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Une rentrée scolaire porteuse d’espoirs et dont, pourtant, rien de bon n’est à attendre, hélas !

Par Jean-Paul Maurice, adhérent du MUP Val d’Oise

 S’il est de bon ton, pour certains, de se gausser de « l’inaction » du gouvernement et du Président de la République, il est à noter que l’Ecole aura bénéficié depuis les premiers discours et hommages à Jules Ferry et Marie Curie du jour de l’investiture jusqu’aux ultimes moments précédant la rentrée des élèves d’une attention et de décisions tout à fait remarquables (au sens propre du terme).

Réparer les effets de la politique désastreuse de casse du service public d’Education menée pendant 10 ans par la droite, tel est l’objectif affiché par François Hollande et Vincent Peillon.

Avec plus de 70 000 postes supprimés pendant les 5 ans de Sarkozy, il n’existe plus aucune réserve ce qui laisse présager le pire quant au fonctionnement des écoles, lycées et collèges en cette rentrée 2012.

Ces moyens humains disparus (qu’il faudra bien regagner le plus rapidement possible dans un contexte budgétaire global que personne ne peut ignorer…) ont des conséquences sur la scolarité des élèves que le grand public perçoit peut-être mal encore :

Que reste-t-il réellement dans les académies, dans les départements comme potentiel d’enseignants remplaçants ? Que va-t-il se passer à la première épidémie de grippe ou de gastro ?

Les jeunes professeurs, recrutés aux concours 2012, bénéficient au mieux d’un « accompagnement » de 3 jours et de quelques regroupements bricolés à la hâte sur les premières semaines de l’année avec les personnels normalement affectés au remplacement des collègues malades !

Il sera quasiment impossible de retrouver le potentiel humain et pédagogique disparu :

Les RASED – dispositif– ont été supprimés par Sarkozy et Darcos. Il faut reconstruire au plus vite un dispositif cohérent, destiné à venir en aide et soutien aux élèves en difficultés

La scolarisation des moins de 3 ans dont l’efficacité dans la lutte précoce contre l’échec scolaire est reconnue par tous a pratiquement totalement disparu.

La formation des maîtres n’est plus qu’un lointain souvenir, les formateurs ont été dispersés aux quatre vents

Pour tous ces dispositifs disparus, il va falloir non seulement recréer des postes (ce qui va coûter fort cher) mais aussi (et c’est ce qui sera le plus difficile) reconstruire, réinventer des savoir-faire, des outils qui ont entretemps disparu : tout cela risque d’être très long et très difficile si on n’y met pas des gros moyens.

Les 1 000 postes créés dans l’urgence ont tout juste servi à réparer quelques erreurs, à éviter des fermetures de classes qui auraient été injustifiées à la rentrée.

Même s’il ne s’agit pas ici de faire le triste inventaire des conséquences de ce démontage systématique du service public d’éducation, nous ne saurions terminer ce rapide tour d’horizon sans évoquer la question du temps scolaire puisqu’elle est révélatrice du projet que la droite conservatrice s’est efforcée de déployer pendant toutes ces années : la suppression du samedi matin, présentée sous le prétexte anodin et  banal de « rendre les enfants à leurs parents » (pour partir en week-end pour les classes moyennes et populaires ?) a eu pour conséquence de priver les enfants qui avaient le plus besoin d’école de 3 heures hebdomadaires d’enseignement. La soi-disant aide personnalisée n’a donné, malgré l’engagement des enseignants, aucun résultat bénéfique tangible pour les élèves. Il faut donc au plus vite rétablir ce temps volé à toute une génération et continuer à mener une concertation réelle sur la question du temps scolaire avec les familles, les enseignants et les collectivités locales.

Réconcilier la société civile avec son système éducatif, telle est la seconde ambition affichée : Refonder l’école tel est le crédo du Ministre de l’Education nationale. Le chantier ouvert, immense, concerne à la fois des questions liées à la structuration générale du système éducatif (place rôle et mission des établissements accueillant les différentes étapes d’un parcours scolaire, les contenus d’enseignement, la prise en compte des particularités de territoires) qu’à l’organisation matérielle de la scolarité (les fameux rythmes scolaires, la prise en compte du handicap à l’école), de la fonction enseignante (recrutement, formation initiale et continue) ou bien encore les relations du système éducatif avec ses différents partenaires, des parents d’élèves aux collectivités locales et territoriales (n.b. : il ne s’agit là que de quelques unes des têtes de chapitres ouverts à concertation).

Au-delà du contenu de ces groupes de réflexion, la méthode retenue doit marquer notre attention puisqu’elle est à la fois un formidable signe de confiance et de considération à l’égard de l’ensemble des partenaires de l’école qui n’ont subi pendant les années sombres du Sarkozysme que mépris, déconsidération (le comble ayant été atteint avec le fameux discours de Latran sur le curé et l’instituteur), mise en concurrence sauvage des structures et des hommes…

A ce sujet, il ne faudra pas négliger la question essentielle du traitement différencié des territoires, qui dépasse largement le champ de l’Education nationale puisqu’elle impacte de façon importante la politique de la ville, celle de Sarkozy, parmi les nombreux dégâts qu’il a occasionnés, a réussi à dénaturer totalement le concept de discrimination positive tel qu’il avait été mis en œuvre par Alain Savary en 1982.

Pour le MUP, l’idée de l’éducation prioritaire, du  donner plus à ceux qui ont le plus de besoins, des systèmes de péréquation entre territoires est à retravailler, à moderniser et à adapter à l’aulne du bilan (à faire !) des 30 ans écoulés.

La refondation telle qu’elle est présentée va, pour qui veut bien se donner la peine de dépasser les titres des journaux, bien au-delà d’une simple liste de mesures posées les unes à côté des autres. Prenons, par exemple, l’idée avancée des « emplois d’avenir profs » : ces emplois seraient réservés aux étudiants originaires des quartiers les moins favorisés préparant les concours des métiers de l’enseignement pour un salaire mensuel de 900 € et un temps de travail hebdomadaire d’une douzaine d’heures, tâches de surveillance la première année, de tutorat et de suivi des élèves la seconde année… Il faut maintenant que les organisations syndicales étudiantes et enseignantes fassent leur travail et continuent à négocier ce que sera concrètement ce dispositif puisqu’ils revendiquent depuis des années un dispositif de pré-recrutements » ! Certes, tout n’est pas parfait dans ce dispositif, mais pour le MUP, il représente enfin une réponse concrète à la sempiternelle question de l’accès des enfants des classes populaires aux métiers de l’éducation qui est un des points clef du rapport école / société.

Cette démarche globale de concertation n’est pourtant pas sans risques, les conséquences d’une déception par rapport à des attentes non satisfaites ou à des désillusions seraient fatales pour la Gauche dans son ensemble. Les parents, les enseignants ne sauraient se contenter très longtemps d’un discours, certes généreux, qui ne trouverait pas de traduction tangible sur le terrain tant du point de vue qualitatif (les effectifs par classe, l’efficience du dispositif de remplacement, la rémunération des personnels) que du point de vue qualitatif (la formation initiale et continue des enseignants, le service public d’orientation, la scolarisation des élèves en situation de handicap). Il ne faudra pas non plus oublier des dossiers aussi essentiels tels que la lutte contre la précarité des personnels qui a explosé ces dernières années tant pour les enseignants que pour les personnels d’accompagnement et d’éducation : il faut transformer autant que de besoin les missions d’AVS (assistants de vie scolaire) mis à disposition des personnes et élèves en situation de handicap en postes statutaires de la fonction publique.

Pour ne pas décevoir sur la question de l’école qui est pour le MUP un des défis majeurs à relever, le gouvernement doit se donner les moyens d’une politique ambitieuse.

Le Président de la République, le Premier Ministre, le Ministre de l’Education  nationale le répètent à l’envi : leur priorité est de réparer la casse, retrouver les postes supprimés, rétablir la confiance entre l’école et la société, regagner la considération pour la fonction enseignante…Il faut dès à présent afficher une ambition supérieure et construire de réelles perspectives nouvelles.

Pour cela, le discours sur une soi-disant « rigueur nécessaire » ne peut tenir bien longtemps, même si, comme tout citoyen responsable la nécessité de maîtriser l’équilibre des comptes publics s’impose à nous. Il faut dégager des ressources nouvelles et les consacrer prioritairement à l’éducation, à la préparation de l’avenir qui sont les secteurs où les investissements publics sont les plus utiles et les plus attendus.

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