À l’appel de l’ensemble des syndicats, les cheminots ont amorcé début avril un mouvement de grève qui devrait s’étaler sur plusieurs mois. En mettant en avant une dette exponentielle et le défi de l’ouverture à la concurrence, le gouvernement qualifie ainsi sa démarche de réforme comme indispensable… Un argumentaire qui, sur certains points, nous rappelle celui d’Alain Juppé en 1995.
Une concertation « en trompe-l’oeil », un « dialogue de sourds », les syndicats ne mâchent pas leurs mots… Comme en 1995, unanimement ils dénoncent l’absence de dialogue avec les décideurs politiques alors que se joue l’avenir de notre modèle ferroviaire…. 23 ans plus tard, l’histoire semble donc se répéter, avec des organisations syndicales bien décidées (et à juste titre) à peser dans un débat au début déjà bien chaotique !!!
Vivons nous alors un bégaiement de l’histoire, comme aime à le dire certains observateurs ? Un raccourci bien facile à prendre qui cache une autre vérité, celle de l’immobilisme étatique depuis des décennies. En effet, les sujets de fond ont été pendant de trop longues années mis en sommeil et ce n’est que par l’entremise du rapport Spinetta et de la mise en lumière de la dette abyssale de RFF qu’aujourd’hui le débat est posé car il y a urgence (dette générée, rappelons le, par les orientations des divers gouvernements de ces 30 dernières années).
Changement de structure juridique pour la SNCF, extinction progressive du statut de cheminots pour préparer l’entreprise à l’ouverture à la concurrence…deux items aujourd’hui au cœur d’un débat dont le tempo est imposé par le gouvernement.
Si la réforme du service public ferroviaire est entendable, dans un contexte économique mondialisée, celle-ci ne pourra se faire et réussir que dans la concertation, dans l’écoute des parties en présence et dans le respect affirmé des valeurs sociales loin de tout ancrage libéral.
Face à cette réalité, les progressistes souhaitent que le gouvernement revoit dès à présent son calendrier de mise en application de la réforme afin de relancer efficacement la concertation. In fine, nous demandons que la Loi soit débattue, démocratiquement, à l’Assemblée nationale et non actée par ordonnances.
D’enjeu nationale, la future réforme ne doit pas passer au » forceps » !
Nous avons l’exigence d’un débat apaisé, éloigné de toute instrumentalisation, loin de tout enfermement dogmatique qui tend à voir dans cette lutte une expression du pour ou contre la politique d’Emmanuel Macron. Le devenir du service public du rail mérite assurément mieux qu’un débat d’égo voulu par quelques mouvements politiques déçus par les résultats des élections de 2017.
Laurent LANYI, membre du Comité national du MdP
2 réponses
Je pense que le problème vient de la la « CONCERTATION » ! Le gouvernement avec ses communicants cyniques a beau jeu d’expliquer qu’ils font énormément de concertation aujourd’hui sur la SNCF comme il l’avaient fait sur la loi travail.
Il y a concertation car ils tiennent de nombreuses réunions où ils expliquent leur projet, et des réunions où ils écoutent les positions et idées des partenaires sociaux, mais rien de cela ou presque ne vient modifier le projet ! Le gouvernement nous explique que c’est une façon tellement innovante de faire de la politique. Poudre aux yeux d’un marketing efficace.
Nous ne voulons plus de CONCERTATION mais de la NEGOCIATION, c’est à dire des séances où l’objectif est de trouver des compromis, d’amender le texte pour l’améliorer.
La question n’est pas pour ou contre M.Macron !
La question c’est le salaire à vie des cheminots,un avancement automatique, un statut qui est une alternative au marché du travail capitaliste.
La question n’est pas pour ou contre M.Macron !
La question c’est la péréquation tarifaire, cotiser selon ses moyens, recevoir selon ses besoins, l’égalité de traitement, la continuité du service ou la concurrence ?
Après,chacun doit assumer ses choix de vote …