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Intervention de Robert Hue au sénat dans le débat sur l’influence de la France à l’étranger

aperçu
Pour voir la vidéo de l’intervention, cliquer sur la photo ci-dessus.

M. Robert Hue. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le 11 janvier dernier, dans un contexte dramatique, la France a été le centre du monde durant quelques heures. Dans un élan de solidarité, de nombreux chefs d’État et de gouvernement se sont joints à la marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de Vincennes. Monsieur le ministre, je sais la part que vous avez prise personnellement à la venue de ces chefs d’État.

C’est parce que la France véhicule depuis longtemps cette image de pays des libertés que tous ces dirigeants se sont rassemblés à Paris, d’une façon exceptionnelle. C’est aussi parce que la France et sa diplomatie ont toujours su nouer des liens privilégiés sur tous les continents.

C’est enfin parce que la France a de hautes exigences démocratiques pour elle-même qu’elle entend conserver une influence pour mieux faire partager ses idéaux de liberté et de progrès.

Aussi, à une époque où de nombreux « déclinologues » voient partout l’affaiblissement du rayonnement français, ne soyons pas trop pessimistes, tout en demeurant vigilants et prospectifs.

Bien que récemment rétrogradée, la France est la sixième puissance mondiale, ce qui lui confère une aura particulière. J’entends bien les débats, et il est vrai aussi que, aujourd’hui, dans un monde de plus en plus ouvert et dans lequel des puissances émergentes souhaitent, à juste titre, prendre toute leur place aux côtés des puissances établies, la France doit se donner les moyens de ses ambitions pour peser.

À cet égard, je veux souligner que le gouvernement actuel a pris des initiatives qui ont démontré combien la France pouvait être écoutée et entendue.

S’adressant aux corps diplomatiques en début d’année, François Hollande a rappelé que la France était« attendue sur la scène internationale pour promouvoir des valeurs que nous partageons ». Cette phrase est importante, et ce sera un honneur et un nouveau défi pour la France d’accueillir en décembre, avec la vingt et unième Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dite « COP 21 », l’un des temps forts les plus importants de la planète cette année.

Je rappellerai que notre pays est à l’origine de presque un quart des résolutions des Nations unies depuis l’an 2000.

Dans les situations de crises les plus récentes, le chef de l’État a pris ses responsabilités, sur le plan tant diplomatique que militaire.

S’agissant de l’Ukraine, la France a été aux avant-postes dans les discussions aboutissant aux accords de Minsk 1 et 2. En Afrique, que ce soit au Mali, avec l’opération Serval, ou en Irak, avec l’opération Chammal, contre Daech, la France s’est rapidement mobilisée. Je n’oublie pas l’intervention française en République centrafricaine, qui a au moins permis de stabiliser la situation politique, une intervention saluée par l’ancien secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan.

Comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer dans différents débats, le groupe du RDSE, très attaché au respect des droits de l’homme, a approuvé tous ces engagements. Pour ma part, j’ai rappelé qu’ils étaient souvent nécessaires, compte tenu des situations d’urgence humanitaire.

Mais je voudrais aussi souligner que la France a une tradition de coopération en matière de développement qu’elle doit affirmer davantage, car la paix est avant tout conditionnée par le recul permanent de la pauvreté dans le monde.

Mes chers collègues, beaucoup reste à faire pour atteindre les fameux objectifs du Millénaire pour le développement. Or, si la France demeure l’un des premiers contributeurs au monde en matière d’aide publique au développement mondiale, nous avons relâché nos efforts au cours des dernières années, et pas seulement depuis 2012. Vous le savez, monsieur le ministre, l’aide française a reculé depuis 2010, et nous nous éloignons ainsi de l’objectif de 0,7 % du revenu national brut consacré à l’aide publique au développement, alors que les Britanniques, les Danois et les Suédois l’ont atteint.

Au-delà de la question du niveau de l’aide qu’il convient d’amplifier, permettez-moi en tout cas de me réjouir de sa répartition géographique, qui privilégie l’Afrique.

Cela répond aux engagements décidés lors du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement du 31 juillet 2013.

Mes chers collègues, certains d’entre vous connaissent mon attachement à l’Afrique et mon tropisme pour l’afro-optimisme. À mes yeux, ce continent doit en effet demeurer la cible prioritaire de notre ère d’influence. Nous avons des liens anciens avec nombre de pays qui le composent. Près de la moitié des locuteurs francophones se trouvent en Afrique. Comme je le disais en introduction, nous sommes aujourd’hui dans un monde multipolaire qui nous invite à revoir nos équilibres pour conserver une influence sur la scène mondiale.

Dans cette perspective, la constitution d’un pôle Europe-Afrique que la France a les moyens d’encourager me paraît être un objectif essentiel. La dynamique démographique des pays africains et les pressions migratoires qu’elle engendre nous indiquent que notre avenir est lié à celui qui se joue de l’autre côté de la Méditerranée. À mon sens, l’avenir de l’influence de la France à l’étranger passe en premier lieu par le renforcement du poids de notre pays et de la francophonie en Afrique.

Je sais, monsieur le ministre, que vous partagez l’orientation que je porte pour faire de l’Afrique une chance pour l’Europe. Qu’il me soit permis d’ajouter que la dynamique que vous donnez à la diplomatie économique est un élément majeur de l’influence de la France.

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