Déchéance de nationalité : Interpellation de Robert Hue

robert-hue-futur-ministre_808540_460x306Je pensais que la sagesse devait me conduire à m’exprimer sur la déchéance de nationalité au lendemain de l’expression du Président de la République du 31 décembre. Mais la publication, ce jour, d’un sondage tendant à prouver que près de 9 Français sur 10 seraient favorables à inscrire la déchéance de nationalité dans la révision constitutionnelle me conduit maintenant à dire combien un tel choix m’apparait non seulement inefficace mais aussi contraire au principe universel d’égalité des citoyens quelle que soit leur origine.

Inefficace : sans aucun doute, vis-à-vis d’une poignée de terroristes qui, a contrario, exulteront à l’idée que leurs actes abjectes les conduiront à être déchus d’une nationalité qu’ils exècrent fanatiquement au plus haut point.

Mais plus grave : le symbole de cette inscription dans le marbre ne risque t-il pas de meurtrir dans leur chair légion de nos compatriotes binationaux pour qui appartenir à la France par ce droit du sol issu des Lumières est leur honneur ?

La force de notre République est précisément son unité et son indivisibilité : toucher à ces principes serait le pire des symboles, celui de déposer les armes républicaines aux pieds des forces régressives.

Sous l’orage que traverse notre République, rien ne doit être fait, un tant soit peu, qui divise notre peuple. Certains nous disent qu’il conviendrait de se plier à l’opinion majoritaire des Français que « révèlent » des sondages favorables à l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. On trouverait à peu près une même majorité pour le rétablissement de la peine de mort à l’encontre des terroristes. Cela signifie t-il qu’il faudrait adopter une telle mesure ? A l’évidence, non !

C’est précisément dans ces moments que le courage doit l’emporter de ne pas céder à l’humeur du moment, fut-elle, ô combien, compréhensible.

Faut-il rappeler, par exemple, que François Mitterrand et Robert Badinter &ont décidé d’abolir la peine de mort alors que l’opinion était largement majoritaire à son maintien ?

La question dont nous débattons aujourd’hui touche trop à des principes fondamentaux de la République pour laisser la moindre place à je ne sais quel calcul politicien ou préoccupation à court terme.

La célérité des mesures à prendre ne peut s’accommoder ni de la précipitation, ni de je ne sais quel argument d’autorité.

C’est pourquoi, je me suis gardé de réagir sur le sujet quand d’aucuns ont commencé – bardés d’arrières pensées – à se livrer de nouveau à je ne sais quel « Hollande bashing » …

Aujourd’hui, il n’est pas trop tard pour rassembler les Français et leurs représentants sur un texte constitutionnel adapté et qui garde toutes leurs forces aux principes de la République.

Trouver un tel compromis positif renforcerait notre loi fondamentale face au terrorisme et répondrait à la situation exceptionnelle et à l’esprit du congrès tenu le 16 novembre dernier à Versailles.

Une fois de plus, il faut montrer que, dans notre France démocratique, assurer la sécurité des Français n’est pas antinomique du respect des libertés et des principes fondamentaux de notre République.

Puissante et urgente interpellation !

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Article paru le 31 décembre 2015 dans Le Parisien – Eric Hacquemand

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Commentaires

6 réponses

    1. Excellente interpellation ! Mais notre rapide critique de cette « déchéance des binationaux »(?) n’a rien d’un « Hollande bashing » c’est de la prudence pour l’avenir !

      1. je pense qu il est fondamental de respecter le berceau où l on a vécu, et quand le comportement de toute une génération arrive à tuer, assassiner comme cela a été fait à Paris comme dans d autres pays c est impardonnable. La plupart des responsables de ces actes horribles se sont fait sauter, mais les cerveaux doivent être punis, condamnés pour avoir influencé une jeunesse égarée, déchéance où non, il faut trouver une solution afin de préserver notre république.

    2. personnellement je suis contre cette décision car cela n’a aucune action auprès de ces individus

  1. Bien-sûr c’est un plaidoyer qui révèle une certaine pensée communiste bravo Robert Hue.
    Moi je Suis communiste et je pense qu’il faut agir
    Comme les communistes résistants face aux nazis il faut agir contre ces néonazis
    Si on agit pas d’une manière ou d’une autre on va rester les cibles faciles.
    Ces terroristes sont contre les valeurs de liberté, contre les droits de l’homme, contre les démocraties, contre le progrès de l’humanité. Ils ne cachent pas leurs buts de destruction du monde tel qu’il est aujourd’hui pour en faire une théocratie religieuse primitive, archaïque sans aucune fraternité. Le monde entier en est le témoin conscient, même les monarchies musulmanes même les républiques islamiques même les plus pacifiques considèrent il est urgent d’agir. Il ne s’agit plus d’être pour ou contre la peine de mort… Et ce n’est ni un sage ni un ministre ni un président ni une population progressiste qui donne le ton. Aujourd’hui se sont les terroristes qui nous obligent à rentrer en lutte.
    Oui les francais attendent des mesures efficaces pour continuer à vivre librement. Ce n’est peut être pas suffisant comme mesure, ok mais ces terroristes utilisent nos libertés contre nous pourquoi continuer à les considérer francais ?
    La déchéance de nationnalité ne s’adresse qu’à des gens qui ne se sentent pas francais, qui haïssent la republique et ses valeurs au point de semer la mort et la terreur dans notre pays.

    Ne brandir que nos valeurs et nos convictions mêmes si elles sont justes et légitimes cela n’arrêtera pas les balles et les bombes.

  2. “Je soutient pleinement le refus de la déchéance de la nationalité Française des binationaux qui au-delà d’un texte qui prétend ancrer dans le marbre constitutionnel une mesure fut-elle compréhensible demeure néanmoins inégalitaire, violant les fondamentaux de l’histoire collective de la République, renforçant de fait les démons extrémistes pis qui ne résout point ce qu’elle prétend vouloir réparer. D’un trait, un criminel reste un criminel quel que soit sa nationalité. En définitif, c’est un très mauvais signe adressé à nos concitoyen-n-e-s binationaux parfaitement intégrés, vivant harmonieusement leur double culture avec la fierté de porter haut la France”

    Paul Martin

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