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Une sécurité sociale d’autonomie pour les jeunes

Confrence_de_presse_Robert_HUE_1er_juillet_2013_017_Copier Débat Comment relever le défi de l’exclusion ?

L’exclusion est avant tout un drame personnel, celui de la dissolution des liens sociaux d’un individu. Elle peut aboutir à sa complète mise à l’écart d’une communauté, que ce soit celle de la famille, de l’éducation, du travail, ou du logement.
Ses premières causes sont souvent matérielles : précarité et pauvreté constituent en effet les principaux facteurs d’exclusion. On ne compte plus les cas de jeunes exclus de la cellule familiale dès le premier jour de leur majorité, d’étudiants contraints de se prostituer pour financer leur logement, ou de travailleurs qui dorment dans leur voiture. Différents mécanismes ont bien été mis en œuvre depuis une trentaine d’années pour enrayer ce processus, mais sans succès : la France compte aujourd’hui environ huit millions de pauvres et plus de 800 000 sans-abri. Cinquième puissance économique mondiale, elle a pourtant généré un PIB par habitant de près de 35 000 euros en 2009.

Dans le marasme social ambiant, la jeunesse est la catégorie de la population la plus touchée par le chômage de masse et la plus pauvre. À l’exception de sa composante étudiante, elle est privée de protection sociale car il n’existe pas de statut « jeune ». Elle est donc maintenue dans un état de dépendance vis-à-vis de sa famille. Cette situation est alarmante et ne peut plus durer. Tout citoyen de 18 à 25 ans doit pouvoir bénéficier d’une allocation, soit pour poursuivre sereinement ses études, soit pour s’insérer en douceur sur le marché du travail, après avoir élaboré un projet d’emploi et de formation s’inscrivant dans un système global de sécurité sociale professionnelle.

Ce nouveau revenu devra à terme être financé par une hausse des cotisations patronales, (et donc par un rééquilibrage en faveur du travail par rapport au capital dans le partage des profits des entreprises) pour le connecter directement au monde du travail. Car se former est indispensable à l’emploi de qualité mais ne permet pas, bien souvent, de disposer de revenus suffisants. Il s’agit donc bien d’un risque social que doit couvrir la solidarité nationale. Mais pour éviter d’aggraver le déficit de la Sécurité sociale les premières années de son application, je propose de créer un fonds de distribution de l’allocation d’autonomie pour les jeunes financé par un transfert immédiat de 10 % des dépenses militaires, soit 4 milliards d’euros. Cette réforme sociale majeure contribuerait – et pas à la marge – à un dispositif global de transformation solidaire de la société.

Tribune de Robert Hue parue dans Libération du 10 juin 2010

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