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Christel PRADO, Présidente de l’UNAPEI

UNAPEI

La citoyenneté avant tout !

Selon l’enquête Insee Handicap, Incapacités, Dépendance (HID), dont les données datent de 1998-1999 et publiée en 2003, 11 840 208 individus en France – soit 26,4 % de la population – souffrent d’une incapacité, d’une limitation d’activité ou d’un handicap.

Au regard du volume de personnes concernées (une personne sur quatre) et afin d’honorer les engagements pris par notre pays en ratifiant, en 2010, la Convention internationale des droits des personnes handicapées, une simple analyse des dispositifs en faveur des personnes handicapées et une approche catégorielle ne permettraient de répondre que partiellement au défi que pose la situation des personnes handicapées à notre société. La mobilisation de la puissance publique, du monde du travail et du monde associatif en faveur des personnes handicapées doit être aussi rejointe par les citoyens eux-mêmes. C’est ainsi que nous pourrons passer d’une société ségrégative et intégrative à une la société inclusive, une société dont les lois sont de conception universelle et dont les dispositifs catégoriels ne seraient que mineurs mais à la hauteur des besoins des personnes concernées.

Le don de soi est le seul don qui rapporte à celui qui donne comme à celui qui reçoit. Il en va de même d’une société qui délibérément s’engage à devenir accueillante et accompagnante. Ce don n’est possible qu’en acceptant le postulat que l’ensemble des individus qui font société sont interdépendants et ont besoin des autres tout au long de leur vie. Ce don est une posture, pas un bien marchand. Nulle spéculation ne l’anime. Seule la conviction que le bien vivre ensemble est la clef d’une société où le bonheur et la dignité de tous les siens sont un objectif collectif. Ce vivre ensemble est aussi organisé par la République française définie comme sociale et solidaire. La solidarité organisée participe du don collectif librement consenti.

Après la seconde guerre mondiale, la France a pu s’engager dans un nouveau contrat social : celui de la création et du développement de la Sécurité sociale et de la protection sociale. L’esprit de cette période, emblématique d’un projet politique qui se donne l’ambition de garantir la protection de chacun, peut se résumer par la phrase rendant hommage aux vingt ans du rapport de Joseph Wrésinski : « Considérer les progrès de la société à l’aune de la qualité de vie du plus démuni et du plus exclu est la dignité d’une nation fondée sur les Droits de l’Homme. »

Ce modèle est aujourd’hui mis à l’épreuve par une crise économique, financière, sociale et environnementale de grande ampleur. Une mise à l’épreuve qui nous amène collectivement à trouver des réponses à cette crise tout en repensant les modalités de mise en oeuvre des politiques publiques pour les engager dans une dynamique plus large pour répondre aux besoins réels des personnes.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées est emblématique de ce modèle, et cela pour deux aspects essentiels. Elle reconnaît la responsabilité de l’environnement et du cadre de vie de la personne dans la production du handicap. Elle s’inspire de la logique de protection sociale pour aborder celle de la compensation, que ce soit par le biais de prestations monétaires ou de services ou par celui de la mise en oeuvre de l’accessibilité à tout pour tous.
Cette loi nous conduit à nous interroger sur la façon dont notre conception de la protection sociale doit aujourd’hui sortir d’une logique de dispositifs juxtaposés pour faire politique, une politique fondatrice d’un nouveau contrat social, basée sur une société inclusive, dont les clauses seraient enrichies d’autant de différences dont notre société est constituée.Après avoir conquis sa liberté, construit l’égalité des droits, comment notre pays peut-il tisser une fraternité laïque et républicaine, consécration du lien indéfectible entre tous ses acteurs quelles que soient leur condition et la forme de leur contribution au vivre ensemble ?Autrement dit, comment, à travers l’exemple des personnes en situation de handicap, notre société peut-elle être inclusive en s’appuyant sur l’accueil et l’accompagnement ? Comment mettre en lumière l’interdépendance de tous les citoyens pour mieux valoriser les responsabilités individuelles, et contribuer ainsi à la concorde nationale ?

L’Unapei souhaiterait que ces questions soient au cœur des débats des prochaines échéances électorales nationales. Gageons que les candidats comprendront que cette concorde est le socle d’un nouveau souffle pour notre pays.

Christel PRADO

 

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Commentaires

4 réponses

  1. Bonjour Madame, je voulais que vous entendiez ma colère, une amie qui est atteinte de MV (Maladie de Verneuil) n’est pas reconnue par la SS donc pas de prise en charge à 100%. On donne tout aux migrants, je suis bénévole Samu Social, Croux Rouge, etc…je suis d’accord pour aider, dans la mesure où qqu’un qui a cotisé avant son handicap soit reconnue, aidée, elle est jeune battante, marche avec une canne, pas d’aide ménagère, sinon à ses frais, etc, etc…nous sommes dans un système honteux, certains départements prennent en charge MV (très peu) pourquoi discrimination du CG ??? Je voudrai qu’on m’explique…après je verrai mon investissement de bénévole aussi Alzheimer « grande cause nationale » de l’ancienne mandature, je n’ai rien vu venir pdt son quinquennat ??? Merci de me lire. Courage à vous aussi Madame !

  2. Je participe à la journée du 17 octobre à l’initiative du père Joseph Wrezinski ! Que fait-on pour MV ??? Pas reconnue à 100%

  3. Il est inutile de demander aux citoyens d’agir en direction des personnes en situation de handicap. Ils le font bien surtout les proches des personnes qui souffrent. Je ne vais pas prendre tout un temps pour témoigner sur des faits graves. J’invite tout le monde qui a encore un peu de sensibilité à lire ce qui est exposé dans le blog : http://www.cvj.over-blog.com.

    J’accuse toutes les acteurs institutionnels de la ville d’Aix-en-Provence et de Marseille d’avoir détruite une citoyenne innocente, ma compagne Nathale. Elle n’avait que 43 ans, morte le 31 janvier 2014 par ‘défaillance respiratoire due au surcharge médicamenteux » comme il a été étable dans le certificat médical du 03/02/2014 par le service de la médecine légale.

    Nathalie a subi des formes de maltraitance psychiatrique, sociale et judiciaire les plus cruelles dans un pays qui se dit de « droit de l’Homme ».
    J’accuse toutes les associations et les services concernés qui n’avaient rien fait, alors que des rapports d’évaluation sur son état de santé leur ont été communiqués avant le drame. Pire, ils l’ont poussé à la mort.

    Les deux derniers rapports ont été communiqué le 07 octobre 2013 et le 28 décembre 2013, juste quelque semaine avant sa destruction totale.

    Nathalie a été broyée et réduite en miette, coupable d’être en « dépression », coupable d’être pauvre, et coupable d’être innocente.
    Cette synergie institutionnelle (préfecture – justice – affaires sociales – psychiatrie), «normale», tranquille, dépourvue d’un contre-pouvoir digne de ce nom, d’une Inspection Générale ou de tout autre système de contrôle, a permis et provoqué de longues années de souffrance; elle a entraîné la mort de Nathalie le 31 janvier 2014.

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