Une situation politique inquiétante

Pour nombre de responsables politiques et de commentateurs avisés le début d’année 2014 marquerait un tournant dans la politique gouvernementale, la série de vœux du Président aux français, aux corps constitués et aux partenaires sociaux ainsi que les annonces faites à ces occasions démontreraient cette évolution…

Il suffit que François Hollande réaffirme être social-démocrate pour que sur sa gauche l’on traduise cela pour un virage à droite du socialiste qu’il a pourtant toujours été et qu’à sa droite, faute d’alternative, on sur joue le « chiche » et exige les preuves de sa volonté libérale… d’autres en profitent pour à nouveau rêver de la sempiternelle 3e voie.

Bref, chacun reste campé sur ses positions, inféodé à ses certitudes, sans mesurer que la défiance des français à l’égard de partis politiques et des gouvernants, déconsidérés, perçus comme inutiles face à la crise, continue de s’aggraver.

Ce début d’année est inquiétant pour les progressistes, à un moment où plus personne ne semble écouter personne où la non réponse aux préoccupations concrètes et quotidiennes laisse très vite place à toutes les dérives politiques et sociétales.

C’est dans de tels moments que la gauche, notamment gouvernementale, se devrait de démontrer son utilité.

Le Président de la République se dit homme de compromis et cela ne nous gêne pas. Mais nous savons que tout compromis est lié à un rapport de force existant. Au-delà du problème institutionnel qui fait porter sur les épaules d’un seul homme d’énormes responsabilités, les derniers jours montrent que l’appel présidentiel au compromis et aux contreparties peut être très vite mis à mal.

C’est le cas quand Auchan licencie des centaines de salariés après avoir bénéficié d’importants financements publics, quand le MEDEF ne jure plus de rien et qu’une partie de la rue amène le gouvernement à surseoir brutalement à des avancées sociétales attendues pourtant par des millions de familles.

Si après l’annonce du « pacte de responsabilités » l’Elysée s’est plu à avoir embarrassé la droite, qu’en est-il aujourd’hui ?

A l’occasion de la première rencontre nationale des animateurs départementaux et régionaux du Mouvement Progressiste qui s’est tenue le 1er février 2014, Robert Hue a dit l’impossibilité des progressistes à soutenir en l’état un « pacte de responsabilité » ne posant pas en termes novateurs et moderne une question de l’emploi dépassant celle des seules contreparties.

Comment ne pas comprendre cette profonde interrogation quand l’idée même de compromis et de dialogue est antinomique à des choix favorisant toujours plus les notions de concurrence, de guerre économique, la primauté économique, totalement contraires à un développement sain de notre planète ?

Comment prétendre répondre à la question de l’emploi et de l’efficacité de notre santé économique en restant collé à des rapports productifs dépassés face aux évolutions informationnelles, scientifiques permanentes bouleversant et posant d’ores et déjà en terme nouveau la place et l’utilité du salarié et de de l’entreprise dans la société ?

Comment croire les yeux fermés à un pacte dit partagé quand celui-ci a pour finalité de répondre aux besoins économiques et de croissance supposés indispensables à tout progrès mais laissant penser que le développement humain serait quant à lui un frein à l’efficacité économique ?

Comment y croire quand les principaux leviers d’intervention reposent sur la baisse du coût du travail, la baisse de la dépense publique  » vieilles rengaines  » patronales et d’une élite politique et technocratique formatée aux recettes d’avant crise mais demandant aux autres de faire les efforts nécessaires ?

Le temps de ceux qui sauraient à la place de tous les autres est révolu.

De plus, quand la faiblesse syndicale et la pauvreté du dialogue social dans l’entreprise sont malheureusement la réalité, l’idée même de « pacte » et de  « partage de responsabilités » peut rapidement s’apparenter à un leurre. En ce sens, faire disparaître, sans la réformer, la juridiction prud’homale n’est vraiment pas un bon signe à donner aux partenaires sociaux en ce moment précis.

Derrière le « pacte de responsabilité » se cache un débat profond et important, celui d’un nouveau modèle de société, moderne, efficace, respectant l’être humain. Il ne sert à rien, sauf à leurrer les gens davantage, que de prétendre sauver un prétendu modèle français qui n’est déjà plus mais qui devra nous servir à construire autre chose.

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités