Santé, protection sociale…refondons plutôt que de parler dépassement

laurentdPar Laurent Dumond, Conseiller régional MUP d’Ile-de-France.

Force est de constater que l’organisation actuelle de notre système de santé contribue à renforcer certaines inégalités… inégalités territoriales, financières, sociales et médicales. C’est là une situation antinomique dans notre pays, un pays développé dont le gouvernement s’est engagé à réduire les effets de la crise sur les populations et notamment les plus défavorisées d’entre-elles.

On le sait, l’accessibilité de tous à la santé est un élément essentiel de cohésion et de justice sociale et, en ce sens, les déserts médicaux en zone rurale, comme les fermetures de services hospitaliers performants en zone urbaine, sont injustifiables.

Les études parlent d’elles-mêmes, une part de plus en plus importante de personnes ne peut accéder aux complémentaires santé, beaucoup renoncent même à se soigner, notamment 34% des étudiants. D’autre part, de plus en plus de personnes âgées isolées n’ont plus droit aux visites à domicile. Dans le même temps, le taux de remboursement global de la sécu n’atteint plus les 50%.

Durant la dernière décennie, des décisions touchant à l’offre de soins, sa qualité et son efficience territoriale, ont été prises, d’autres l’ont été sur le niveau de prise en charge et de remboursement afin de prétendument faire face aux coûts et aux dépenses induites. Elles l’ont été sans que ne soient simultanément évoqués les intérêts financiers que génèrent la santé et la protection sociale. Pourtant, ceux-ci sont tels qu’il serait inconséquent de ne pas en tenir compte dans nos choix futurs.

Au moment où, émanant de la commission européenne, une proposition de directive imposerait l’ouverture obligatoire des services de sécurité sociale aux marchés et à la concurrence, au moment où médecins, assurance maladie, complémentaires santé et gouvernement s’accordent sur un compromis entérinant des pratiques aussi injustes qu’onéreuses, il devient urgent de revisiter ce que nous avons appelé le « modèle français ».

Pour nous du Mouvement Progressiste, « revisiter le modèle » ne peut être synonyme d’une remise en cause du principe de solidarité qui a prévalu, qui est chaque jour bafoué et qui doit retrouver tout son sens en cette période de crise sociale et de contraintes financières.

Cette perception n’est pas partagée par tous. Elle est même combattue au nom du redressement des comptes, de la résorption du déficit de la sécu, de la bonne gestion des hôpitaux. Mais seuls les patients, les usagers et les assurés ont vu leurs droits, prestations et remboursements impactés. C’est tout simplement inefficace et injuste quand professionnels libéraux de la santé, établissements publics et privés, laboratoires, groupes pharmaceutiques, entreprises de transports médicaux vivent et profitent d’un régime de conventionnement et de subventionnement très largement public.

Malgré les prés-carrés et les rentes de situation, mesurons aussi que l’avenir de la médecine française ne cesse de se fragiliser et mériterait tout autre chose que de négocier de nouveaux dépassements tarifaires tout aussi indécents qu’inutiles.

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités