impôt emploi-recherche.

C’est pourquoi, lors de l’audition des salariés puis de la direction de Sanofi, j’ai fait miennes les considérations des salariés en rappelant que cette industrie a une dimension stratégique pour le pays et j’ai soutenu l’idée d’une réunion tripartite (Etat, Sanofi, salariés) en vue d’examiner la pertinence du plan de restructuration.

J’ai par ailleurs demandé le gel des suppressions de postes et, au vu de la somme des dividendes versées aux actionnaires, j’ai appelé la direction de Sanofi à avoir un comportement citoyen de l’entreprise en cette période de grave crise que traverse notre pays.

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