Des mesures bienvenues en faveur de la jeunesse

michelfizePar Michel Fize, Sociologue au CNRS, Délégué national du MUP à la Jeunesse, Auteur du Livre noir de la Jeunesse (Presses de la Renaissance, 2007).

Le Comité interministériel de la jeunesse vient de décider d’une série de mesures en faveur des jeunes, sur le détail desquelles nous ne reviendrons pas ici (cf. le papier du Monde du 22/01/13). Les 13 chantiers prioritaires et les 47 mesures ou projets décidés appellent de notre part les commentaires suivants.

D’abord, ils confirment la volonté, jamais prise en défaut, du Président Hollande – dans un contexte économique et budgétaire pourtant délicat – de ne pas abandonner les jeunes à leur triste sort social, indigne d’une démocratie évoluée. Ensuite, ils traduisent la volonté d’appréhender la jeunesse dans sa globalité (comme une entité sociale à part entière) et dans sa diversité (de situations personnelles). Dépassant le « saucissonnage » des « jeunesses » cher aux sociologues, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, à l’occasion de cet important comité interministériel, prend acte de la grande « misère sociale » d’une génération tout entière et tente de répondre, champ par champ, à ses difficultés de vie. Formation, emploi, santé, logement… sont ainsi traités avec le même intérêt. C’est méritoire.

Certains pourront regretter la part trop belle faite aux jeunes les plus démunis (en titres scolaires notamment), mais ces jeunes, par le passé, en dépit de discours très protecteurs, ont été si souvent négligés des politiques publiques concrètes et des acteurs institutionnels concernés, que l’on ne peut que se réjouir de l’intérêt préférentiel que leur accordent aujourd’hui les pouvoirs publics. De toute façon, les autres jeunes (mais, à bien y réfléchir, ne sont-ils pas eux-aussi démunis en termes d’accès aux soins, au logement… ?), ces autres jeunes donc sont également concernés par les décisions gouvernementales (mutuelle étudiante, garanties en matière de stages, garantie solidaire des risques locatifs, etc.).

Bien sûr, nous pourrions regretter, avec d’autres, que l’on ne soit pas allé plus loin dans certaines réponses pour remédier aux difficultés des jeunes, que le RSA par exemple n’ait pas été ouvert aux jeunes de 18-25 ans (sous conditions de ressources et de formation), qu’une allocation d’autonomie n’ait pas été instituée, etc. Mais nous devons considérer qu’il s’agit là, avec ces 47 mesures, d’une première étape, que d’autres suivront, tout aussi résolues que celle-ci.

Défenseur, depuis tant d’années, d’une politique globale de la jeunesse, d’un grand Ministère de la Jeunesse (et de la solidarité entre générations), ou, à défaut, avons-nous souvent écrit, d’une Délégation interministérielle de la Jeunesse, nous ne pouvons que nous satisfaire de la création prochaine… de cette Délégation chargée, si l’on en croit le Premier Ministre, d’apprécier la bonne exécution des 47 mesures décidées en ce comité du 21 février. Mais, peut-être, anticipant un peu les choses, faudra-t-il ici aller plus loin et permettre à la nouvelle Délégation interministérielle de contribuer à la définition de cette politique globale de la jeunesse évoquée plus haut, à l’image de ce qu’avait commencé à faire naguère le Haut-Commissariat à la Jeunesse.

Pour l’heure, ne boudons pas notre plaisir de voir un Président de la République si attentif au sort actuel et au destin futur de la jeune génération.

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