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Un Mouvement des Progressistes pour tenter de combler le vide sidéral de l’écologie politique, il y a urgence !

Motion d’orientation adoptée le samedi 8 octobre à Paris lors du Congrès national du Mouvement des Progressistes

Notre mouvement, le Mouvement des Progressistes

Il peut être utile de rappeler brièvement les considérations qui ont conduit certains d’entre nous à adhérer au Mouvement Unitaire Progressiste, le MUP, dès sa création en 2009. Tout est parti d’un constat initial, celui d’une fragilité des partis de gauche dits de gouvernement. Nous constations déjà une gouvernance pyramidale et une forte endogamie, distribution des postes sans lien soit avec la compétence des individus soit avec les besoins des territoires.

En externe, la difficulté à intégrer la « société civile », syndicats ou experts scientifiques, n’a pas aidé non plus à formuler des propositions novatrices et chiffrées pour un programme attractif. Cette situation de décalage avec la réalité sociale a été analysée par Robert HUE, notre Président fondateur, dans son livre « les partis vont mourir…et ils ne le savent pas. ». Mais ce constat n’était pas suffisant pour qu’une « refondation » émerge, sur les traces d’Enrico BERLINGUER en Italie, dans la perspective d’un dépassement du capitalisme comme l’indique notre Charte des progressistes.

La mutation du Mouvement Unitaire Progressiste (MUP) en Mouvement des Progressistes (MDP) n’a pas renié les bases militantes de celles et ceux qui venaient d’autres formations politiques, PCF, PS, PRG ou Verts. Désormais, nous devons redoubler d’efforts pour parvenir à la parité et accueillir davantage de jeunes. Le caractère vivant du mouvement est attesté par de nouveaux adhérents issus de toutes les régions. Cela ne suffit pas encore pour valoriser pleinement notre engagement mais le moment propice nous semble venu face au choix néo-libéraux d’Emmanuel MACRON et au contexte de crise globale (pandémie de coronavirus, effets du climat, guerre en Ukraine, révolution en Iran…). Un ensemble de thématiques doivent ainsi être analysées par le MDP, sans peur des clivages à surmonter. La lutte contre les discriminations, contre toutes les formes de racisme, dont la LGBTQI phobie, en font bien entendu partie. Il est grand temps de fédérer toutes celles et ceux qui souhaitent voir s’exprimer enfin une écologie politique : républicaine, laïque, égalitaire, fraternelle, populaire, solidaire, inclusive, en un mot : sociale !

Urgence écologique, climatique…urgence sociale !

Alors que la misère et la pauvreté ne font que s’amplifier partout sur la planète, que des guerres font rage, chacun admet aujourd’hui que le dépassement de toutes les limites de la Terre est désormais avéré.

Notre pays a subi cet été les effets dévastateurs d’un changement climatique (canicule, sécheresse, incendies majeurs, orages,  inondations…) dont notre société productiviste est largement responsable, les climatologues ne cessent de prédire une plus grande fréquence et une plus grande intensité des phénomènes subis. Aucune région n’est épargnée et chacun a pu constater les carences de l’Etat dans le domaine des secours et de l’aide aux populations victimes. L’hôpital public n’a pas toujours pu accueillir les patients aux urgences ni répondre aux besoins réciproques d’un département à l’autre, les pompiers et la Sécurité civile ont conjugué la pénurie en matériels (canadairs, véhicules) et le manque de personnels a été et est toujours criant. Les paysages, la biodiversité, notre environnement dans son ensemble sont atteints durablement et peut-être de façon définitive pour les zones sensibles.

En résumé, l’urgence écologique, l’urgence sociale sont là ! Elles sont désormais des composantes tangibles dont l’empreinte doit marquer toutes les politiques publiques au travers d’une prise de conscience collective.

Dans ce contexte, et pour revenir sur les terribles incendies que notre pays a subis cet été, le démantèlement en cours de l’Office National des Forêts (ONF) illustre par exemple les dégâts de la politique néo-libérale développée depuis des années : des plantations sont réalisées sans cohérence alors qu’il faudrait des forêts mixtes dont la futaie serait entretenue, aucune réflexion n’est menée sur la résistance des espèces et la filière du bois n’est absolument pas maitrisée pour limiter les importations.

Ruralité, politique agricole et respect du vivant

Quant à la ruralité, une juste révision de la PAC pourrait donner l’occasion de rompre avec la logique libérale mortifère d’activités agro-industrielles qui nécessitent toujours plus d’intrants. L’occasion d’avancer ainsi dans la voie d’une agriculture paysanne respectueuse de notre terre, permettant aux agriculteurs de vivre dignement de leurs activités, assurant l’auto-suffisance alimentaire et une alimentation saine et bio accessibles à toutes et tous.

Cette nouvelle logique mettant le vivant au centre des préoccupations exige d’interdire sans tarder les pesticides dont la toxicité à très faibles doses est cumulable au cours du temps. Celle-ci a déjà été largement établie pour la santé des humains et des animaux (effets cancérigènes, repro-toxiques…). Le maintien de la vie dans les sols est à ce prix, de même que la qualité des eaux de surface dont la contamination est si difficile à traiter pour la rendre potable.

Ces observations se résument facilement : dans l’intérêt de toutes et tous, du vivant dans son ensemble, il faut cesser d’artificialiser les terres agricoles ! Il faut protéger les secteurs d’intérêt pour la biosphère ! Il faut développer les parcs régionaux, les aires de protection NATURA 2000 et ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique). Chaque aménagement doit faire l’objet d’une concertation démocratique avec les habitants et non les seuls élus. L’attribution d’une personnalité juridique à un fleuve ou une montagne pourrait permettre d’opposer en droit une destruction présentée comme incontournable pour le « développement » du territoire.

Renverser la logique libérale pour aller vers une société du bien-être

Dans le même temps, il nous faut affronter le mal être que notre société développe chez beaucoup. L’abondance n’existe pas partout et nombreux sont celles et ceux qui reçoivent mal les injonctions culpabilisantes et en totale décalage avec la réalité de leur quotidien développées par une caste de puissants vivant confortablement dans une bulle dorée.

Il nous faut renforcer les dispositifs de lutte contre la fracture sociale qui ne fait que s’amplifier et abandonne à un triste sort celles et ceux qui n’ont pas ou plus les moyens d’une vie digne et heureuse. Pour elles, pour eux, il nous faut réinventer le contrat social (salaire, retraite, accès aux soins et à l’éducation…).

Pour cela, il nous faut renverser la logique des politiques libérales successives qui assombrissent l’avenir de nos services publics :

  • Redonner tous les moyens nécessaires à notre système de santé, et en particulier à l’hôpital public, pour une répartition équitable entre les territoires.
  • Renforcer les moyens de l’Education nationale afin de permettre la réussite de toutes et tous.
  • Apaiser les quartiers par la présence d’éducateurs de rue et d’une police de proximité au contact et au service de tous les habitants,
  • Renforcer la formation profession et l’aide à l’emploi, lutter contre l’ubérisation et les temps partiels subis, redonner des perspectives d’emplois de qualité à la jeunesse !
  • Relancer une véritable politique du pleine emploi mettant en avant les talents de notre jeunesse.

Le MdP, un mouvement solidaire internationaliste

Chaque semaine, dès l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le MdP a participé aux rassemblements organisés en soutien au peuple ukrainien. Nous continuons aujourd’hui et sommes souvent la seule force politique présente. Notre soutien indéfectible aux Ukrainiennes et Ukrainiens ne nous fait pas oublier pour autant le soutien que nous apportons aux peuples syrien, afghan yéménite, cubain, oüighour, géorgien et tout récemment aux femmes iraniennes qui se sont courageusement soulevées contre la dictature islamique des mollahs de Téhéran et sont à l’origine du véritable soulèvement populaire que l’Iran vit aujourd’hui.

Face à une situation internationale devenue explosive et fort inquiétante, il serait plus qu’utile de renouveler une conférence des non-alignés dans l’esprit de la première qui s’est tenue en 1955 à Bandung en Indonésie autour des pays décolonisés du « tiers monde ». La logique hégémonique des blocs, USA et URSS, a été alors rejetée au profit d’une coexistence pacifique, opposée aux essais nucléaires, à l’impérialisme et l’apartheid. L’attraction gravitaire envers l’un de ces blocs n’a pourtant pas tardé à diviser les pays participants tandis que leurs dirigeants se muaient en dictateurs réprimant leur population (Nasser, Soekarno, Zhou Enlai…). Il n’empêche, cette utopie initiale est bien celle de la solidarité, avec sa toute petite voix pour 8 milliards d’habitants désormais…

Le MdP, un mouvement résolument ancré à gauche, fidèle à ses convictions et en perpétuelle mutation

Après notre exclusion en 2016 de la Primaire de la Gauche par le Premier secrétaire de l’époque du Parti socialiste, notre participation à la liste Urgence Ecologie à l’élection européenne de 2019 puis notre participation au pôle écolo ont indéniablement fait avancer notre mouvement.

Malgré les difficultés à apparaître convenablement dans la presse, à nous faire entendre de nos partenaires, nous n’avons jamais oublié notre fibre sociale, solidaire, inclusive et notre volonté première de construire un projet politique d’écologie populaire qui n’oublie personne et surtout pas celles et ceux à qui les politiques coupés du monde, et en total décalage, ne parlent plus ou peu.

Après l’indéniable échec du pôle écolo, et malgré les efforts que nous avons menés pour qu’il en soit tout autrement, nous sommes en droit de douter de la pertinence et de la sincérité des appels à une refondation d’Europe Ecologie Les Verts et de son ouverture sur les mouvements associatifs qui s’appuierait sur une prétendue « classe écologique ».

En effet, nous avons subi au sein du Pôle écolo l’incapacité flagrante, voire le refus délibéré, d’analyser les raisons de la paupérisation croissante de notre société, l’absence totale de volonté de parvenir à une position claire et commune sur la déshérence des services publics (Santé, Education, Formation, Justice, Sécurité…) partout sur le territoire, dans les villes comme dans les campagnes, leur gestion comptable calamiteuse et les mesures à proposer ensemble pour y remédier.

Cette absence de volonté d’attaquer les racines du mal a renforcé la défiance de la population envers la politique d’où l’abstention massive aux élections en dépit de l’éco-anxiété liée aux bouleversements du climat et de notre monde.

Dans le même temps, toujours avec constance, le Mouvement des Progressistes a participé à l’ensemble des mouvements sociaux et de solidarité existants. De nombreuses tribunes et expressions ont affirmé notre analyse politique et notre rejet des politiques gouvernementales actuelles.

Pour les élections législatives de 2022, sous la fausse apparence d’une nouvelle union dite « populaire », l’adhésion des principales formations de Gauche et des écologistes au programme de LFI a constitué une forfaiture sans précédent que chacun a pu constater : abandon du projet de construction d’une Europe fédérale, rejet de facto du développement de nouvelles solidarités : libre circulation des travailleurs avec des droits sociaux partagés, accueil des migrants et des réfugiés, politique étrangère et de défense commune.

A ces fondamentaux s’est ajoutée la rhétorique creuse de la NUPES dans les domaines de la production industrielle, de l’énergie, de l’agriculture. Plan A, plan B, planification, Frexit occultent la réalité complexe de la situation de notre pays en interne et les obligations que nous avons envers nos partenaires, fruits de longues négociations bilatérales puis d’accords rudement trouvés entre tous les membres.

L’union factice au sein de la NUPES a également fait l’impasse sur les autres enjeux majeurs de notre époque : l’impérialisme russe, la répression des minorités en Chine (Ouighours, Tibet, Hong Kong), les menaces nucléaires (Corée du Nord, Iran), enfin l’incapacité de la France à mener une coopération dans les domaines vitaux en Afrique (Santé, Education, Agronomie).

Au parlement, les vociférations de LFI et l’incapacité à faire des compromis, ou bien à proposer des amendements, à petits pas, par défaut, participe d’un jeu de rôle stérile. Cette situation fait aujourd’hui directement le jeu de l’extrême-droite en embuscade. Un blocage conduira à un probable abus du 49-3 par le gouvernement et peut-être même à une dissolution qui pourrait arriver rapidement.

Il y a un mois, d’anciens cadres du Parti socialiste, parmi lesquels son ancien Premier secrétaire national qui avait lui-même exclu le Mouvement des Progressistes de la Primaire en 2016, ont lancé un appel à reconstruction d’un Parti social-démocrate. Si la démarche est digne d’intérêt puisqu’elle porte en elle l’espoir d’un renouveau, là encore, comme nous l’avons écrit dans une tribune co-signée avec des partenaires, affichons pour notre part la voie qui est la nôtre, celle d’un large rassemblement des forces écologistes, progressistes, de gauche, du centre, de l’ensemble des bonnes volontés qui souhaitent faire avancer notre société.

Pendant ce temps, le Président de la République, chantre de l’inaction climatique, découvre l’ampleur du désastre pourtant annoncé et vante la sobriété de la consommation énergétique. Une adresse à toutes celles et ceux qui ne peuvent se chauffer l’hiver faute de moyens ou bien encore un appel à la modération des ambitions salariales pour les plus de dix millions de Français qui vivent déjà sous le seuil de pauvreté ? Des droits sociaux encore réduits au profit de l’horizon chimérique du « plein emploi » dans un contexte d’ubérisation planifiée de concurrence libre et non faussée ?

Aujourd’hui, la gravité de la situation l’exige, il faut sans relâche tout faire pour ne pas conforter le populisme et laisser croître la haine et la xénophobie sur le tas de fumier de l’extrême-droite, ultra libérale et anti-européenne !

Et toujours dans le même temps, certains écolos ont semble-t-il trouvé la parade universelle à tous nos maux : la décroissance ! Si cette démarche reste valide pour débattre de la préservation des ressources et quantifier les flux à l’échelle planétaire à travers des comparaisons dans un débat de spécialistes, elle nous apparait aussi peu crédible que l’appel à la fin de « l’abondance et de l’insouciance » récemment annoncée par le Président MACRON !

Au regard de la très grande pauvreté dans beaucoup de contrées, un peu de décence s’impose à nous. Faut-il le rappeler, beaucoup de nos concitoyens mangent mal, se chauffent peu l’Hiver, étouffent durant l’été, en clair vivent mal et consomment peu ! Dire qu’il faut économiser l’eau dans la corne de l’Afrique ou limiter sa consommation de denrées alimentaires à une famille dont la survie ne tient qu’à quelques roupies attestent d’un ethno-centrisme et au mieux d’une méconnaissance des réalités sur le terrain.

En conclusion…et pour l’avenir

Dès lors face à un tel contexte, il convient d’œuvrer pour un dépassement assumé du modèle capitaliste, en remettant l’Etat au cœur du processus décisionnel aussi bien économique qu’écologique. Nous portons l’exigence d’un Etat acteur de son environnement et non pas d’un Etat spectateur face aux réalités qui s’imposent !

Le devoir de l’état c’est d’abord de nourrir son peuple (et non de s’en remettre à des organisations caritatives type « restos du cœur » qui ont été créées pour répondre à une urgence mais qui n’avaient pas vocation à perdurer (dixit Coluche lui-même). C’est aussi de permettre l’accès au logement , à la santé, à l’éducation, tout cela dans un environnement serein et sécurisé (forces de l’ordre, pompiers…etc).

Fixer le cadre politique et économique, voilà notre exigence vis-à-vis de l’Etat. Osons croire en cette perspective, ensemble, collectivement et collégialement et soyons alors à l’initiative d’une nouvelle voie, soyons les moteurs d’un nouvel espoir !

Oeuvrons ensemble pour l’émergence d’une écologie politique, sociale, solidaire et inclusive qui apporte enfin des réponses concrètes aux difficultés des populations et aux enjeux de l’urgence écologique.

Travaillons ainsi sur le terrain avec audace, fiers de nos valeurs, à la construction d’un nouveau rassemblement alternatif fait d’intelligences politiques et sans volontés hégémoniques, porteur d’avancées progressistes, de justice sociale pour toutes et tous et apte à relever les défis pour la planète.

Paris, le 8 octobre 2022

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Commentaires

Une réponse

  1. le rôle de l’état, les besoins vitaux… je ne peut qu’être d’accord avec ce texte.
    J’apporte un petit bémol sur ce point : « un dépassement assumé du modèle capitaliste ». En fait je ne sais pas ce qu’est ce modèle capitaliste, ni ce que vous définissez comme le capitalisme. Si il s’agit de dénoncer le néolibéralisme, qui porte l’idée que toute intervention des états est forcément contre productive, alors je suis entièrement d’accord avec vous.
    S’il il s’agit de revenir à une économie étatisée, interdisant la propriété privée, j’ai plus de mal.
    Pour moi vous définissez des tactiques pour arriver à un but, mais lequel ?
    Une terre viable pour les humains ? une terre viable pour les humains et l’ensemble du vivant ? mais qu’est-ce que veut dire Viable ?
    C’est imaginer ce à quoi ressembleront nos vies dans une société nouvelle où le vivant, les animaux, les végétaux aient des droits, le droit de ne pas être exterminé, réduit à quelques cages dans des zoos… et d’étendre ces droits à nos paysages, nos montagnes, nos rivières.
    Il va nous falloir écrire la charte universelle des droits du vivant et des espaces qui le compose, puis trouver des motivations à nos vies d’humains, dans un système respectueux de ces droits du vivant. Nous devrons abandonner notre Ubris, apprendre à apprécier la beauté du monde, à jouir sans nuire, et pour cela valoriser nos façons d’appréhender le réel, la beauté de ce qui est, apprendre la poésie, l’art, le Kamasutra pourquoi pas…

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