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Pour une politique de défense européenne fondée sur la diplomatie et le dialogue

Le MdP a engagé une réflexion sur la base du programme que nous avons ratifié dans le cadre du pôle écolo. Il s’agit d’ancrer notre politique de défense dans le cadre européen. Pour cela un renforcement de la diplomatie européenne est nécessaire pour créer un dialogue stratégique, préalable à une défense commune.

Une menace multiforme.

            La question n’est plus de savoir si la désinhibition des comportements bellicistes d’états autoritaires et impérialistes va avoir lieu. C’est en cours aux portes de l’Europe : l’Ukraine, la mer noire et la méditerranée orientale constituent des risques de confrontation directe avec la Russie. Quelle serait notre attitude collective par exemple en cas d’invasion d’un pays balte membre de l’union ? De même, les tentatives de déstabilisation de pays, tels la Libye ou la Centrafrique, constituent une stratégie hybride avec l’envoi de mercenaires et de milices privées.

Dans l’océan indien, c’est la Chine qui tente de contrôler les voies maritimes dans les eaux internationales permettant le commerce, mais également de conquérir des îles dans le Pacifique oriental pour constituer des bases. A ces tensions régionales, s’ajoute la menace terroriste, toujours prégnante en Europe.

Une cohésion occidentale fragile.

            Avec 1035 milliards de dollars pour leurs armées, les pays de l’OTAN sont toujours néanmoins à la remorque des Etats-Unis. Cette somme représente cependant plus de la moitié des dépenses mondiales en 2021. Les guerres menées en Syrie, Irak, Afghanistan par l’armée américaine n’ont pas permis de rétablir la souveraineté des peuples, ni l’état de droit dans le cadre des conventions internationales. Outre le fait que ces pays sont désormais exsangues, ces conflits ont permis aux USA de réduire en parallèle leur volonté diplomatique d’intervenir en Europe ainsi que leur capacité d’intervention. Avec TRUMP, le « parapluie » américain a vécu avec l’injonction de porter à 2% du PIB le budget des armées. Il n’est pas certain que le nouveau président change de paradigme.

Une nécessaire ré-orientation politique de la gouvernance et de l’action de l’armée.

            La France, 7eme puissance militaire mondiale, consacre un budget de 39,2 milliards d’euros en 2021 dans le cadre d’une loi de programmation (2019-2025), avec un effectif de plus de 268 000 personnes dépendant du ministère. On approche donc des 2% du PIB (soit 41 milliards). A cela s’ajoute l’autorisation d’engagement de commandes (nouveaux matériels) pour 44,7 milliards. Les forces armées se sont professionnalisées depuis la suspension du service national (1979) et renforcées par la reconstitution des effectifs depuis le livre blanc de la défense (2013) remis à François Hollande dont le but était de dégraisser les effectifs. Il est donc temps de changer de doctrine pour ancrer notre politique de défense dans le cadre d’un renforcement des capacités diplomatiques de l’Union européenne. Nous proposons ainsi que toute intervention extérieure devra être soumise à l’approbation préalable du Parlement européen réuni en session exceptionnelle.

            L’opération Barkhane devra ainsi prendre fin dans les 6 mois suivant l’élection présidentielle, au profit de la MINUSMA. L’ingérence économique (cimentier Lafarge pourvoyeur de fonds à Daech par exemple) et la prédation des grands groupes industriels où l’Etat est présent (Total, Bolloré international…) ainsi que la politique néo-coloniale (Togo, Congo-Brazzaville, Cameroun, Gabon..) qui perdurent doivent s’effacer au profit d’une véritable coopération décentralisée. Le rapatriement des troupes pourrait être l’occasion d’une remise à niveau opérationnelle et d’un renforcement de l’opération sentinelle sur notre sol.

Les ventes d’armes, un cancer qui ronge la crédibilité politique européenne.

            Outre le fait que les entreprises de défense concernent 200 000 emplois, il convient de prendre conscience que les ventes d’armes contribuent à l’équipement très onéreux de nos armées dans le cadre du budget. C’est donc grâce à la mutualisation des équipements qu’une Europe de la défense devrait se construire. Au contraire, une concurrence commerciale à outrance se déroule, ce qu’illustrent les scandales à répétitions des rétro-commission pour arracher des marchés.

La vente d’armes à l’Arabie saoudite interfère directement sur le conflit au Yémen, ce qu’a dénoncé notre député Sébastien Nadot au Parlement. Qu’en sera-t-il avec l’Egypte  si une guerre de l’eau oppose ce pays à l’Ethiopie ou au Soudan ? Nous mettrons fin à l’exportation d’armes vers des pays tiers qui ne respectent pas les droits fondamentaux ainsi qu’à la coopération militaire. Une commission parlementaire, avec droit de veto, devra désormais contrôler les exportations.

Une Europe de la paix qui œuvre pour le désarmement nucléaire :  la dissuasion, une illusion ?

            Depuis 1960, avec l’essai « gerboise bleue » à Reggane, quelques 210 essais nucléaires ont eu lieu à notre initiative en Algérie puis sur les atolls de Polynésie, avec le paroxysme de la bombe H Canopus (1968), 170 fois plus puissante que celle larguée sur Hiroshima.

Nous proposons de négocier sous l’égide de l’ONU en vue de la signature du traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). La France soutiendra ce processus en se constituant état observateur dès 2022. Notre pays se conformera à ses obligations sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, en mettant en œuvre les mesures pour le désarmement auxquelles elle s’est engagée en 2010. Un processus de réparation des dommages sanitaires engendrés par les essais sera engagé dès 2022, les atteintes à l’environnement étant irrémédiables.

             Le multilatéralisme cohérent dans les décisions diplomatiques, la création d’un commandement militaire européen, l’inter-opérabilité des matériels, sont les conditions de l’abandon unilatéral de l’arme nucléaire. L’objectif est de s’émanciper des autres grandes puissances et de peser sur les coopérations internationales pour un monde de paix.

Jean COUTHURES, Membre du bureau national du MDP, en charge du projet

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Commentaires

Une réponse

  1. l’armée reste une variante d’opium du peuple ( avec en point d’orgue un défilé du 14 juillet quasi nord-coréen ), les généraux en retraite tirent dans tous les sens et ont table ouverte sur les chaines d’infos pendant que les lobbys de l’industrie des armes manoeuvrent dans les couloirs des ministères … Comme pour l’écologie, les états devront forcément s’y mettre mais comme pour l’écologie les freins sont puissants.

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