bird9-12

Cambadélis refuse Sébastien Nadot à la primaire : «C’est risible d’appeler encore ça un scrutin citoyen»

Avec la primaire de la gauche, le candidat du Mouvement des progressistes, Sébastien Nadot, espérait faire entrer la société civile dans les débats. Remonté contre le numéro 1 du PS, il décrie ses «propos grossiers» et «lourds de sens».

Sébastien Nadot (S. N.) : Nous sommes remontés. Nous pensons que c’est hypothéquer les chances de la gauche d’avoir un candidat au second tour de l’élection présidentielle que cette décision du PS [Parti socialiste] de se lancer seul dans la bataille sans se tourner vers la pluralité de ce qui fait la gauche et sa réussite lorsqu’elle est unie. Nous sommes remontés aussi car nous avons fait la démarche de tendre la main et de choisir l’union pour aborder l’échéance présidentielle avec un peu d’espoir et Jean-Christophe Cambadélis y répond d’une manière très grossière. Je trouve cela très grossier, très léger et très superficiel alors que quelques jours auparavant il appelait à l’union de toutes les forces de la gauche. On a bien compris que cela s’adressait uniquement à Emmanuel Macron et à Jean-Luc Mélenchon. C’est tout de même curieux. Il parle «d’open bar» mais il agit comme un videur de discothèque en désignant à l’entrée qui a «une bonne tête». Alors bien sûr, cette grossièreté reste symbolique mais elle est inquiétante pour la suite. Quelque part, le PS a décidé de nous fermer la porte avant qu’il y ait des discussions. C’est dommage car il y avait l’opportunité de faire de belles choses lors de cette primaire. Tout cela montre de manière concrète que le Parti socialiste n’est plus capable de répondre aux attentes des citoyens.

Néanmoins, nous avions anticipé ce choix du PS et au sein du MdP nous avons décidé de porter directement ma candidature à l’élection présidentielle. Même si nous sommes lucides sur nos forces. Nous allons continuer à défendre bec et ongles nos positions centrées sur les problèmes des Français et pas sur les petites phrases et attaques de la primaire ou des courants du PS qui n’intéressent personne. Nous allons faire ce qui nous intéresse : de la politique au service de l’intérêt général.

Jean-Christophe Cambadélis a tiré un trait sur l’échéance de 2017 et là c’est juste la tambouille interne de Solférino

RT France : Le Parti socialiste a-t-il vraiment la légitimité de décider du destin des autres formations politiques de gauche ?

S. N. : La situation est claire, cette primaire est devenue uniquement celle du parti socialiste. Après est-ce que c’est légitime ? Je ne me mêle pas des affaires internes du PS mais je serais adhérent au parti, après une telle décision de fermeture à des groupes qui partagent certaines positions, je me demanderais de quel droit cet homme fait un choix aussi important pour l’avenir de la gauche. D’ordinaire, si je ne m’abuse, le PS prend beaucoup plus de temps avant de rendre une décision aussi lourde de sens. Ce qui ne me semble pas légitime et qui est juste risible, c’est d’appeler ça une primaire citoyenne alors qu’elle devient un outil d’appareil et de choix du parti. C’est juste risible. Je pense que Jean-Christophe Cambadélis a tiré un trait sur l’échéance de 2017 et, là, c’est juste la tambouille interne de Solférino qui se met en place. Avec les candidatures de François Fillon et de Marine Le Pen, on aurait pu attendre plus de hauteur du premier secrétaire du PS, car finalement ça met fin aux perspectives de recomposition de la gauche dans son ensemble.

« L’avenir et la politique sont peut-être plus du côté des petits mouvements que des grandes machines »

RT France : Qu’espériez-vous alors de cette primaire pour la Belle Alliance ?

S. N. : Avec notre petit mouvement, on a frappé à la porte de la primaire sans attendre de miracles sur le résultat. Mais je me disais que c’était un moyen de faire vivre une parole citoyenne dans le débat. Ça n’aurait pas apporté des centaines de milliers de voix sur ma personne mais de la richesse dans les discours et dans les méthodes de fonctionnement. Nous venons de lancer notre campagne d’affichages «Toc Toc» en réalité augmentée. C’est une première en France. Sur l’affiche, il n’y a pas mon visage ou mon nom, mais quand vous passez votre smartphone devant l’affiche, une vidéo d’explication de notre programme et du mouvement se lance. Je suis prêt à parier que dans quelques mois les campagnes des autres candidats utiliseront ça. Cela fait partie de ces atouts qu’on aurait pu apporter. On voit les candidats à la présidentielle visiter des start-ups innovantes, nous à MdP on travaille déjà avec elles. Les politiques et les médias ne veulent pas vraiment nous ouvrir la porte alors que finalement l’avenir et la politique sont peut-être plus du côté des petits mouvements que des grandes machines partisanes.

2017 sera le moment de la décomposition des anciens modèles partisans

RT France : Votre formation politique le Mouvement des progressistes est avant tout une formation issue de la société civile, à l’inverse des politiques professionnels. Ce genre de mouvement a pu connaître un grand succès dans d’autres pays européens. Pensez-vous que cela pourrait être le cas en France?

S. N. : Je ne pense pas que l’on puisse faire des comparaisons entre des pays qui ont chacun des spécificités dans leur fonctionnement électoral, politique et institutionnel. Néanmoins, je ne suis pas sûr qu’on n’ait déjà en France cette maturité d’utiliser les nouvelles technologies, ni le numérique en terme de consultation et de prise de décision collectives. Je ne suis pas sûr non plus que le personnel politique professionnel, qui a fait ses apprentissages il y a bien longtemps, en soit capable également. Cela me semble difficile pour les échéances de 2017 que des mouvements citoyens puissent réellement prendre une place forte. J’ai l’impression que 2017 sera le moment de la décomposition des anciens modèles partisans. La recomposition et les nouvelles formes de politique prendront plus de temps que dans d’autres pays. Mais si on manque encore de maturité là-dessus, il faut se battre dès à présent pour défendre la voix citoyenne, lui permettre d’être plus entendue et plus présente dans le paysage politique. Cela n’enlève pas qu’il faut aussi des professionnels de la politique. En théorie, l’un n’exclut pas l’autre, sauf qu’en ce moment l’un exclut l’autre. Ce qui est dommage aujourd’hui, c’est que de nombreux candidats sont loin des réalités et du quotidien concret des Français.

Un article publié le 9 décembre sur RT.Com

bird9-12

Partager l'article
sur les réseaux sociaux

Facebook
Twitter
WhatsApp
Telegram
LinkedIn

Commentaires

Plus
d'actualités