Jerome EMERIAU 2014 - www.jemeriau.com

Un peu d’utopie contre le dogmatisme et pour interroger la gauche

Dans son nouveau rôle de Commissaire européen, Pierre Moscovici prétend faire la leçon en appelant une fois de plus à la «réforme». C’est son droit mais l’arrogance est rarement bonne conseillère quand rares sont les dirigeants en capacité de s’exonérer à bon compte des raisons d’une crise toujours présente. Toujours aussi sûr de lui, il somme la France d’accélérer ses réformes et exige d’elle l’amélioration de ses résultats économiques comme condition aux développements sociaux et humains. Des murs peuvent tomber mais, quand le dogmatisme l’emporte sur la conviction, bien des barrières restent à lever.

Si les profits des entreprises d’hier devaient créer les emplois de lendemains enchantés, la croissance et la compétitivité seraient aujourd’hui les promesses d’un bonheur annoncé mais toutes les expériences tentées et vantées démontrent que faire de «l’économisme» un préalable pervertit l’idée de croissance et attise les ressorts de la crise.

Quand des milliards d’êtres humains connaissent les privations, parfois les pires, le besoin d’une croissance saine demeure une ambition pour nos sociétés modernes. Il y a cependant une contradiction à dépasser quand pour nos élites cette croissance passe par compétitivité et rentabilité en détournant le sens du « mot » progrès et l’accumulation des « maux » antisociaux et environnementaux.

On joue des jeux politiques, économiques et environnementaux dangereux quand les seules visions offertes parallèlement aux potentialités humaines sont celles de la compétition, de la concurrence, de la guerre économique et que l’on reste accroché à des productivismes destructeurs. La situation devrait amener la gauche à renouveler ses manières d’être et de penser la place des activités humaines et leur utilité pour nos sociétés. Ne pas engager ce travail de remises en cause et de prospectives équivaut à dénaturer la volonté affichée de réforme.

Plutôt que de vouloir être dépendant d’une compétitivité malsaine reléguant l’homme au second plan ou s’accrocher à une valeur travail ayant du plomb dans l’aile, la gauche, qu’elle soit gouvernementale ou non, se devrait de changer des curseurs qui ne permettent plus de placer l’humain et la protection de la planète au centre des préoccupations.

L’utopie a cela de bon qu’elle permet de bouger les lignes et oblige à s’émanciper de dogmatismes qui traversent une gauche française aussi tributaire de ses partis, de leurs pré carrés respectifs et ambitions personnelles.

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